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Affaire Luis Rubiales : vingt-et-un jour plus tard, une démission devenue inéluctable

Dans la tourmente depuis son baiser forcé à Jenni Hermoso après la finale de la Coupe du monde féminine, Luis Rubiales a présenté sa démission, dimanche soir.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Luis Rubiales lors de la réception de la sélection espagnole par le Premier ministre, le 22 août 2022, à Madrid. (PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP)

C'en est fini pour Luis Rubiales à la tête du football espagnol. Dans une lettre ouverte partagée sur le réseau social X (anciennement Twitter), dimanche 10 septembre, le président de la fédération a annoncé qu'il avait présenté sa démission, et qu'il quittait également son poste de vice-président de l'UEFA. Après avoir fait preuve de beaucoup d'aplomb et d'obstination, à l'image de son discours devant la fédération au cours duquel il avait asséné à de multiples reprises qu'il ne démissionnerait pas, il a fini par être rattrapé par les événements. 

Trois semaines après la finale de la Coupe du monde remportée par la Roja et à l'issue de laquelle il avait embrassé de force Jennifer Hermoso sur la bouche, l'affaire connaît un premier dénouement, qui paraissait inévitable, tant Luis Rubiales a navigué à vue ces dernières semaines, contesté de toutes parts.

Dans l'œil de la justice

Depuis le 20 août, le désormais ex-président est notamment dans le viseur de la justice. A la fin du mois, le parquet a ouvert une enquête contre Luis Rubiales pour "agression sexuelle". Quelques jours plus tard, le 6 septembre, Jenni Hermoso a décidé de porter plainte, permettant au parquet de lancer des poursuites et de demander son inculpation. En Espagne, un baiser non consenti peut être considéré, depuis une récente réforme du Code pénal, comme une agression sexuelle.

La pression qui pesait au-dessus de Rubiales était aussi politique. Dans un pays qui a beaucoup œuvré ces dernières années pour la condition des femmes et contre les violences machistes, le gouvernement s'était très rapidement penché sur l'affaire. Le jour même des faits, la ministre de l'Egalité Irene Moreno avait pris la parole sur X, estimant qu'il ne fallait pas "considérer que donner un baiser sans consentement est une chose 'qui arrive'" et que c'était "une forme de violence sexuelle que nous, les femmes, subissons au quotidien".

Le lendemain, le Premier ministre Pedro Sanchez avait durci le ton, pas convaincu par la vidéo d'excuse de Luis Rubiales, les qualifiant d'"inappropriées" et l'appelant à "aller plus loin". Plusieurs ministres avaient demandé explicitement sa démission, avant que le gouvernement ne sollicite également le Tribunal du sport pour que Rubiales soit suspendu.

Attaqué sur tous les terrains

Surtout, Luis Rubiales s'est retrouvé contesté sur le terrain sportif, peut-être celui qui importe le plus pour un président de fédération. Suspendu provisoirement par la Fifa pour une durée de 90 jours après une enquête interne, attaqué par la Ligue féminine de football professionnel devant le Conseil supérieur des sports, il a même été lâché par ses deux sélectionneurs, Luis de la Fuente et Jorge Vilda, qui avaient pourtant dans un premier temps manifesté leur soutien, au premier rang pour applaudir son discours à la Fédération. 

Le premier a présenté ses excuses et exprimé ses regrets quelques jours plus tard. Alors que la majorité de son staff présentait sa démission, le second a d'abord déclaré regretter le "comportement inapproprié" de son président, avant d'être démis de ses fonctions.

Rubiales a en particulier été désavoué par les internationales, qui ont annoncé renoncer à la sélection tant que "les dirigeants actuels [étaient] maintenus". L'appel a été signé par les 23 toutes nouvelles championnes du monde, suivies par plusieurs dizaines d'autres joueuses du réservoir de la Roja. De grandes gloires du football dans le pays, tels qu'Iker Casillas ou Andres Iniesta, ont aussi exprimé leur colère et leur honte face à la situation, alors que la sélection masculine a elle également dénoncé, au début de son rassemblement, le "comportement inacceptable" de Luis Rubiales. Des attaques de toutes parts qui ont finalement eu raison de sa capacité à "faire [son] travail" et de son maintien en poste.

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