Foot : droits TV, programmation de la Ligue 2, supporters... Les grands chantiers qui attendent Vincent Labrune, réélu à la tête de la LFP

Le football français, dont l'image a été passablement écornée ces dernières semaines, et son instance dirigeante, la Ligue de football professionnel, vont devoir faire face à plusieurs défis pour relever la tête.
Article rédigé par franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
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Vincent Labrune, le 11 octobre 2022 au Parc des Princes, lors du match entre le Paris Saint-Germain et Benfica. (FRANCK FIFE / AFP)

Vincent Labrune va retrouver son siège de patron du football professionnel français pour les quatre prochaines années. L'élection du prochain président de la Ligue de football professionnel (LFP) – qui l'opposait à Cyril Linette – s'est tenue mardi 10 septembre, et l'ancien président de l'Olympique de Marseille a été largement réélu, avec 14 voix sur 17.

Les chantiers pour la mandature 2024-2028 s'annoncent nombreux et parfois compliqués. De l'épisode rocambolesque des droits TV de la Ligue 1, accordés à DAZN, dont les remous font encore l'actualité, en passant par la colère des supporters des clubs de Ligue 2 envers beIN Sports quant à la programmation de matchs en semaine, les défis ne manquent pas. Petit tour d'horizon.

Droits TV : piratage, prix de l'abonnement DAZN... Un besoin de clarification

Il s'agit probablement de l'étape la plus décisive pour redonner à la Ligue 1 McDonald's un peu d'éclat. Le feuilleton de l'attribution des droits TV pour la période 2024-2029, finalement récupérés par DAZN pour 400 millions d'euros annuels (plus une affiche pour beIN Sports pour 100 millions d'euros annuels), a laissé des traces indélébiles. Le service de streaming, qui a annoncé lundi 9 septembre procéder à un réajustement de ses tarifs, peine à trouver son public. Pire, le prix de l'abonnement, jugé excessif par de très nombreux supporters et amateurs de foot, a conduit à une augmentation significative du piratage via des systèmes d'IPTV ou de boucles sur des plateformes comme Telegram. 

Le candidat Cyril Linette avait pris l'engagement pendant la campagne de "convaincre DAZN de baisser le plus vite possible son prix", afin d'éviter une "catastrophe". "DAZN s'est trompé dans sa politique commerciale. Ils sont partis sur un prix qui reflète plutôt leur culture anglaise", expliquait-il notamment. Largement battu, il n'aura pas à se charger de cet épineux dossier. Il avait d'ailleurs annoncé qu'il renoncerait à son siège au conseil d'administration s'il n'était pas élu président.

Ligue 2 : résoudre la question de la programmation

A compter de cette saison, le multiplex de la journée de Ligue 2 n'est plus programmé le samedi soir, mais le vendredi soir. Un changement majeur pour les supporters, qui, en plus des difficultés à s'organiser pour aller soutenir leur équipe lorsqu'elle joue à l'extérieur, pose problème pour se rendre au stade après le travail en fin de semaine. De fait, le climat a été particulièrement tendu lors des premières journées après cette modification décidée pendant l'été, alors que les campagnes d'abonnement des clubs avaient déjà commencé.

"Le football, c’est le week-end" et "beIN Sports tue la Ligue 2", pouvait-on lire sur deux banderoles déployées dans les kops du stade Saint-Symphorien, lors de Metz-Bastia, le 19 août. Des incidents et des violences subies par des équipes de beIN Sports ont également été rapportés. Ces derniers jours, l'Association nationale des supporters (ANS) et le diffuseur "qui investit 40 millions d'euros par saison", selon son directeur de l'antenne, Florian Houzot – ont entamé le dialogue, mais la balle devrait revenir dans le camp des clubs et de la LFP.

Supporters : renouer un dialogue constructif

A lire le point précédent, on peut mesurer l'effort à fournir, aussi bien du côté de la Ligue que des différents groupes de supporters. En amont de l'élection à la LFP, l'Association nationale des supporters a adressé aux candidats un questionnaire avec cinq grands thèmes. Parmi ceux-ci, on retrouve les mesures disciplinaires prises à l'encontre des groupes de supporters, l'un des chevaux de bataille de ces derniers. L'objectif est de chercher à diminuer les huis clos – complets ou partiels – et les suspensions touchant les clubs et leurs fans.

Dans la même lignée, les arrêtés préfectoraux et les interdictions de déplacement sont dans le viseur. L'idée de l'ANS est d'aboutir à des sanctions davantage individualisées en cas d'infraction, afin de ne pas les faire peser sur des clubs de plus en plus fragiles financièrement, ou de pénaliser tous les supporters d'un club pour les fautes de quelques-uns. Un autre point de discorde, l'utilisation des fumigènes et autres engins pyrotechniques, devrait également revenir sur la table.

Quid de la multipropriété ?

L'inquiétude quant au phénomène de multipropriété grandit un peu plus chaque saison. Des fonds d'investissement achètent des parts, majoritaires ou minoritaires, dans des clubs français, remettant parfois en cause l'identité même de ces clubs. La fronde des supporters strasbourgeois, qui ont vu le consortium américain BlueCo, qui possède notamment Chelsea, prendre les rênes à l'été 2023, n'est pas redescendue.

"L'an dernier, on attendait de voir ce qui allait se passer, expliquait Maxime, porte-parole du principal groupe de supporters strasbourgeois, les UB90, à l'AFP début août. Maintenant, on constate que nos inquiétudes se sont vérifiées. Nous ne sommes plus indépendants et le projet n'est plus sportif, mais axé sur des actifs financiers qui servent d'autres intérêts. On est devenu une ligne dans un compte."

Les questions d'un meilleur encadrement de ce phénomène, probablement amené à se renforcer dans les années à venir, et d'une vigilance accrue sur la solidité des actionnaires, vont se poser. Cette saison, pas moins de neuf des 18 équipes engagées font partie d'une multipropriété (Strasbourg, Lyon, Toulouse, PSG, Monaco, Nice, Lens, Lorient, Clermont).

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