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Cyclisme : la mort de Gino Mäder, "j'y pense presque à chaque descente", confie Thibaut Pinot

Le grimpeur français, qui sera au départ des Championnats de France à Cassel, dimanche, s'est confié à la suite de la chute mortelle du coureur suisse.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Thibaut Pinot lors de la 12e étape du Giro, le 18 mai 2023. (LUCA BETTINI / AFP)

Presque une semaine après la chute tragique de Gino Mäder sur le Tour de Suisse, à laquelle le coureur helvète n'a pas survécu, Thibaut Pinot a confié penser "presque à chaque descente" à la chute mortelle du coureur de 26 ans, dans un entretien à l'AFP, jeudi 22 juin, où le grimpeur de la formation Groupama-FDJ développe aussi son ambition de remporter les Championnats de France dimanche à Cassel, dans le Nord.

Le grimpeur de Groupama-FDJ, qui participera ensuite à son 10e Tour de France, avoue par ailleurs qu'un titre de champion national pourrait le "faire réfléchir" sur l'opportunité de prolonger un peu sa carrière qui doit en principe s'achever à la fin de saison.

Comment avez-vous appris la chute mortelle de Gino Mäder sur le Tour de Suisse ?

Thibaut Pinot : Je l'ai appris pendant un entraînement à La Clusaz. C'était très compliqué de terminer, j'étais abasourdi. Gino était un coureur qui, comme moi, aimait traîner à l'arrière du peloton et on se retrouvait souvent à parler. Je l'aimais beaucoup. Je m'étais échappé avec lui sur la dernière étape de la Vuelta. On était tous les deux ensemble. C'est dramatique.

Est-ce que ça vous fait réfléchir sur votre métier ?

Depuis l'accident, j'y pense presque à chaque descente à l'entraînement. Pourtant je n'étais même pas sur le Tour de Suisse. Pour ceux qui y étaient ça doit être encore plus difficile. Je suis un coureur qui prend un peu moins de risques que les autres parce que j'ai vraiment conscience du danger. On dit souvent qu'il faut débrancher le cerveau dans le vélo. J'ai vraiment du mal avec cette idée. On pratique un sport dangereux.

Connaissez-vous la descente dans laquelle il a chuté ?

Cette descente je l'avais faite il y a presque 10 ans, c'était la même étape. Et je m'en rappelle très bien : j'avais lâché parce que j'avais peur de la vitesse. C'était dans la période où on me critiquait beaucoup sur ma prudence dans les descentes. Mais les gens ne se rendent pas compte de ce qu'on fait sur un vélo à 100 km/h. On oublie très vite les risques qu'on prend.

"Les arrivées en bas de descente posent souvent problème. Mais les descentes font partie de la course. Après, pourquoi ne pas mettre plus de filets de protection comme on le fait dans le ski ? Nous, on n'a vraiment rien pour se protéger. Je pense que c'est là-dessus qu'on peut travailler."

Thibaut Pinot

à l'AFP

Ne faudrait-il pas également moins glorifier les risques que prennent les coureurs ?

Oui mais on sait bien que ça fait partie du spectacle. C'est toujours plus vendeur. Lorsqu'on voit à la télé le résumé d'une étape, presque un tiers des images sont consacrées aux chutes. Pour nous coureurs, c'est malheureux de voir ça parce qu'il y a autre chose à montrer dans notre sport.

Malgré ce contexte pesant, comment envisagez-vous les Championnats de France dimanche ?

Mon ambition personnelle est simple : c'est de gagner. Après forcément, il y aura une tactique de course et l'important sera de ramener le titre avec l'équipe. On aura l'une des plus fortes.

Le parcours particulièrement dur vous convient ?

Oui, parce que ça va être un circuit très usant. Ça aurait été 200 bornes et seulement la bosse d'arrivée, c'était mort pour moi. Mais avec 4 000 mètres de dénivelé, on n'est plus dans le même type de puncheur. On est plus sur de la résistance. Et quand tu sors comme moi d'un grand Tour comme le Giro, la distance tu l'as forcément dans les jambes. C'est peut-être le petit avantage que j'aurai.

Si vous gagnez, vous serez obligé de continuer votre carrière pour rouler avec le maillot de champion, comme vous l'avez laissé entendre ?

J'avais dit ça en rigolant. Pour l'instant je suis pas trop dans le délire. Mais vous savez ça a toujours été pour moi un rêve de porter ce maillot bleu-blanc-rouge. C'est un maillot qui pourrait quand même me faire réfléchir. Mais on n'en est pas là. Il faut déjà gagner la course.

Le Tour de France arrive très vite derrière. Hâte d'y être ?

Pour ma dernière saison, ça aurait été un regret de ne pas y aller. J'ai envie de profiter, de prendre ça comme une fête. Donner le meilleur de moi-même en espérant avoir de bonnes sensations comme j'ai pu en avoir sur la fin du Giro. Je pourrais y avoir de bonnes surprises à Paris.

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