Milan-San Remo 2024 : Pogacar, Van der Poel, Pedersen, Laporte... Qui sont les favoris du premier Monument de la saison ?

La 115e édition de la Primavera se tient samedi sur les routes du Nord de l'Italie, avec un duel annoncé entre Mathieu van der Poel et Tadej Pogacar.
Article rédigé par Gabriel Joly, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
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Temps de lecture : 7min
Tadej Pogacar, Mathieu van der Poel, Mads Pedersen et Christophe Laporte lors de la saison 2024. (AFP / SIPA)

Le premier moment fort de la saison 2024. Les coureurs ont rendez-vous en Italie septentrionale, samedi 16 mars, pour y disputer Milan-San Remo. Si le parcours annoncé - long de 288 kilomètres au départ de Pavie, ville située à une heure de route de Milan - est plus court que les autres éditions, les côtes habituelles seront empruntées. Après la Cipressa (5,6 km à 4,1%), le peloton est attendu dans le mythique Poggio (3,7 km à 4% avec une pente maximale à 8%), traditionnel juge de paix de la Primavera à cinq bornes de la ligne.

Un an après sa victoire, Mathieu van der Poel remet son Monument en jeu avec la ferme intention de doubler la mise. Pour cela il faudra résister aux autres favoris, à commencer par Tadej Pogacar. Selon notre consultant Yoann Offredo, septième de l'épreuve en 2011, "tout le monde va courir en fonction du Slovène", qui part avec une longueur d'avance même si "énormément d'outsiders peuvent l'emporter". Le duo Van der Poel-Pogacar est également plébiscité par Laurent Jalabert, le gagnant de 1995 désormais à France Télévisions.

Tadej Pogacar : nouveau braquage à l'italienne ?

Le double vainqueur du Tour de France est passé à l'heure italienne cette saison. Alors qu'il découvrira le Giro en mai (avant d'enchaîner avec la Grande Boucle), Tadej Pogacar a réalisé un énorme numéro il y a deux semaines sur les Strade Bianche, s'imposant après une échappée solitaire de 81 kilomètres. De quoi laisser planer le doute sur sa stratégie ce samedi ? "Sur le papier, Pogacar fait vraiment très peur. Avec lui, on peut vraiment s'attendre à tout, entrevoit Yoann Offredo. Lorsqu'il va décider d'attaquer, il vaudra mieux être en tête de peloton, sinon ce sera injouable. Pas grand monde ne pourra lui répondre, si ce n'est un collectif".

Battu malgré plusieurs attaques tentées dans le Poggio en 2022, battu encore après avoir fait rouler ses équipiers dès la Cipressa en 2023, le leader d'UAE Team Emirates avait lâché. "Peut-être que l'année prochaine, il faudra que je tente quelque chose de différent", prédisait-il à l'issue de la course. 

Bluff ou non, il arrive avec la pancarte. "Je n'aurais pas pu rêver d'un meilleur début d'année, je suis excité pour Milan-San Remo. Cette course est l'une des plus difficiles à gagner. Nous allons sûrement élaborer un plan et nous mettre dans la meilleure position possible", a-t-il expliqué en amont du Monument. Sur l'une des rares courses qui lui résiste, "Pogi" aura la possibilité de s'appuyer sur une équipe de haut niveau avec le troisième de Paris-Nice Brandon McNulty et les spécialistes des classiques que sont Marc Hirschi etTim Wellens. "Les UAE vont chercher à vite durcir, Pogacar est le seul à être avantagé dans ce cas de figure", juge Laurent Jalabert.

Mathieu van der Poel : l'ogre jamais rassasié 

Vainqueur de Milan-San Remo en 2023, 62 ans après son grand-père Raymond Poulidor, Mathieu van der Poel est l'autre candidat naturel à sa propre succession. Depuis sa victoire sur la via Roma, le Néerlandais a moissonné les courses prestigieuses entre Paris-Roubaix et les championnats du monde en Ecosse, où il s'est paré d'arc-en-ciel. Et ce n'est pas son hiver de cyclo-cross au presque parfait qui remettra en cause son statut (13 victoires en 14 courses, dont les Mondiaux). "Reste une inconnue : son état de forme", prévient Yoann Offredo. S'il fera sa rentrée sur route samedi, Van der Poel s'est préparé en Espagne lors d'un stage en altitude ces dernières semaines.

