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Coupe du monde : 10 réponses à Jean-Louis, votre beau-père qui n'aime pas le foot

Joueurs trop payés, mal élevés, valeurs de l'ovalie... A chaque Coupe du monde, Jean-Louis vous casse les pieds. Francetv info lui répond.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Les Brésiliens Thiago Silva et Neymar, le 30 juin 2013 au stade Maracana, à Rio (Brésil). (WAGNER MEIER / AGIF / AFP)

Impossible d'y échapper. Avec la Coupe du monde, les détracteurs du football sortent du bois, particulièrement si l'équipe de France refuse de descendre du bus, comme en 2010 à Knysna. Dans votre entourage, c'est Jean-Louis, votre beau-père, qui vient vous casser les pieds tous les quatre ans avec sa mauvaise foi et ses contre-vérités.

Mais cette année, vous ne vous laisserez pas faire. Francetv info vous propose 10 réponses pour le renvoyer dans ses buts.

1"Tous ces milliardaires trop payés, ça me dégoûte"

C'est l'argument préféré de Jean-Louis. Il vous le ressort à chaque repas de famille, dès que le football vient dans la conversation. A première vue, on peut effectivement juger que les 60 millions d'euros annuels que touche Cristiano Ronaldo sont excessifs. Mais ce constat est un peu hâtif : les footballeurs appartiennent à un secteur particulier, le sport de haut niveau, et ne sont même pas les sportifs les mieux payés.

Cette année, c'est le boxeur Floyd Mayweather qui domine le classement Forbes, avec 77 millions de dollars. Dans le top 10, on trouve certes deux footballeurs (2e et 4e) mais également deux basketteurs, deux golfeurs, deux tennismen et un footballeur américain. Si on élargit au top 100, le sport le plus représenté est le baseball avec 27 joueurs, suivi du basket (18 joueurs) et du football américain (17 joueurs). Le football se classe quatrième (15 joueurs).

Jean-Louis insiste ? Dites-lui que la carrière d'un footballeur est courte, qu'elle peut prendre fin à tout moment à cause d'une vilaine blessure et que la reconversion n'est pas toujours simple. Vous pouvez ajouter que la Coupe du monde n'est pas une compétition de milliardaires, puisqu'on y trouve des équipes composées de joueurs de division inférieure comme celles de l'Iran ou du Honduras.

Il n'en démord pas ? C'est le moment de sortir l'argument massue : les footballeurs de Ligue 1 paient leurs impôts en France, contrairement à certains tennismen français exilés fiscalement en Suisse. Selon le président de la LFP (PDF), Frédéric Thiriez, les joueurs de Ligue 1 versent chaque année à l'Etat 320 millions d'euros.

2"OK, OK. Mais bon, tu ne peux pas nier que c'était mieux avant quand même, à mon époque"

Faux, archifaux. Si vous avez un ordinateur à proximité, montrez à Jean-Louis un extrait d'un match des années 1970. Comme le raconte Slate.fr, Simon Kuper, le chroniqueur football du Financial Times, a fait l'expérience avec la finale de la Coupe du monde 1974. "Les gens ont rigolé tellement c'était lent, le jeu sans tempo", raconte-t-il. Toujours sur Slate, le spécialiste de l'histoire du football à L'Equipe, Didier Braun, est implacable : "Sur le plan de l'évolution du jeu, il est évident que c'est mieux aujourd'hui. Il suffit de revoir les images : le jeu va plus vite, les joueurs sont plus forts techniquement."

3"Enfin, y a quand même bien plus important dans la vie que 22 bonshommes qui tapent dans un ballon"

Peut-être. Mais ne minimisons pas l'importance de cette Coupe du monde. Quel événement est capable de réunir 700 millions de téléspectateurs, l'audience de la finale Espagne-Pays-Bas en 2010 ? En France, le premier match des Bleus contre l'Uruguay avait été regardé par 15 millions de téléspectateurs.

Au-delà des audiences, l'impact d'une Coupe du monde n'est pas négligeable, sans aller jusqu'aux théories de Raymond Domenech. Dans un Brésil secoué par des mouvements sociaux depuis un an, le parcours de la Seleçao est crucial cette année. "Si le Brésil est rapidement éliminé ou si l'organisation est chaotique, cela peut exacerber un mécontentement social déjà très fort", expliquait à francetv info Juan-Carlos Rodado, économiste chez Natixis.

En France, le gouvernement mise beaucoup sur un parcours honorable de l'équipe de France. "Je souhaite que le Mondial soit un moment de cohésion derrière nos couleurs. Un moment de cocorico. Je pense que le pays a vraiment besoin de cela", expliquait au Monde la ministre des Sports, Najat Vallaud-Belkacem. Plus concrètement, François Hollande rêve sans doute de profiter de la Coupe du monde pour soigner son impopularité. Comme le démontre notre blog ElectionScope, il y a bien un effet positif des résultats de l'équipe de France sur la popularité d'un président de la République.

