Départ de Christophe Galtier du PSG : après 12 ans, le projet qatarien toujours en chantier
Et de six. En douze saisons à la tête du Paris Saint-Germain, les propriétaires, le groupe Qatar Sports Investments, ont désormais fait partir six entraîneurs qu'ils avaient choisis (Antoine Kombouaré était en place au moment de la prise de contrôle du club par les Qataris en 2011, avant d'être limogé six mois après), en comptant le départ de Christophe Galtier, acté mardi 4 juillet, après seulement une saison passée sur le banc. Pour le club parisien, ce nouveau changement est l'illustration d'une instabilité chronique de ses techniciens, poussés vers la sortie ou non reconduits.
Alors que le Graal européen de la Ligue des champions se refuse obstinément, le projet stagne, voire régresse. Et la valse des coachs se poursuit. Rétrospective d'une grosse décennie, entre errance et frustrations.
Carlo Ancelotti : les fondations (décembre 2011 – 2013)
Quand Qatar Sports Investments rachète le PSG fin mai 2011, le club est un géant qui se redresse, mais a perdu de sa grandeur passée. Une des priorités est d'installer un entraîneur de renom, chose faite avec l'Italien Carlo Ancelotti pour prendre la suite d'Antoine Kombouaré, le 30 décembre, qui quitte ses fonctions alors que son équipe est leader du championnat.
Sportivement, le premier objectif de QSI est accompli : être sur le toit de Ligue 1. En un an et demi, Ancelotti remplit sa mission et fait progresser Paris en Europe, avec un premier quart de finale en 18 ans, et une élimination après deux nuls contre ce qui est encore un grand FC Barcelone. Mais le doute naît vite chez le Transalpin. "Je ne suis pas parti du PSG à cause du Real Madrid, expliquait-il à Canal+ en 2015, deux ans après son départ vers l'Espagne. Je suis parti, car le projet initial avait changé et que c’était devenu juste un problème de résultats."
Laurent Blanc : l'idylle de trois ans (2013-2016)
Pour prendre la suite, Paris veut un coach de stature, à la patte tactique forte. Débarque Laurent Blanc, figure du football français et technicien émérite. L'idylle est presque parfaite lors de ces années qui sont aussi celles de Zlatan Ibrahimovic au PSG. La mainmise est totale en France : il ne manque que la Coupe de France 2014 pour signer trois quadruplés en trois ans. Cette étape cochée, la nouvelle phase du projet QSI peut être amorcée : devenir un grand d'Europe.
Cela restera le plafond de verre de Laurent Blanc, battu trois fois en quarts de finale. Le match retour en 2016 à Manchester City est la goutte d'eau. L'ancien sélectionneur des Bleus réintègre le défenseur Serge Aurier, qui l'avait insulté quelques semaines plus tôt sur le réseau social Periscope, puis il se fourvoie tactiquement au match retour et perd son équipe.
Unai Emery : la remontada (2016-2018)
Après la stagnation vient le début de l'impatience. La direction parisienne réclame du changement et fait arriver Unai Emery, qui reste sur un triplé en Ligue Europa avec Séville. L'entraîneur espagnol tombe tout d'abord sur la saison de grâce de l'AS Monaco, qui chipe le titre de L1 2017. Surtout, Emery sera à jamais le coach du traumatisme du Camp Nou. Vainqueur 4-0 en huitièmes de finale aller de la Ligue des champions, Paris se noie à Barcelone au retour (6-1), une humiliation XXL.
Pour se remettre, Paris dépouille ses bourreaux grâce à son carnet de chèques : 400 millions d'euros sont investis pour Neymar et Kylian Mbappé. En France, ça va mieux avec un nouveau carton plein championnat – coupes – Trophée des champions. Mais en C1, le PSG vit un nouvel échec et une élimination insipide, de nouveau en huitièmes, contre le Real Madrid.
Thomas Tuchel : les montagnes russes (2018 – décembre 2020)
Un nouveau profil arrive sur le banc avec plus de rigueur dans les méthodes : l'Allemand Thomas Tuchel. La première saison est décevante, avec la perte des deux coupes nationales et une nouvelle débâcle en Ligue des champions avec ce huitième de finale retour catastrophique à domicile contre Manchester United.
S'en suit la saison Covid, spéciale à plus d'un titre. Paris est sacré champion anticipé et arrache les deux coupes. En Europe, un miracle contre l'Atalanta en quarts de finale semble briser la malédiction européenne. Paris rejoint la finale, mais bute sur le Bayern Munich. Une frustration, mais, enfin, le sentiment d'une progression, notamment mentale. Qui sera vite balayée par une première partie de saison 2020-2021 moyenne (3e place en L1, deux défaites en groupes de C1) et le renvoi fin décembre de Tuchel. Ce dernier remportera quelques mois plus tard cette Ligue des champions tant convoitée, mais avec Chelsea.
Mauricio Pochettino (janvier 2021-2022), puis Christophe Galtier (2022-2023) : les aventures sans lendemain
Pour succéder à Tuchel, Paris pense tenir l'homme providentiel : Mauricio Pochettino, ancien joueur du club et entraîneur à succès après avoir notamment mené Tottenham en finale de C1. Sa première mission, redresser le PSG en L1, est un échec. Paris laisse le titre au LOSC, plus régulier.
Pochettino se rattrape en Europe, et atteint les demi-finales de Ligue des champions, éliminant au passage le tenant du titre, le Bayern. L'embellie est de courte durée. La saison 2021-2022 se termine avec un seul trophée, en Ligue 1, et une élimination sans gloire en huitièmes de finale de C1, malgré les arrivées retentissantes de Lionel Messi ou Sergio Ramos.
Pochettino poussé dehors, Paris tente le pari Christophe Galtier, établi en France mais novice au plus haut niveau européen. Pour des résultats similaires : sacre en Ligue 1 et Trophée des champions, mais fin de parcours européen dès les huitièmes de finale.
La saison est aussi marquée par les polémiques extra-sportives, des accusations de racisme contre Christophe Galtier durant sa saison à Nice, à la punition contre Lionel Messi pour avoir raté un entraînement. La fin de l'aventure est amère et laisse le PSG à nouveau en chantier.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.