Coupe du monde : les quatre coachs qui ont fait la différence
Ils ont emmené leur équipe en demi-finale du Mondial. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs tactiques ?
"Je pense que l'équipe qui ira chercher le titre est celle qui a l'entraîneur le plus intelligent." L'analyse est signée du milieu allemand Bastian Schweinsteiger. Tous les demi-finalistes ont montré une faiblesse, ou n'ont jamais réellement convaincu depuis le début de la Coupe du monde. Alors, pour atteindre le dernier carré de la compétition, les sélectionneurs encore en lice ont fait preuve de malice tactique, d'un art certain du contrepied pour déjouer les attentes de l'adversaire et l'emporter à la fin. Francetv info décrypte les quatre coachings gagnants des sélectionneurs néerlandais, allemand, brésilien et argentin.
Louis Van Gaal : le coup de génie des tirs au but
Il est l'auteur, depuis le banc de touche, de l'action la plus spectaculaire des quarts de finale. Contre le Costa Rica, les Pays-Bas ne sont pas parvenus à inscrire le moindre but au terme du temps réglementaire et de la prolongation. Place aux tirs au but. Louis Van Gaal remplace alors, à la surprise générale, son gardien titulaire, Jasper Cillessen, pour Tim Krul. "Tim est le plus approprié pour stopper des tirs au but. Il a une grande détente et est très imposant", a expliqué le tacticien néerlandais après le match. "J'ai tenu compte des meilleures statistiques de Krul dans cet exercice. Je ne pense pas avoir pris la mauvaise décision."
De fait, le gardien de Newcastle, 1,93m, a défié les tireurs costaricains de la voix et du regard, et arrêté deux penalties. Les Pays-Bas l'emportent 4-3, et la presse néerlandaise crie au génie de Van Gaal, relaye Courrier international. Ce coup de poker, pourtant, n'est pas inédit, rappelle Slate. Le futur entraîneur de Manchester United avait déjà eu le nez fin contre le Mexique en huitièmes : il avait fait entrer Jan-Klaas Huntelaar en tout fin de match. Un coaching gagnant puisque l'attaquant avait touché huit ballons, pour un but et une passe décisive. Les Pays-Bas avaient gagné 2-1 dans les dernières minutes.
Luiz Felipe Scolari : l'esprit du guerrier pour les Brésiliens
Finis les dribbles, les petits ponts et le football "samba". Le Brésil préfère désormais la raça et la garra – autrement dit, la hargne et l'envie – au joga bonito, l'habituelle marque de fabrique de la Seleçao. Scolari a modifié l'ADN de l'équipe brésilienne pour en faire une machine à gagner, moins technique mais plus vicieuse. Le Brésil sait désormais simuler, faire des fautes, ralentir ou faire de l'antijeu quand cela sert ses desseins. "On n'est pas là pour le spectacle. On est là pour courir, jusqu'à ne plus en pouvoir de fatigue et sortir vainqueur", avait résumé Neymar, l'attaquant vedette de la Seleçao avant le quart contre la Colombie.
Pour retrouver chez ses joueurs un état d'esprit de guerrier, Scolari a aussi fait appel à Regina Brandao, une psychologue du sport. En huitièmes, les Brésiliens avaient versé quelques larmes au moment d'affronter le Chili aux tirs au but. La pression sur la Seleçao est effectivement énorme : 200 millions d'habitants attendent un sixième titre, à domicile, au Maracana, le 13 juillet au soir. Pari réussi côté mental : en quart, les Auriverdes ont affiché un moral d'acier et un visage plus combatif pour l'emporter 2-1. Parviendront-ils à garder cette attitude en demi, alors que le Brésil devra faire sans sa star, Neymar, blessé à une vertèbre et forfait pour la fin du Mondial ?
Joachim Löw : le jeu allemand modernisé
Un milieu offensif en avant-centre, il fallait oser. Joachim Löw, 54 ans, a placé Thomas Müller, le joueur du Bayern, à la tête de son attaque. Résultat, ce dernier a terminé meilleur buteur de la Coupe du monde 2010, et a déjà marqué à quatre reprises cette année. Dans le genre changement de postes, le sélectionneur de la Mannschaft a aussi replacé Philipp Lahm au milieu plutôt qu'à son poste naturel d'arrière droit. Sauf contre la France, où Lahm a étouffé Griezmann sur l'aile en défense.
Avec Joachim Löw, l'Allemagne a abandonné son jeu rugueux, défensif, et développe un football attrayant qui a emmené la sélection en finale de l'Euro 2008, et en demi-finales du Mondial en 2010 et de l'Euro 2012. Mais, durant cette période, ce n'est plus l'Allemagne "qui gagne à la fin". Du coup, Joachim Löw est mal-aimé en son pays. Pourtant, il est l'entraîneur "le plus constant, le plus moderne et le plus prestigieux de toute notre Histoire. Mais les Allemands ne le comprennent pas, trop nostalgiques qu'ils sont d'un monde révolu", plaide pour lui l'hebdomadaire Bild, traduit par Courrier international. Pour sûr, une finale gagnée le 13 juillet changerait leur avis sur ce "scientifique du football".
Alejandro Sabella : jongler avec un Ballon d'or
Mission accomplie pour l'Albiceleste. L'Argentine est en demi-finale, un stade de la compétition qu'elle n'avait plus atteint depuis 1990. Elle peut remercier Lionel Messi, certes, auteur de quatre buts dans ce Mondial, mais aussi Alejandro Sabella. Le coach a réussi à faire briller le quadruple Ballon d'or en sélection. Il a construit son équipe avec cet objectif. Il a écouté les desiderata de son meilleur joueur, alignant Messi, Di Maria, Higuain et Agüero. Il a écarté Tévez, pour des raisons d'ambiance au sein du groupe.
"A l'instar de son système de jeu, l'homme est une énigme", résume The Guardian (en anglais). On dirait que la stratégie de l'Argentine consiste à aligner Lionel Messi et dix autres joueurs, et d'ajouter un soupçon de chances là-dedans. Et on ne sait même pas si c'est vraiment ce que Sabella veut." Peu importe, puisque jusqu'ici, cette tactique a parfaitement fonctionné. Et si l'Albiceleste n'enchante personne, cela faisait néanmoins longtemps qu'elle n'avait pas été aussi efficace.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.