Mondiaux d'escrime : la suspension de la sabreuse ukrainienne, disqualifiée après avoir refusé de saluer son adversaire russe, est levée
Cette scène n'est pas sans rappeler les quarts de finale du dernier Roland-Garros. Après sa victoire sur l'Ukrainienne Elina Svitolina, la Biélorusse Aryna Sabalenka avait attendu en vain que son adversaire vienne lui serrer la main. Même scénario aux championnats du monde d'escrime de Milan, l'Ukrainienne Olga Kharlan, refusant de saluer l'adversaire russe qu'elle venait de battre, Anna Smirnova, jeudi 27 juillet.
Après cette scène étonnante, le jury a procédé à la disqualification de l'Ukrainienne. Quelques heures plus tard, vendredi 28 juillet, la Fédération internationale d'escrime (FIE) a décidé de lever cette suspension, permettant à Kharlan de disputer l'épreuve par équipes qui débute samedi. La FIE a par ailleurs amendé son règlement qui n'oblige plus désormais à échanger une poignée de main avec son adversaire, a indiqué Bruno Gares, membre du Comité exécutif de la FIE, lors d'une conférence de presse.
La rencontre n'avait laissé aucune place au suspense : Olga Kharlan a largement dominé Anna Smirnova (15-7). Durant le combat, plusieurs "Slava Ukraini" ("Gloire à l'Ukraine") ont été scandés par une vingtaine de membres de la délégation ukrainienne. Une montée en tension conclue par la sabreuse ukrainienne, qui a refusé de serrer la main de son adversaire. Anna Smirnova, assise sur une chaise pour protester contre cette attitude, refusait toujours de quitter la piste, plus de dix minutes après la fin de leur duel.
"Les deux tireurs (...) doivent serrer la main de l'adversaire dès que la décision est donnée", précisait alors le règlement de la Fédération internationale d'escrime (FIE), présidée jusqu'à l'éclatement du conflit par l'oligarque russe Alisher Ousmanov, en retrait depuis.
Les réactions du CIO et de la Fédération ukrainienne ont payé
La quadruple championne du monde du sabre était la première représentante de son pays à affronter une Russe depuis l'invasion de l'Ukraine par Moscou il y a près d'un an et demi. Un décret du ministère des sports ukrainiens interdisait, jusque-là, à ses délégations officielles – hormis le tennis qui n'a pas de délégation officielle – de participer à des compétitions où figuraient des Russes ou Biélorusses. Modifié mercredi, il ne porte désormais que sur les "athlètes représentant la Fédération de Russie ou la République du Bélarus". Anna Smirnova participant comme "athlète individuelle neutre", avait pu l'affronter.
Quelques minutes après la disqualification, Mikhaïlo Podoliak, l'un des proches conseillers du président Volodymyr Zelensky réagissait en estimant que la décision est "la manifestation d'un manque total d'empathie" et est "absolument scandaleuse" sur son compte Instagram, tout en félicitant sa compatriote d'avoir "dignement représenté" son pays. Plus tard, le Comité international olympique a appelé à faire preuve de "sensibilité" avec les sportifs ukrainiens.
L'escrime a été la première fédération internationale à autoriser, dès le 10 mars, les athlètes russes et biélorusses à participer aux compétitions internationales en vue des Jeux olympiques. Une décision qui n'avait pas fait l'unanimité au sein la discipline.
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