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Cyclisme : Wout van Aert, un maillot arc-en-ciel pour couronner une saison hors norme

Le Belge s’avance comme l'un des grands favoris sur les deux épreuves des championnats du monde : le contre-la-montre dimanche, et la course en ligne, dans une semaine.

Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Wout van Aert lors des Championnats du monde 2020 à Imola. (ERIC LALMAND / BELGA MAG)

Tout est réuni pour que dimanche 26 septembre, au soir de la course en ligne des championnats du monde, un homme seul soit rassasié du banquet qui s’ouvre ce dimanche, en Belgique. Wout van Aert, qui va s’élancer dimanche sur l'épreuve du contre-la-montre, s’avance comme l'un des trois favoris à la victoire aussi bien sur cette épreuve que sur la course en ligne, dans une semaine.

Un potentiel doublé qui serait historique : depuis 1994 et l’introduction de l’épreuve chronométrée aux Mondiaux, personne n’a réussi à le réaliser. Ils ne sont que trois à être montés sur le podium des deux épreuves sur une même édition : Miguel Indurain et Abraham Olano s’étaient échangés les places de un et deux en 1995 et… Wout van Aert, deuxième sur route et contre-la-montre à Imola, en 2020. Cette année, le Flamand fait peur à tout le monde et se présentera avec la pancarte géante du favori.

Le lieu : la Flandre, terrain de jeu idoine

Wout van Aert a-t-il prévu son coup depuis l’annonce du retour des championnats du monde en Belgique pour la première fois depuis 2002 ? On suppose évidemment que le Flamand se voit déjà être le premier Belge à se parer d’arc-en-ciel sur l'épreuve chronométrée, chez lui, alors qu'il a accumulé les titres mondiaux et nationaux dans les sous-bois environnants depuis 2016 (trois titres mondiaux et quatre titres nationaux en cyclo-cross). Dimanche, le tracé de 43,3 kilomètres entre Knokke-Heist et Bruges ne présentera aucune réelle difficulté majeure, si ce n'est l'acide lactique qui va brûler les cuisses. "Je me suis plus préparé spécifiquement pour la course en ligne. Mais bien sûr je suis en très bonne condition, donc je vais m’élancer dimanche avec la première place en vue. Devenir champion du monde du chrono est sur ma liste. J’ai été capable de gagner cette année sur le Tour, les Mondiaux sont encore plus prestigieux", a-t-il soufflé à Cyclingnews.

Accompagné de Remco Evenepoel, Wout van Aert aura à ses côtés autant un appui qu’un concurrent sérieux à la victoire finale, face au tenant du titre Filippo Ganna (Italie) et à Stefan Küng (Suisse). "La course est plate, rectiligne et soumise au vent", a expliqué de son côté son jeune équipier, 3e de l’épreuve des championnats d’Europe à Trente (Italie) il y a une semaine. "Nous allons devoir rouler très vite du début à la fin en faisant attention à ne pas exploser, afin d’accélérer de plus en plus."

"Devenir champion du monde du chrono est sur ma liste."

Wout van Aert

à Cyclingnews

Une semaine plus tard, le tracé de 267,7 kilomètres entre la Grand Place d’Anvers et Louvain, parsemé de monts coriaces commes le Moskesstraat (côté pavée de 8,9 % de moyenne escaladée deux fois), sera encore plus propice à van Aert, vainqueur cette année de sa première classique flandrienne lors de Gand-Wevelgem. "Nous débuterons sur la côte et il y aura beaucoup de monde, donc il ne faudra pas s’emballer. Mais nous avons suffisamment d’expérience et nous essayerons de ne pas faire cette erreur. Dans le final, ce sera forcément être un avantage d’avoir autant de monde", temporise van Aert.

Pourtant, les trois dernières éditions belges (1975, 1988, 2002) n’ont pas sacré un local. Le défi d’un doublé historique est donc immense pour Wout van Aert. "Je vais absolument tout donner, et j’espère que beaucoup de gens viendront nous encourager. Ça va être un jour inoubliable."

