Football : "On va se défoncer pour les supporters qui nous suivent", promet la latérale des Bleues Sakina Karchaoui avant Paris 2024

Avant de disputer ses deuxièmes Jeux olympiques, la Parisienne de 28 ans doit aider les Bleues à se qualifier pour le prochain Euro.
Article rédigé par Gabriel Joly
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
L'internationale tricolore Sakina Karchaoui face à l'Allemagne en Ligue des nations à Lyon, le 23 février 2024. (SIPA)

Toutes les têtes sont déjà tournées vers les Jeux olympiques. Mais avant de rallier Lyon où elles logeront durant la compétition, les Bleues ont pour mission de valider leur ticket pour l'Euro 2025 en Suisse. Pour cela, il leur faut une victoire, contre la Suède à Dijon vendredi 12 juillet ou en Irlande le 16 juillet. Au cœur de la préparation des joueuses d'Hervé Renard à Clairefontaine en vue d'un été animé, la latérale du Paris Saint-Germain, Sakina Karchaoui, s'est confiée à franceinfo: sport.

franceinfo: sport : A quelques jours de l'entrée des Bleues aux Jeux olympiques (contre la Colombie le 25), arrivez-vous à vous projeter dans la compétition ou les deux matchs à venir qualificatifs pour l'Euro vous empêchent d'être focalisée à 100% ?

Sakina Karchaoui : Les Jeux olympiques, ça fait des années qu'on y pense. Là, c'est demain. Même si ces deux matchs de qualification vont être importants.

Êtes-vous arrivée à Clairefontaine pour le début de la préparation avec la sensation d'avoir assez coupé après une longue saison ?

À la fin de l'année, on était vraiment lessivées, mentalement et physiquement. Ces trois semaines de vacances ont fait du bien, on aurait aimé avoir un mois, mais cela a permis de se ressourcer et de revenir au maximum de notre forme.

On a laissé les Bleues sur une prestation difficile contre l'Angleterre à Saint-Etienne (1-2). Hervé Renard avait même parlé d'une prestation "indigne" en première période. À froid, comment expliquez-vous que vous soyez passées à côté ? 

Au match aller, on a fait un très bon match [victoire 2-1, quatre jours plus tôt à Newcastle]. C'est important de le dire car on a été solides défensivement. C'est vrai qu'au retour, on savait que les Anglaises allaient attaquer fort et il y a eu aussi beaucoup de fatigue. D’ailleurs là, on le ressent pendant la préparation. Ce match-là n'était pas le meilleur, c'est normal que le coach tape du poing sur la table. C'est comme ça qu'il nous réveille aussi. On sait les erreurs qu'on fait et on essaie de les réparer.

Dans l'équipe, plusieurs joueuses peuvent jouer à deux ou trois postes. Vous étiez d'ailleurs ailière gauche lors de votre dernière sélection. Est-ce une volonté clairement exprimée par le sélectionneur d'avoir autant de polyvalence en vue des Jeux ?

On a beaucoup d'échanges avec le coach et l'adjoint Laurent Bonadéi à ce sujet. Être polyvalente, c'est toujours un plus dans un groupe, ça donne beaucoup plus de solutions. D'autant qu'on va enchaîner tous les trois jours aux JO : on ne pourra jamais jouer tous les matchs. Pour ma part, j'étais relayeuse à Newcastle. Pourtant, c'est un poste auquel je ne joue pas du tout en club. Là, j'ai joué sur l'aile. Je jouais comme numéro 10 plus jeune... Ce sont des postes qui ne sont pas habituels mais pas inconnus non plus.

"J'ai démontré en Angleterre que je pouvais jouer au milieu."

Sakina Karchaoui

à franceinfo: sport

Avec le PSG, je veux jouer un cran plus haut l'année prochaine, on en a parlé avec le club. J'adore le poste de latérale gauche, on va dire que je le maîtrise à merveille. Donc aujourd'hui, j'aimerais bien évoluer plus haut pour pouvoir encore plus appuyer sur ma qualité de dribble et de percussion. Ce sera au nouveau coach d'en décider [Fabrice Abriel a été nommé entraîneur lundi].

Vous approchez de votre sixième compétition internationale avec les Bleues, comment se traduit votre rôle de leader au sein du groupe ?

C'est quelque chose de très naturel. C'est un plaisir de transmettre à la future génération, de mettre à l'aise les jeunes pour qu'elles puissent s'exprimer à 100%. Je veux continuer à donner le bon exemple. Dans le foot, on a souvent deux personnalités. Sur le terrain et dans la vie de groupe, il faut savoir dire les choses avec les bons mots. En famille, je suis Sakina, quelqu'un de toujours calme.

Vous êtes partie de chez vous à 12 ans pour poursuivre votre formation au Montpellier HSC. Diriez-vous que cela a eu un impact sur votre caractère aujourd'hui ?

Clairement, ça m'a forgée ! Le fait d'être plus autonome aide à prendre des décisions plus rapidement. Moins s'appuyer sur les parents, ça m'a vraiment fait grandir sur tous les aspects de ma vie. C'était une expérience difficile car je suis l'avant-dernière d'une fratrie de cinq enfants, sans compter les demi-frères et des demi-sœurs. Quitter le cocon familial et se retrouver en famille d'accueil, seulement à trois avec le papa et la maman... J'en ai pleuré mais j'ai su faire face à ces épreuves.

Sakina Karchaoui sous les couleurs du PSG contre Manchester United en Ligue des champions, le 18 octobre 2023. (SIPA)

En 2019, vous avez participé à la Coupe du monde en France sans avoir beaucoup de temps de jeu. Avez-vous un sentiment de revanche avant de disputer un nouveau tournoi à la maison ?

Cette période-là, c'est mal tombé avec le Mondial... (Elle réfléchit.) Depuis huit ans que je suis en équipe de France, il n'y a que cinq mois où je n'ai pas joué. C'était une décision de la coach [Corinne Diacre, qu'elle ne nomme pas], c'est vrai que ce n'était pas l'amour fou avec l'ancienne sélectionneuse. Ça m'a enlevé une compétition à la maison, comme à d'autres filles, dont Delphine Cascarino et Grace Geyoro.

"On est restées solidaires, on s'est tirées vers le haut pour ne pas lâcher. C'était une période compliquée car on se dit : 'J'ai tout pour jouer, j'avais tout pour être sur le terrain et on m'a mise à côté.' C'était une épreuve très dure à encaisser parce que c'était injustifié."

Sakina Karchaoui

à franceinfo: sport

Aujourd'hui, il faut prendre en compte cette expérience-là. Les Jeux olympiques, c'est quelque chose d'incroyable. Quand j'ai su que c'était en France, je me suis dit qu'une deuxième compétition chez soi, ce n'est pas donné à tout le monde. Il faut avoir le sourire, on va se défoncer pour les supporters qui viennent nous suivre. En plus, on sera proches de nos familles aussi, c'est magnifique. Tout est réuni pour aller tout casser.

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