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En images OM, la Vie Claire, Vitrolles, Phocéa... Bernard Tapie et le sport en 10 photos

Bernard Tapie est décédé le 3 octobre 2021 à l'âge de 78 ans, la fin d'une vie dont le sport aura été un des moteurs. 

Article rédigé par Loris Belin, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Bernard Tapie, alors président de l'Olympique de Marseille, le 21 mai 1989 au Stade Vélodrome (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Bernard Tapie s'est éteint à l'âge de 78 ans, dimanche 3 octobre 2021. Ce personnage passionné, clivant, dont le souvenir aura marqué, en bien ou en mal, le sport français et le sport tricolore. Avec le décès de l'ancien homme d'affaires et politique, c'est un monument du sport français qui s'en va et laisse derrière lui une vie riche parmi les nombreuses qu'il a pu connaître. Retour sur ce lien entre "Nanard" et le sport en dix images.

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Tapie et Hinault en tandem : l'acte de naissance de La Vie Claire

Bernard Tapie sur un tandem avec Bernard Hinault le 7 octobre 1983 à Yffiniac, la ville du Blaireau (AFP)

Homme d'affaires à succès, nouvelle star de la société française... Avec le pouvoir et l'argent, Bernard Tapie peut s'adonner à une de ses grandes passions : le sport. Fin septembre 1983, il monte de toute pièce la formation cycliste La Vie Claire, du nom de la chaîne d'alimentation biologique qu'il détient. Le projet est simple : aligner les millions et faire briller Bernard Hinault, parti fâché de chez Renault-Gitane. Le coup médiatique est énorme, sportivement il n'est pas sans risque avec les pleins pouvoirs donnés à un coureur ô combien talentueux (quadruple vainqueur du Tour) mais qui arrive blessé.

1985, le doublé Tour - Giro et le retour du Blaireau

Bernard Hinault et son épouse (à gauche et au centre) célèbrent la victoire de Hinault sur le Tour de France 1985 avec Bernard Tapie, directeur de la formation La Vie Claire (STEVENS FREDERIC/SIPA / SIPA)

Hinault a effectué un retour satisfaisant, terminant deuxième du Tour de France 1984 derrière son ancien équipier Laurent Fignon. Mais il peine à redevenir le champion assoiffé de victoires qu'il était à son firmament. Celui-ci reprend vie au Chrono des nations, sur lequel il écrase la concurrence et prend sa revanche notamment sur Fignon. La machine est relancée, et plus rien ne résiste à Hinault, vainqueur du Tour de France et du Tour d'Italie 1985, respectivement son 5e et son 3e. Mais le Breton le sait bien, il n'est plus seul à la Vie Claire.

LeMond arrive, le dernier coup d'éclat de Tapie dans le peloton

Bernard Hinault, Bernard Tapie et Greg LeMond (de gauche à droite), l'histoire express de la Vie Claire dans le peloton (AFP)

Bernard Tapie veut à tout prix supplanter Cyrille Guimard et Renault-Gitane. Alors en 1985, il se paie un de ses meilleurs adversaires, l'Américain Greg LeMond contre un salaire substantiel à l'époque. Lieutenant pendant un an, LeMond prend le pouvoir en 1986 avec Hinault devenu de gré et (un peu) de force cette fois adjoint de luxe. Au sommet de l'Alpe d'Huez, les deux coureurs éreintent leurs adversaires et finissent main dans la main : Hinault gagne l'étape, LeMond assoit son maillot jaune. Le cadet remporte le Tour, Hinault termine deuxième. Le plan de Tapie a fonctionné à merveille. Mais une succession de malchances et surtout une occasion en or le détourne au fur et à mesure du cyclisme.

Tapie reprend l'OM, le début d'un feuilleton historique pour le foot français

Le maire de Marseille Gaston Defferre entouré des deux nouveaux hommes forts de l'Olympique de Marseille en 1986 : Michel Hidalgo, directeur sportif à gauche et Bernard Tapie propriétaire et président, à droite (PHILIPPE BOUCHON / AFP)

Le maire de Marseille Gaston Defferre vient frapper à la porte de Bernard Tapie en 1986. Le businessman est au sommet et voit l'Olympique de Marseille comme un bon moyen de joindre l'utile à l'agréable : reprendre un club comme il reprend des entreprises pour le faire fructifier et assouvir ses désirs de gloire sportive. La formation phocéenne a une riche histoire, mais un présent alors peu glorieux, entre problèmes financiers et résultats quelconques. Tapie reprend l'OM contre un franc symbolique et amorce une révolution à coup d'investissements massifs. Le club olympien retrouve de sa splendeur et remporte un nouveau titre de champion de France en 1989.

"La main du diable" de Vata, le premier accroc dans l'ascension

Redevenu poids lourd du football français, l'Olympique de Marseille peut s'attaquer au rêve de Bernard Tapie, un trophée européen. En 1990, il atteint les demi-finales de la Coupe d'Europe des clubs champions. Les joueurs de Gérard Gili l'emportent contre Benfica au match aller au Vélodrome (2-1). Le retour est irrespirable avant un coup du sort, le but de la main de l'Angolais Vata – "la main du Diable" comme le titre le journal régional Le Provençal - à quelques minutes de la fin. L'arbitre ne dit rien, l'OM est éliminé. Le match devient une affaire d'État, Bernard Tapie explose de rage : "Maintenant, je sais comment on gagne une Coupe d'Europe ! Je vous promets que j'ai compris, cela ne se reproduira plus jamais", hurle-t-il à la presse.