Wout van Aert lors de sa victoire sur Gand-Wevelgem le 28 mars 2021. (DAVID STOCKMAN / BELGA MAG)

Le coureur : une forme au zénith, une équipe exceptionnelle 

Si rouler à domicile est un avantage indéniable, Wout van Aert ne doit sa situation de favori qu’à son année sidérante en matière de résultats. Désormais leader au classement UCI devant Tadej Pogacar après son incroyable semaine sur le Tour de Grande-Bretagne (4 victoires d’étapes et le général), le Belge aux mèches blondes a fait preuve d’une régularité extrême tout au long de l’année, avec en point d’orgue trois victoires sur le Tour de France glanées sur les trois terrains (montagne, contre-la-montre et sprint). Avec 13 victoires, personne n’a plus gagné que lui cette année.

"Je me sens plus frais qu’à Tokyo où c’était difficile pour moi à la fin. Je me suis reposé et je me suis aussi entraîné en altitude. Le Tour de Grande-Bretagne était une très bonne préparation pour moi", a constaté le Belge à la veille de la course. Difficile donc d’imaginer que le meilleur coureur de l’année ne soit pas favori à un premier titre irisé à domicile, sur un parcours sur route qui lui convient mieux qu’à tous ses rivaux. "C’est le bon moment pour marquer l’histoire", a confirmé van Aert au micro de la RTBF.

Alors qu'il devra se débrouiller seul comme tous lors de la première manche dimanche, van Aert aura le dimanche suivant des épaules solides sur lesquelles s’appuyer et des roues inusables derrière lesquelles se protéger. Victor Campenaerts et Tim Declercq pour tracter. Jasper Stuyven, Tiesj Benoot ou Dylan Teuns pour allumer des mèches. Et enfin Yves Lampaert et surtout Remco Evenepoel pour l'accompagner vers le premier sacre belge depuis Philippe Gilbert en 2012. "J’ai dit à plusieurs reprises que je veux aider Wout autant que je peux lors de la course en ligne, affirme Evenepoel. J’espère que je pourrai le déposer dans le final. Je vais donner mon maximum sur les deux courses". Au moins, pas de risque de confusion de leaders : pour la Belgique, ce sera tout pour van Aert.

Wout van Aert (à gauche) et Remco Evenepoel lors de la course en ligne des Jeux Olympiques de Tokyo. (ROB WALBERS / BELGA MAG)

Les adversaires : un trio qui n’en est plus un, une concurrence disparate

Pour l'un des derniers grands rendez-vous de l’année avant Paris-Roubaix (3 octobre) et le Tour de Lombardie (9 octobre), Wout van Aert visera un doublé inédit face à une concurrence clairsemée. Sur le contre-la-montre, le spectre de la massive carcasse de Filippo Ganna devrait lui faire de l’ombre sur un parcours aussi rectiligne, condamnant peut-être d’entrée toute chance de doublé. "C’est bien pour moi que le parcours soit plus long. Filippo Ganna préfère les parcours plus courts. C’est le spécialiste avec Stefan Küng", a lâché le Belge.

Mais sur la course en ligne, les adversaires de van Aert semblent tous un cran en-dessous : Mathieu van der Poel a bien gagné l’Antwerp Port Epic dimanche dernier, mais est-il suffisamment remis de ses douleurs au dos consécutives à sa chute en VTT aux JO ? Julian Alaphilippe, entouré d’une belle équipe de France, n’a plus gagné depuis sa prise de pouvoir lors de la première étape du Tour de France, et pourrait même laisser les flahutes Florian Sénéchal ou Anthony Turgis jouer leur chance.

Malgré la présences des Italiens avec le boulimique Sonny Colbrelli, du triple champion du monde Peter Sagan ou des jeunes Anglais Tom Pidcock et Ethan Hayter, van Aert devra sans doute se méfier particulièrement des Danois, meurtris depuis samedi par le décès de l'ex-cycliste Chris Anker Sorensen. Avec Honoré, Valgren, Cort Nielsen, Pedersen et surtout Asgreen, les Scandinaves ont au moins autant de flèches à décocher que les Belges pour s’imposer à Louvain. Début avril, alors que van Aert avait lâché prise dans le final du Tour des Flandres, c’est bien Kasper Asgreen qui avait réglé au sprint Mathieu van der Poel lors de la dernière classique World Tour disputée en Flandres. A la stupeur de tous les Flamands alors présents.

Kasper Asgreen, Julian Alaphilippe et Wout van Aert lors du Tour des Flandres 2021. (DIRK WAEM / POOL)

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