4"De toute façon, le foot, ça vaut rien. Les valeurs de l'ovalie, c'est autre chose mon gars"

En bonne victime de la mode, Jean-Louis adore le rugby autant qu'il déteste le foot. C'est l'occasion rêvée de lui faire un bon tacle glissé. Commencez par rappeler que le XV de France n'a jamais remporté la moindre Coupe du monde et que si le rugby n'est que le 7e sport le plus pratiqué en France, derrière le football ou l'équitation, ce n'est pas un hasard.

Si vous n'avez pas peur d'user d'un peu de mauvaise foi, enchaînez en expliquant, comme l'a justement relevé So Foot, que le rugby était le sport préféré du régime de Vichy et de l'Afrique du Sud raciste de l'apartheid. On a connu mieux niveau valeurs. 

5"Ouais, peut-être. Mais au moins, les rugbymen, ce sont des mecs bien. Ils n'insulteraient pas les journalistes comme Nasri. Et je ne te parle pas des handballeurs"

Jean-Louis, Jean-Louis... Ce n'est pas sérieux ! Demandez-lui s'il a déjà vu des footballeurs se distribuer des bourre-pifs en plein match ? Cela n'arrive que très rarement et l'arbitre sanctionne durement ces comportements. Au rugby, les poings volent à chaque match ou presque.

Et quand ce ne sont pas les joueurs, ce sont les parents qui s'y mettent. Vous vous souvenez de Lucien Harinordoquy déboulant sur le terrain pour cogner les adversaires de son fils ? Côté langage, rappelez à Jean-Louis "la sodomie arbitrale" dénoncée par le président du club de Toulon, Mourad Boudjellal. Quant aux handballeurs, Jean-Louis oublie un peu vite la triste affaire des paris truqués dans laquelle des soupçons planent sur les frères Karabatic et l'équipe de Montpellier.

6"Mouais. Y a quand même que les footballeurs qui nous ont collé la honte en ne descendant pas du bus"

Nous y voilà. Knysna, le point Godwin de l'équipe de France. Les footballeurs n'ont pas le monopole de ce genre de bêtises. Racontez à Jean-Louis comment Mathieu Bastareaud a choqué la Nouvelle-Zélande en inventant une histoire d'agression dans les rues de Wellington, lors de la Coupe du monde de rugby en 2009. Vous pouvez aussi rappeler le bras d'honneur de Cédric Pioline contre le public du tournoi de Bercy en 1996.

7"Et puis, surtout, tes mecs, ce sont des chochottes ! Ils tombent pour un rien"

Jean-Louis devrait jouer un peu plus souvent au football. On l'oublie mais c'est un sport de contact où le risque de blessures à la cheville ou au genou est élevé. Selon Le Figaro, il est évalué entre 4 et 7,6 blessures pour 1 000 heures de pratique. S'il revient à la charge, c'est le moment de lui raconter comment Fabien Lemoine a perdu un rein ou comment ce malheureux joueur indonésien est mort après un tacle trop appuyé.

8"De toute façon, le Mondial, c'est moche. Regarde l'explosion de la prostitution"

Encore une légende urbaine ! Toutes les études sérieuses, épluchées par Slate.fr, montrent qu'il n'y a pas d'augmentation de la prostitution ou du trafic d'êtres humains pendant une Coupe du monde.

9"En tout cas, moi, je vais en profiter pour aller traîner dans les bars. Il y aura plein de filles seules"

Jean-Louis risque bien d'être déçu. Le football est une passion de plus en plus mixte. Selon un sondage KantarSport relayé par RTL.fr, 44% des femmes vont suivre les aventures des Bleus et 20% regarderont également les plus beaux matchs.

10"La Fifa est quand même gonflée. Elle dicte sa loi au Brésil et exploite les Brésiliens pour se faire de l'argent"

Après 45 minutes (oui, une mi-temps) de conversation, Jean-Louis met enfin le pied sur le ballon. Oui, la Fifa se comporte de manière très critiquable au Brésil, en obligeant par exemple le pays à lever l'interdiction de vendre de l'alcool dans les stades, en exigeant des exemptions d'impôts pour ses partenaires ou en demandant, via Michel Platini, membre du comité exécutif, aux manifestants brésiliens de se calmer.

Pire, son secrétaire général, Jérôme Valcke, a estimé qu'"un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du Monde", citant en exemple Vladimir Poutine, "un homme fort qui peut décider". Mais la Fifa n'est pas responsable de tous les maux du Brésil. La corruption, qui a fait exploser les coûts de construction des stades, n'est pas de son fait.

Surtout, il serait illusoire de penser que les investissements de la Coupe du monde, qui n'ont pas amputé les budgets sociaux selon la présidence brésilienne, pourraient régler les problèmes d'éducation ou de logement. Selon Libération, les quelque 10 milliards d'euros d'investissements attendus ne représenteront que 9% des 91 milliards  d'euros que consacre chaque année le gouvernement brésilien à l'école. 

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