Cyclisme : orpheline de Peter Sagan et privée de courses majeures, TotalEnergies entame une saison particulière
Pas de Milan-San Remo, de Tour des Flandres et de Critérium du Dauphiné. TotalEnergies sera privée en 2024 de plusieurs courses de très grand calibre, où elle était d'ordinaire invitée. La raison : la formation française a terminé quatrième équipe Continental Pro (deuxième division) au classement UCI en 2023, alors que seules les deux premières sont automatiquement invitées sur les épreuves World Tour (première division) la saison suivante. Conviée sur Paris-Nice, elle ne sera pas de tous les rendez-vous majeurs de 2024.
Un changement dans l'intersaison de la formation vendéenne, qui se retrouve privée de courses qui lui réussissaient souvent bien. Ce sont donc de possibles précieux points UCI, importants pour se maintenir dans le peloton de tête de la deuxième division, qui s'envolent, et qui obligent TotalEnergies à s'adapter.
"C'est un peu frustrant de ne pas être pris au Dauphiné sachant qu'on y avait été performants ces deux dernières années. C'est comme ça, ASO a choisi de faire tourner", accepte Mathieu Burgaudeau, dernier vainqueur français sur la Course au Soleil en 2022.
Anthony Turgis, deuxième de Milan-San Remo en 2022, en fait particulièrement les frais, lui qui avait fait de la "Classicissima" et du Tour des Flandres ses principaux objectifs. "On a pris du temps avec Anthony pour voir comment gérer cette déception. Car le tout est de la convertir en performance sur les autres épreuves et ne pas en rester là", désamorce Benoit Genauzeau, directeur sportif de la formation vendéenne. Charge à nous d'être très performants sur les épreuves où on est retenus afin de retourner sur certaines épreuves où on ne l'a pas été", poursuit-il.
Un programme de courses à adapter
Cette saison, les coureurs avancent plus à tâtons, puisque le calendrier de l'équipe évolue au gré des invitations. Le Tour de France sera le seul Grand Tour de l'année pour la formation vendéenne, qui n'a pas été retenue sur le Giro et la Vuelta. Il faudra également compenser l'absence au Dauphiné, qui fait office de répétition de la Grande Boucle trois semaines avant.
Une instabilité à gérer, alors que l'équipe de Jean-René Bernaudeau a déjà dû prendre un virage préparé, mais important avec le départ de Peter Sagan. La star slovaque a emmené avec lui son aura médiatique internationale, qui attirait toujours beaucoup de curieux autour du bus TotalEnergies sur la Grande Boucle. "La dimension médiatique de Peter est hors normes. On a pu en tirer beaucoup d'enseignements d'avoir la rock star du cyclisme. Le fait que Mathieu (Burgaudeau) ait pu être totalement décomplexé sur le Tour en étant très offensif, c'est aussi grâce à lui", rappelle Benoit Genauzeau.
Sagan, une perte de visibilité plus que sportive
"On a tous appris de ce grand champion. C'est quand même un mec à part, et forcément ça nous a fait grandir. C'était une bonne chose, mais maintenant c'est fini. Il faut retenir ce qu'il nous a apporté et s'en servir pour pouvoir performer à haut niveau comme il a pu le faire pendant sa carrière", souligne Mathieu Burgaudeau.
Pourtant, si la perte du triple champion du monde a créé un déficit d'expérience et de visibilité, il était déjà devancé par d'autres dans les résultats de l'équipe. En 2023, Peter Sagan était seulement le 10e total en points UCI (293), bien derrière les meilleurs éléments Anthony Turgis (451), Dries van Gestel (642) et Mathieu Burgaudeau (878). Mais à l'heure du bilan, l'essentiel est ailleurs.
"Évidemment qu'on aurait espéré un peu plus. Mais si c'était à refaire, on le referait dix fois, car Peter nous a beaucoup apporté : cette identité, cette culture, ce côté anticonformisme à l'image de notre manager Jean-René", appuie Benoit Genauzeau.
Alaphilippe, un profil potentiel pour 2025 ?
Avec seulement deux étrangers dans son effectif 2024 (van Gestel et Stef Cras), TotalEnergies a fermé le chapitre de son internationalisation pour se concentrer sur la formation, avec une présence accrue de coureurs provenant de la structure Vendée U, d'où sont notamment issus Thomas Voeckler, Sylvain Chavanel ou Bryan Coquard.
Avec huit victoires en 2023, dont une sur la Vuelta, mais aussi beaucoup de places d'honneur, TotalEnergies cherche à concrétiser davantage. Surtout, ne "s'interdit pas de rêver" pour 2025 comme aime le rappeler Jean-René Bernaudeau.
Au point d'imaginer une arrivée de Julian Alaphilippe, en fin de contrat, après avoir attiré Peter Sagan ? "Beaucoup d'équipes sont intéressées pour avoir un coureur de sa trempe. Bien entendu que c'est un coureur que l'on aimerait avoir, à la fois pour ses qualités de coureur mais aussi pour ce qu'il est et ce qu'il représente. C'est quelque chose, chez nous, qui a beaucoup d'importance", conclut Benoit Genauzeau.
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