Foot : violences dans les stades, relations avec la Ligue, foot féminin... Les réponses des deux candidats à la présidence de la FFF sur cinq dossiers
Une élection pleine d'incertitudes. Les dirigeants de clubs amateurs, représentants de ligues, de districts et de clubs professionnels, sont appelés à voter, mardi 10 et mercredi 11 décembre, pour élire le nouveau président de la Fédération française de football (FFF) et son comité exécutif. Philippe Diallo, président sortant en poste depuis janvier 2023 et la mise en retrait de Noël Le Graët, et Pierre Samsonoff, ancien directeur général de la Ligue du football amateur, sont les têtes de liste et candidats à la présidence. Les résultats seront proclamés lors de l'assemblée générale du 14 décembre. Franceinfo:sport s'est entretenu avec les deux candidats et vous présente leurs programmes sur cinq chantiers principaux.
La gouvernance : les clubs amateurs au cœur des programmes
Pour la première fois, les clubs amateurs ont la possibilité de voter lors de cette élection et représenteront 33% du corps électoral, autrefois composé uniquement des clubs professionnels, et délégués de ligues et districts. Ces nouveaux électeurs représentent une incertitude pour le président sortant Philippe Diallo, qui prévoit dans son programme de créer un "conseil consultatif des clubs" et promet de passer les aides au foot amateur de 100 à 150 millions d’euros par an, grâce aux rentrées d’argents permises par le contrat record signé avec l’équipementier Nike.
Pierre Samsonoff va, lui, plus loin sur cette thématique de la gouvernance et souhaite associer les clubs amateurs plus étroitement au fonctionnement de la fédération. "Pour la première fois, ils peuvent voter pour l’élection du président de la FFF. C’est super, mais ensuite ils disparaissent pendant quatre ans du paysage fédéral parce que les assemblées se tiendront, comme avant, avec les représentants du foot pro, des ligues et des districts ? Nous voulons associer les clubs à tout ce qui les concerne, car dans les assemblées fédérales, on vote les règlements généraux, les budgets etc. Donc nous proposons de leur donner le droit de vote lors des assemblées fédérales", affirme-t-il.
Les violences autour du football : des interdictions de stade, même dans le monde amateur
Pour les deux candidats, la lutte contre les violences dans les stades de foot débute au bord des terrains amateurs. "Il faut agir au niveau préventif, sur lequel je pense qu’on n’est pas assez présents aujourd’hui", pointe Pierre Samsonoff. Les deux candidats s’accordent sur une nécessaire formation des éducateurs, arbitres et dirigeants à la "gestion des conflits", et sur des interdictions de stade pour les auteurs de méfaits.
"Je suis convaincu qu’une part de ceux qui se comportent mal sur les terrains amateurs sont aussi spectateurs du foot pro, et quand une sanction est prise par une ligue ou un district, il faut aussi que la personne soit interdite de stade au niveau des pros", insiste Pierre Samsonoff, "quitte à aller pointer au commissariat lors des matchs", ajoute Philippe Diallo. Le président sortant propose également d’équiper les arbitres amateurs de caméras sur des matchs identifiés à risques. "Ça a un effet dissuasif et ça peut servir de preuve", assure-t-il.
Les relations avec la LFP : une autonomie sur le financement mais un droit de regard sur le fonctionnement
Les deux candidats s’engagent à aider économiquement la Ligue de football professionnel (LFP) à travers des aides sur l’arbitrage et la prise en charge financière de l’installation de la VAR en Ligue 2. Et malgré la tourmente dans laquelle se trouve la LFP après une diminution importante des droits TV et les révélations sur les dessous de l’accord avec le fonds CVC, Philippe Diallo et Pierre Samsonoff sont attachés à son autonomie de financement.
En revanche, puisqu’elle exerce une subdélégation de service public accordée par la FFF, Philippe Diallo souhaite "un droit de regard plus précis sur son fonctionnement". "Si je suis élu, je demanderai à mettre autour de la table toutes les parties prenantes : la Ligue, les clubs, la DNCG [Direction nationale du contrôle de gestion, le gendarme financier du foot français] et CVC, pour qu’on partage ensemble un constat et définir quel est le modèle que l’on peut construire pour avoir un rebond de notre foot professionnel, parce que les signaux sont inquiétants aujourd’hui", poursuit-il. Pierre Samsonoff s’engage, lui, à soutenir son développement en tentant de "contribuer au succès des contrats télévisuels" et à être "le garant de la confiance dans le système, en s’assurant que les règles statutaires et le pluralisme soient respectés".
Et si Pierre Samsonoff souhaite la création d’une troisième division professionnelle "en partenariat avec la LFP", Philippe Diallo assure que celle-ci sera plutôt "sous l’égide de la FFF puisque la LFP ne souhaite pas partager les droits TV avec 18 clubs supplémentaires".
Le développement du foot féminin : objectif 500 000 licenciées pour Diallo, mais une professionnalisation inaboutie pour Samsonoff
Pour Pierre Samsonoff, "les effets que l’on pouvait attendre" de la création de la Ligue féminine de football professionnel ne sont pas suffisants. "Il faut que cette ligue féminine pro ait les moyens d’aller chercher les partenaires, ajoute le candidat. On est à un stade de développement du football féminin où l’on a besoin que les structures juridiques restent communes entre les garçons et les filles, car on craint que si on les sépare, il y ait un effet de paupérisation du foot féminin".
Une position qui n’est pas partagée par Philippe Diallo. "Aujourd’hui, pas mal de clubs souhaitent séparer les sections masculines et féminines comme à Lyon, parce que les féminines veulent une certaine indépendance de fonctionnement. Ce sont des éléments que l’on prend en compte", explique-t-il. Le président sortant concède que des progrès sont à faire "sur les installations, la médiatisation" et rappelle son envie de déboucher sur une "convention collective", mais indique que "les signaux sont positifs".
Selon lui, "il faut que l’équipe de France aille chercher un titre qui serait un facteur de dynamisation". Il souhaite également créer des indemnités de formation pour rétribuer les clubs lors du transfert d’une joueuse qu’ils ont formée, et assure que des postes de cadres spécialisées dans le foot féminin seront créés au sein de la Direction technique nationale (DTN).
Concernant le football féminin amateur, tous les deux s’accordent sur le besoin d’investir dans des installations afin que les joueuses aient des vestiaires séparés, pour accueillir correctement les 250 000 licenciées. Un nombre que Philippe Diallo veut doubler.
L’arbitrage : une plus grande indépendance souhaitée par Pierre Samsonoff
Si le sujet de l’arbitrage prête toujours à polémique avec des différences d’interprétation malgré l’appui de la technologie, pas de révolution dans le programme de Philippe Diallo, qui s’appuie sur son bilan. "J’ai créé un comité de liaison entre notre direction de l’arbitrage et les clubs pros. Tous les 15 jours, Antony Gautier, les responsables de l’arbitrage et les présidents de clubs pros se rencontrent pour débriefer. et la DTA leur explique les orientations. C’est un facteur d’apaisement", assure-t-il.
Pour Pierre Samsonoff, "il ne faut pas que des élus de la fédération puissent intervenir sur la désignation, l’évaluation, la promotion ou la relégation d’arbitres. Jusqu’ici, il y a une commission fédérale de l’arbitrage avec des élus fédéraux, et je pense qu’il faut sortir de ce système car cela peut créer des doutes sur l’impartialité".
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