"Nous sommes satisfaits du niveau de forme de Mathieu, nous ne craignons pas un manque de rythme compétitif."

Christoph Roodhooft, directeur sportif d'Alpecin-Deceuninck

au Het Nieuwsblad, média belge

Pour devenir le premier homme à conserver la "Classicissima" depuis Erik Zabel (1997-1998 et 2000-2001), "VDP" pourra compter sur un atout majeur dans une épreuve réputée aussi indécise : il est celui qui a le plus de qualités pour s'adapter au scénario du jour. "L'avantage de Mathieu, c'est qu'il grimpe bien, qu'il a un sacré punch donc il peut suivre Pogacar, et qu'il va vite au sprint", détaille Yoann Offredo. A moins que son coéquipier Jasper Philipsen ne parvienne à l'accompagner et que le tenant du titre se mue alors en poisson-pilote, comme ce fut le cas sur le dernier Tour.

Mads Pedersen : le trouble-fête de luxe

De son côté, Mads Pedersen n'est pas le plus expérimenté sur "MSR" mais il a terminé sixième lors des deux dernières éditions. Des places d'honneur ayant agi comme un déclic pour le Danois, qui a ensuite confirmé son titre mondial sur route acquis en 2019 à la surprise générale. Désormais vainqueur d'étape sur les trois grands Tours et souvent placé à l'image de son podium sur le dernier "Ronde", l'homme à tout faire des Lidl-Trek peut espérer tirer son épingle du jeu.

"Il a de la puissance et une bonne résistance, une météo plus difficile peut lui sourire", se projette Laurent Jalabert. "Il a les mêmes qualités que Van der Poel : il sait se faire mal et monter très fort. Il a loupé le coche sur Paris-Nice [deux deuxièmes places] mais il fait partie des coureurs très solides en début de saison", observe quant à lui Yoann Offredo. S'il a avoué, après le gain du général à l'Etoile de Bessèges et sur le Tour de Provence en février, qu'il préférerait gagner Paris-Roubaix, Pedersen ne crachera pas sur une Primavera.

Christophe Laporte : pour faire oublier Wout van Aert

Si deux anciens vainqueurs français seront au départ, Arnaud Démare (2016) et Julian Alaphilippe (2019), la meilleure chance tricolore se nomme Christophe Laporte, pour les deux consultants. L'habituel lieutenant de la Visma-Lease a Bike remplace au pied levé Wout van Aert, grand absent cette année.

Il tentera de déjouer les pronostics avec ses aptitudes de sprinteur-puncheur, pouvant lui permettre de passer le Poggio avec les meilleurs. "Cela fait deux ans que je roule pour cette équipe et j'y suis heureux. Tout est en place et j'espère contribuer au succès de l'équipe au printemps", déclarait-il en janvier. Sacré champion d'Europe 2023 avec panache, le Français se sent désormais prêt à viser plus haut.

Le Français Christophe Laporte (à droite) avec son maillot de champion d'Europe à côté de son dauphin belge Wout van Aert, le 24 septembre 2023. (DAVID PINTENS / AFP)

"J'ai gagné une étape sur le Tour [en 2022 à Cahors], puis une classique [A travers les Flandres et Gand-Wevelgem en 2023]. Le seul pas en avant que je peux faire, c'est un Monument", avouait-il récemment en référence à la "Classicissima" où il n'a jamais fait mieux qu'une 13e place, la faute à son rôle régulier d'équipier. "C'est la 10e participation de Laporte en dix ans, ce n'est pas un handicap, loin de là. La connaissance du terrain est très importante, l'expérience des différents faits de course joue en sa faveur", estime Jalabert. En cas de défaillance, le sprinteur néerlandais Olav Kooij, double vainqueur d'étape sur Paris-Nice, sera également de la partie pour faire briller l'étendard jaune et noir.

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