Cyclisme : comment l'équipe française FDJ-Suez a attiré Demi Vollering, la meilleure coureuse du monde
C'est sans conteste le plus gros transfert de l'histoire du cyclisme féminin. Après presque six mois de rumeurs, Demi Vollering s'est engagée avec l'équipe française FDJ-Suez, lundi 28 octobre. La Néerlandaise de 27 ans est ce qu'il se fait de mieux dans le peloton féminin depuis deux ans. Vainqueure du Tour de France 2023, deuxième pour quatre secondes de la dernière édition, elle a déjà les yeux rivés vers la reconquête de son trône en 2025.
Pourtant, un tel transfert ne coulait pas forcément de source. "Ce n'était pas dans l'ADN de l'équipe d'engager une ancienne vainqueure du Tour de France", reconnaît Stephen Delcourt, le manager depuis plus de dix ans de cette équipe née d'un projet familial en 2006. Il y a cinq ans, la formation poitevine ne faisait même pas partie des dix meilleures équipes mondiales. Depuis, son budget a été multiplié par quatre, en grande partie grâce à l'arrivée de Suez en tant que co-sponsor en juin 2022.
Un contexte de croissance et de fin de cycle
De son côté, la Française des Jeux vient d'officialiser le rachat pour 2,6 milliards d'euros de l'opérateur suédois Kindred, propriétaire de la plateforme de paris sportifs Unibet. Un nouvel atout pour étendre son influence au-delà des frontières françaises. Le recrutement de Demi Vollering s'inscrit donc dans un contexte de croissance économique, au sein d'une équipe de plus en plus ambitieuse. En 2024, elle visait un podium du classement général du Tour de France femmes, et l'a effleuré avec Evita Muzic (4e).
Si cette performance représentait une claire progression sportive, une atmosphère de fin de cycle se faisait également sentir. Les leaders Cecilie Ludwig Uttrup et Marta Cavalli vivaient leur derniere année de contrat. La première, vainqueure d'étape sur le Tour en 2022, peinait à franchir le dernier cap qui la situerait au niveau des Vollering et autre Lotte Kopecky. La seconde, particulièrement malchanceuse, enchaînait les chutes. Des pourparlers avaient tout de même été enclenchés pour de possibles prolongations. De l'autre, le manager Stephen Delcourt sentait venir la fin de l'aventure de Grace Brown, laquelle a fini par prendre sa retraite à la fin de la saison.
Un premier contact avec le clan Vollering est pris début mars, pour tâter le terrain. Conquis par ce premier rendez-vous avec une coureuse "humainement géniale", Stephen Delcourt propose une nouvelle rencontre, cette fois avec le staff, condition sine qua non avant la formulation d'une offre. "Elle collait aux valeurs de l'équipe, dont cette aspiration à combler l'écart séparant le peloton féminin de celui des hommes", retrace ce dernier.
L'échange avec la nouvelle reine de son sport est simple, passionné. "J'ai tout de suite eu un très bon feeling, raconte Demi Vollering dans L'Equipe. Par la suite, j'ai rencontré d'autres équipes, mais après ce rendez-vous, je n'arrivais plus à cacher ma joie. Je me disais : 'Ca y est, j'ai trouvé un nouvel endroit où m'épanouir'". Quand l'équipe de la Néerlandaise, SD Worx, annonce qu'elle ne serait pas prolongée après 2024, les négociations ont déjà commencé.
Labous et Muzic au courant depuis le début
Pour FDJ-Suez, la liste de ses demandes ne présente rien d'insurmontable. Le recrutement de la Suissesse Elise Chabbey, équipière de luxe en montagne, en fait partie. En un mois, "cinq semaines maximum", le contrat est signé, avec un salaire inférieur au million d'euros annuel que lui aurait proposé l'équipe UAE et dont le peloton a beaucoup parlé [article en anglais]. Lorsque Vollering prend le départ de la Vuelta le 28 avril, elle sait déjà qu'elle portera en 2025 le même maillot qu'Evita Muzic, la seule à l'avoir battue dans une montée sèche cette saison. Elle sait aussi, quatre mois avant l'annonce officielle, que Juliette Labous étoffera l'effectif.
Labous et Muzic, habituées à être leaders, sont informées très rapidement du projet, puis de l'aboutissement des négociations. Les premières rumeurs mettent peu de temps à sortir. Elles se font pressantes et vampirisent une partie de l'approche du Tour de France. Un mois avant la course, dans son entretien pour franceinfo: sport Demi Vollering avait prévenu qu'elle ne répondrait pas aux questions sur son avenir, vécues comme une nuisance. Mais, le secret est resté bien gardé jusqu'à l'officialisation, lundi.
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