Départ de Didier Deschamps en 2026 : comment le contexte autour du sélectionneur s'est crispé depuis plusieurs mois

Le patron des Bleus depuis 2012 a annoncé, mercredi, qu'il quitterait son poste à l'issue de la Coupe du monde 2026.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Didier Deschamps lors de la demi-finale de l'Euro 2024 entre l'Espagne et la France, le 9 juillet, à Munich. (FRANCK FIFE / AFP)

L'annonce intervient au moment où sa cote de popularité atteint son niveau le plus bas en plus de 12 années à la tête de l'équipe de France. "Ça s'arrêtera là parce qu'il faut que ça s'arrête à un moment. J'ai fait mon temps. 2026, c'est très bien", s'est brièvement justifié Didier Deschamps sur le plateau du 13 heures de TF1, mercredi 8 janvier. Un essoufflement s'était fait sentir en 2024 et cette décision semble être la suite logique d'une année de crispations.

Le sélectionneur avait pourtant entamé cette année dans une position confortable, renforcée par un cru 2023 particulièrement prolifique (3,4 buts par match en moyenne, incluant un mémorable 14-0 contre Gibraltar), malgré la démission forcée de Noël Le Graët, président de la FFF et son allié depuis ses débuts comme patron des Bleus. Sur le plan sportif, le renouvellement générationnel semblait être sur la bonne voie, avec l'émergence des Mike Maignan et autre Aurélien Tchouameni venant combler la perte récente de cadres de l'équipe de France comme Hugo Lloris et Raphaël Varane.

"S'ils n'aiment pas, qu'ils changent de chaîne"

Vice-champions du monde, les Bleus ont naturellement abordé 2024 avec des ambitions élevées. Dans le viseur, un potentiel sacre à l'Euro, trois ans après l'échec cuisant contre la Suisse, dès les huitièmes de finale. Dans la peau de favoris, ils ont posé leurs valises en Allemagne, en dépit d'une préparation peu enthousiasmante. En mars, ils subissent une défaite à domicile face à des Allemands convalescents (0-2) et doivent batailler face au modeste Chili pour s'imposer (3-2). En juin, les deux sorties de juin contre le Luxembourg (3-0) et le Canada (0-0) ne font pas lever les foules.

Surtout, la tête n'est pas au football. L'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le Président de la République a relégué le fait sportif au second plan quelques jours avant le coup d'envoi du championnat d'Europe. Certains joueurs prennent position politiquement contre la montée de l'extrême droite, Didier Deschamps voit sa neutralité légendaire mise à l'épreuve : "Il y aura des pour, des contre, ça plaira, ça ne plaira pas (...). A titre personnel, je ne peux que suivre".

Pas le plus à l'aise sur le terrain politique, Deschamps s'en sort, mais se retrouve sous le feu des critiques dans son domaine de compétence : le jeu. Au cœur d'une phase de groupes peu spectaculaire, avec seulement deux buts marqués (1 contre-son-camp et 1 sur pénalty), il s'agace en conférence de presse face aux critiques rapportées par les journalistes : "Si les gens n'aiment pas ce qu'ils voient, qu'ils changent de chaîne". Ses Bleus ont beau continuer leur route jusqu'en demi-finales, le spectacle n'est pas au rendez-vous.

Poussifs contre une Belgique peu séduisante (1-0), ses joueurs doivent attendre 120 minutes et la séance de tirs au but pour faire trembler les filets du Portugal (0-0), avant d'échouer logiquement face à une Espagne supérieure (1-2) aux portes de la finale. A l'issue du tournoi, Kylian Mbappé reconnaît un Euro "raté", Olivier Giroud rend son tablier dans l'anonymat et les choses ne s'arrangent pas à l'automne.

L'automne de la discorde

La soudaine retraite internationale d'Antoine Griezmann, chouchou incontesté du public, montre que quelque chose cloche en équipe de France. Le vice-capitaine des Bleus a claqué la porte de la sélection le 30 septembre, alors qu'il évolue toujours au plus haut niveau avec l'Atlético de Madrid. En plus de donner l'impression que quelque chose s'est brisé dans la relation entre le joueur et les Bleus, c'est un peu comme si une partie de l'âme des années Deschamps s'était envolée. "Grizou" était et restera le joueur plus utilisé par "DD" à la tête des Bleus (137 matchs).

Dans le même temps, Kylian Mbappé manque le rassemblement d'octobre alors qu'il a repris la compétition avec le Real Madrid. Pendant que ses coéquipiers affrontent Israël et la Belgique, il est alors photographié en pleine escapade en Suède et se retrouve au cœur d'une enquête pour viol, avant d'être mis hors de cause par la justice suédoise mi-décembre. L'attaquant et capitaine sera également absent de la dernière liste de l'année. "C'est mieux comme ça", se justifie Deschamps, volontairement évasif.

Sur le terrain, les Bleus ne sont toujours pas séduisants et les Français ont fini par prendre Didier Deschamps au mot, en zappant : ils étaient moins de quatre millions pour regarder Israël-France sur TF1 le 10 octobre. En même temps qu'ils enregistraient leur plus faible audience depuis 2019 et un amical contre la Bolivie (2,95 millions), les footballeurs tricolores ont vu leurs homologues rugbymen leur passer devant. Les trois matchs de la tournée d'automne du XV de France ont en effet attiré plus de téléspectateurs en moyenne que les quatre dernières soirées de Ligue des nations (5,3 millions contre 4,7 pour le foot). Didier Deschamps a un an et demi pour inverser la tendance jusqu'à son dernier défi : le Mondial 2026 en Amérique du Nord.

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