Bari 1991, une défaite mais un acte fondateur

Les joueurs de l'Olympique de Marseille, abattus après la défaite en finale de la Coupe d'Europe des clubs champions le 29 mai 1991 à Bari, contre l'Etoile Rouge de Belgrade (STF / AFP)

Dans leur quête du Graal continental, Tapie et Marseille trouvent le meilleur moyen d'oublier Vata. L'OM change deux fois d'entraîneur et voit débarquer Raymond Goethals sur le banc. Un gros caractère et un ambitieux, comme Tapie. Le Belge emmène les siens en finale de la Coupe d'Europe des clubs champions. Mais il s'incline aux tirs au but contre l'Étoile Rouge de Belgrade (0-0, 5 t.a.b à 3), à Bari en Italie. La déception est grande, mais elle renforce l'appétit de toute l'institution, à commencer par celle de son président.

1993, les Marseillais et Tapie à jamais les premiers

Bernard Tapie aux côtés de Bernard Casoni au Vélodrome pour montrer le trophée européen remporté à Munich en 1993 contre l'AC MIlan. (MAXPPP)

L'Olympique de Marseille remplit finalement son destin européen en 1993. Le 26 mai, il dispute la toute première finale de l'histoire de la Ligue des champions, la nouvelle formule de la C1. Contre le grand AC Milan, l'OM n'est encore qu'un outsider. Mais un outsider particulièrement sérieux, avec les arrivées de Völler, Boksic ou Desailly. Juste avant la mi-temps, Basile Boli place sa tête sur un corner d'Abedi Pelé. Les hommes de Goethals ne seront plus rejoints. Marseille est le premier club de football français – et toujours le seul - vainqueur de la plus prestigieuse des coupes d'Europe. "Mon plus grand bonheur sportif" dira Tapie en 2018 dans une interview à l'AFP.

VA-OM, et le chapiteau phocéen s'effondra

Bernard Tapie lors du match Valenciennes - Olympique de Marseille à la naissance du scandale OM - VA qui entraînera la chute du club phocéen et de son président (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Six jours avant cette finale historique, l'OM doit assurer les affaires courantes en championnat à Valenciennes. Les Marseillais ne veulent absolument pas prendre de risques avant de retrouver le Milan. Jean-Jacques Eydelie, joueur phocéen, contacte le Nordiste Jacques Glassman et lui promet, ainsi qu'à deux de ses coéquipiers, une importante somme d'argent s'ils "lèvent le pied" durant la rencontre.

L'affaire VA-OM est née. Le club valenciennois révèle les faits, l'enquête incrimine Jean-Pierre Bernès, directeur général marseillais, puis Bernard Tapie. Le président du club est mis en examen pour corruption et subornation de témoins. L'Olympique de Marseille est déchu de son titre national, interdit de Coupe d'Europe, puis rétrogradé en deuxième division. Tapie doit vendre le club en décembre 1994, et le laisse dans le scandale et une dette abyssale.

Le hand et l'OM Vitrolles, l'autre bébé de la famille Tapie

Bernard Tapie assiste à un match de l'équipe de handball de l'OM Vitrolles (Corbis)

Tout se bouscule à l'aube de l'été 1993 sur la Canebière. Quelques jours après la Ligue des champions, la cité phocéenne célèbre un deuxième titre de champion d'Europe, la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe de handball soulevée par l'OM Vitrolles. Présidé depuis 1991 par Jean-Claude Tapie, le frère de Bernard Tapie, le club explose vitesse grand V comme le mastodonte du hand français grâce aux fonds locaux, alors que Tapie s'est également imposé comme une figure politique. Conséquence de l'affaire VA-OM, le club de football s'écroule et celui de handball, qui n'était pourtant pas lié juridiquement, plonge avec. Les joueurs comme Bruno Martini ou Jackson Richardson s'en vont après des mois sans salaire. En 1996, le club dépose le bilan.

Phocéa, Tapie l'homme de l'amer

L'homme d'affaires prend la pose sur son quatre-mâts, le "Phocea", en 1988. (BILL SWERSEY / AFP)

Outre le cyclisme et le football, Bernard Tapie aura connu une autre lubie économico-sportive dans sa vie : le Phocéa. En 1982, il fait l'acquisition de l'ancien bateau du navigateur Alain Colas, porté disparu lors de la Route du Rhum 1978. D'une bicoque sur la voie de l'épave, il fait du navire un yacht de très grand luxe autant à l'aise pour les réceptions mondaines que pour chasser les records nautiques.

Tapie réussit à sa deuxième tentative le record de la traversée de l'Atlantique en monocoque en juin 1988, vieux de 83 ans. Mis en faillite en 1996, Bernard Tapie voit son bijou des mers devenir le symbole de ses démêlés avec la justice, derrière lesquels le sport était rarement loin. "Tous mes meilleurs souvenirs, sportifs, humains, économiques, sont nés sur ce bateau" a-t-il assuré à l'AFP. Saisi puis revendu en 1997 et passé de main en main depuis, le Phocéa a coulé le 18 février 2021. Quelques mois plus tard, son ancien propriétaire s'est, lui, éteint.

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