Giro 2024 : qui peut battre Tadej Pogacar sur le Tour d'Italie ?
Annoncée en grande pompe dès le mois de décembre, pour le plus grand bonheur des tifosi, la présence, inédite, de Tadej Pogacar sur le Giro 2024 (du 4 au 26 mai), avait quelque chose d’inévitable. Au départ de Venaria Reale (dans le Piémont), samedi 4 mai, peu nombreux seront ceux pouvant s’estimer capables de le battre à la pédale.
Double vainqueur du Tour de France (en 2020 et 2021), mais vaincu par Jonas Vingegaard en 2022 et 2023, troisième de la Vuelta en 2019, il était l’heure pour le Slovène de se mesurer aux routes italiennes. Pour continuer de bâtir sa légende et retrouver le goût de la victoire finale sur les courses de trois semaines.
Vainqueur du Tour de Catalogne, où il a remporté cinq des sept étapes, “Pogi” s’est aussi imposé sur les Strade Bianche et sur Liège-Bastogne-Liège cette saison. Un bilan qui ravirait presque n’importe quel membre du peloton sur l’ensemble de sa carrière, mais pas Tadej Pogacar, glouton absolu.
À l’heure d’aborder le Giro, difficile pourtant de voir qui pourrait l’inquiéter dans sa quête de ramener le maillot rose de leader à Rome, et de compléter son impressionnante collection de 70 victoires à 25 ans. Passage en revue de ceux qui pourraient, peut-être, titiller le Slovène et mettre à mal ses projets de devenir le premier homme à réaliser le doublé Giro-Tour de France depuis Marco Pantani en 1998.
Geraint Thomas (INEOS Grenadiers)
À 37 ans, le vainqueur du Tour de France 2018 n’a plus ses jambes d'antan, c’est indéniable. Pourtant, dans son équipe, on croit encore aux chances du Gallois pour porter haut les couleurs de la formation britannique. À l’image de son directeur sportif, Steve Cummings, qui a confié à Global Cycling Network : “Geraint est dans le vélo depuis assez longtemps pour savoir que tout est possible et qu’il est inutile de ne pas croire en ses chances. Pogacar est un monstre, mais il est toujours battable, c’est une longue course. [...] Il faut le mettre sous pression.”
Avec le seul Thymen Arensman, Thomas manque peut-être d’atouts au sein de son équipe pour maîtriser les débats dès que la route s’élève, ce qui avait par exemple permis à Ineos de l’emporter avec Egan Bernal (2021), Tao Geoghegan Hart (2020) et Chris Froome (2018).
Un effectif assumé par Cummings : “Nous n’avons pas la responsabilité de contrôler la course.” Deuxième du Giro l’an dernier, après avoir craqué lors de l’ultime contre-la-montre dans son face-à-face avec Primoz Roglic, il aura l'avantage de connaître le terrain et les défis que comporte la course transalpine.
Ben O’Connor (Decathlon-AG2R La Mondiale)
La formation tricolore plane cette saison. Avec 12 victoires dans son escarcelle, l’équipe de Vincent Lavenu réalise un début de saison des plus réjouissants. Avec Ben O’Connor en tête d’affiche sur le Giro, l’équipe dispose d’un solide leader qui fait office de favori, presque par défaut, derrière Pogacar.
Avec une quatrième place sur le Tour de France 2021 et deux troisièmes places sur le Critérium du Dauphiné, il pose de solides références, lui qui a aussi déjà levé les bras à l’occasion de victoires d’étapes sur la Grande Boucle, mais aussi sur le Tour d'Italie. "La préparation a été idéale", affirme-t-il.
À 28 ans, l’Australien rentre dans une période charnière de sa carrière, où il devra prouver qu’il a le niveau pour faire partie des meilleurs du peloton. Seul problème, symbolique de la relative faiblesse du plateau cette année, son objectif principal reste de glaner son premier podium sur un Grand Tour. "J’adorerais ça, a-t-il lâché à Global Cycling Network. C’est une ambition personnelle, je pense que c’est atteignable. [...] C’est une course qui me correspond vraiment." En montagne, il pourra notamment profiter du soutien d'Aurélien mais aussi de Valentin Paret-Peintre, en pleine progression.
Romain Bardet (Team dsm-firmenich PostNL)
Délicieuse surprise du dernier Liège-Bastogne-Liège, Romain Bardet a refait une apparition inattendue parmi les noms à suivre lors du prochain Giro. Sa deuxième place sur la Doyenne a prouvé qu’il en avait encore sous la pédale à 33 ans, au moment de retrouver une course qu’il avait douloureusement quittée en 2022 sur un abandon, alors qu'il occupait la quatrième place du général, après avoir fini septième en 2021.
Les 71,6 kilomètres de contre-la-montre pourraient s’avérer rédhibitoires dans la quête de victoire, mais le premier, long de 40,6 bornes, est loin d’être tout plat, avec une dernière ascension de 6,6 kilomètres à 4,1% à l’arrivée.
Il a montré en Belgique qu’il était toujours capable de rouler seul contre plusieurs coureurs, alors pourquoi ne pas y croire de nouveau. “En réflexion" quant à la suite à donner à sa carrière, comme expliqué à L'Équipe, il pourrait s’inspirer d’une autre star tricolore. Pour son dernier Giro l’an dernier, Thibaut Pinot avait décroché un inespéré top 5 et un maillot de grimpeur presque invraisemblable.
Uijtdebroeks, Caruso, Carthy, les outsiders
Wout van Aert absent, Cian Uijtdebroeks (Visma-Lease a Bike) pourrait avoir une carte à jouer dans la perspective du général. Mais le vainqueur du Tour de l’Avenir 2022, du haut de ses 21 ans, devra confirmer sa 8e place sur la dernière Vuelta. Aux côtés d’Attila Valter et de Robert Gesink, la quête des victoires d’étapes semble plus accessible. Même combat du côté de la Movistar, où il est compliqué d’envisager Nairo Quintana ou Einer Rubio comme des candidats crédibles à la victoire finale. Idem pour Daniel Felipe Martinez de la Bora-Hansgrohe, qui peut légitimement viser un top 10 voire un top 5, mais difficilement le maillot rose.
Damiano Caruso (Bahrain-Victorious), deuxième du Giro en 2021, pourrait bien tenter un coup, mais ses 36 printemps apparaissent comme rédhibitoires, au contraire du jeune Antonio Tiberi, 2e du dernier Tour des Alpes à 21 ans. Enfin, Hugh Carthy (EF Education-EasyPost) et Juan Pedro Lopez (Lidl-Trek) peuvent rêver à un coup d’éclat. Toutefois, comme pour les noms précédemment cités, il faudrait un concours de circonstances exceptionnelles pour les voir barrer la route vers le succès d’un Tadej Pogacar.
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