Infographies Ligue 1 : entraîneurs, joueurs... L'instabilité permanente de l'OM de Pablo Longoria en chiffres

Le président de l'OM opère très régulièrement des changements dans l'encadrement technique et l'effectif depuis son arrivée à la tête du club.
Article rédigé par Sasha Beckermann
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
Pablo Longoria, le 9 juillet 2024, à Marseille. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

Après la crise et une saison blanche, le beau temps ? Ballotté d'entraîneur en entraîneur et d'effectifs en effectifs, l'Olympique de Marseille version Pablo Longoria cherche encore et toujours son équilibre. Cette instabilité et cette absence de résultats ont provoqué une grave crise à l'OM en septembre 2023. Une réunion entre les groupes de supporters, insatisfaits du début de saison, et la direction s'était alors envenimée, provoquant la mise en retrait des dirigeants du club. La démission du président espagnol avait même été réclamée.

A la suite de cette entrevue houleuse, Marcelino, entraîneur depuis à peine deux mois, est parti de lui-même, tout comme quelques lieutenants de Longoria, notamment David Friio et Javier Ribalta. On n'oublie pas tout mais on recommence – encore une fois – à zéro. Le club démarre une nouvelle saison samedi 17 août, face à Brest (17 heures) avec un nouvel entraîneur, Roberto De Zerbi, et une équipe largement remaniée par rapport à la saison dernière. 

Une surconsommation d'entraîneurs

L'OM est un club qui consomme les tacticiens à une fréquence intense, l'instabilité y est presque une marque de fabrique. Il n'a pas fallu attendre l'arrivée de Pablo Longoria à sa tête, en février 2021, pour établir ce constat. C'est bien simple, au XXIe siècle, aucun club de Ligue 1 n'en a utilisé autant que le club phocéen : 27 en tout, en comptant les intérims et sans compter les différents passages de ceux revenus plusieurs fois comme Albert Emon, José Anigo, ou encore Franck Passi. 

En revanche, il y a eu une véritable accélération depuis le début de mandat de l'Espagnol. Entre février 2021 et août 2024, Pablo Longoria a connu neuf coachs, d'André Villas-Boas – choisi par son prédécesseur, Jacques-Henri Eyraud – à Roberto De Zerbi, en passant par Marcelino, Gennaro Gattuso, ou encore Jean-Louis Gasset. Des huit coachs qu'il a désignés, le record de longévité appartient ainsi à Jorge Sampaoli, resté un peu plus d'un an, de mars 2021 à juillet 2022. Il avait fallu plus de dix ans aux précédentes directions pour atteindre ce nombre d'entraîneurs, un rythme déjà élevé.

Ces changements sont incessants, mais pas toujours à mettre sur le dos du président marseillais : Sampaoli et Tudor sont partis d'eux-mêmes. Le premier n'était pas en phase avec le mercato, le second simplement épuisé après une saison à Marseille.

Cette instabilité a pour conséquence l'impossibilité de trouver une identité de jeu pérenne. Les supporters marseillais ont été marqués par le "désordre organisé" prôné par Jorge Sampaoli, ou au contraire la discipline de fer imposée par Igor Tudor. Le Croate était parvenu à trouver un système de jeu en 3-4-3 qui avait convaincu les joueurs et le Vélodrome alors que son remplaçant, Marcelino, souhaitait évoluer en 4-4-2. De quoi perdre en lisibilité et repartir à zéro à chaque été en demandant aux joueurs d'apprendre continuellement des nouveaux schémas tactiques.

L'Espagnol a cependant eu du nez sur certains entraîneurs : l'Olympique de Marseille est monté deux fois d'affilée sur le podium, sous Sampaoli puis Tudor, une première depuis douze ans et l'ère Didier Deschamps. La stratégie a atteint ses limites la saison dernière et a balayé tout le positif des années précédentes avec cette saison blanche, ou plutôt noire. Les Phocéens n'ont pu aller chercher que la 8e place du championnat, sans qualification européenne.

Cela ne leur était plus arrivé depuis la saison 2015-2016. Après le départ surprise de Marcelo Bielsa lors de la première journée de championnat, le club avait jonglé entre Michel et les intérims de Franck Passi. Trois entraîneurs différents s'étaient succédé… Suivez notre regard.

Un effectif en mouvement permanent

Faute de trouver un entraîneur qui reste et autour duquel bâtir un effectif stable, Pablo Longoria, le professionnel du scouting, est très actif à chaque mercato. Le président de l'OM est, saison après saison, obligé d'adapter son effectif à son coach et de faire régulièrement des ajustements.

Selon les chiffres du site spécialisé Transfermarkt, depuis son arrivée au club à l'été 2020 – il était d'abord directeur sportif – Pablo Longoria et ses troupes ont réalisé 164 transferts, arrivées, départs et prêts compris. Avec une moyenne de 27 transferts par saison. Cet été, déjà 28 mouvements (départs, arrivés, prêts) ont été enregistrés. Bien plus que ses concurrents : 13 pour le PSG, huit pour l'AS Monaco, 16 pour l'Olympique lyonnais... 

Il faut remonter aux saisons 2015-2016 et 2016-2017, pour avoir des signes d'une telle frénésie. L'Olympique de Marseille avait alors laissé partir libre plusieurs cadres et avait surtout besoin de vendre pour rééquilibrer ses comptes et abaisser sa masse salariale.

Les quelques beaux coups réalisés par l'Espagnol (Alexis Sanchez, Pierre-Emerick Aubameyang, Matteo Guendouzi, William Saliba, Pau Lopez, Chancel Mbemba ou encore Leonardo Balerdi) ont trop souvent été effacés par de gros échecs qui ont coûté cher : Vitinha, le plus gros transfert de l'histoire du club (32 millions d'euros), a été revendu cet été pour 16 millions d'euros, mais aussi, pour ne citer que la saison passée, Ismaila Sarr ou Iliman Ndiaye…

Ces joueurs sont les exemples du changement de stratégie de Longoria. A son arrivée, le président de l'OM faisait ses mercatos avec des bouts de ficelle. Depuis plus d'un an, il investit des sommes plus importantes sur le marché des transferts. Sauf que les joueurs concernés n'ont jamais ou presque répondu aux attentes crées par le prix de leur transfert.

Ce chassé-croisé incessant est souvent mal compris par les suiveurs du club, surtout lorsqu'il s'agit de joueurs qui ont performé ou de cadres, totalement inscrits dans l'identité du club et qui s'étaient attaché les faveurs du Vélodrome (Under, Guendouzi, Payet).

L'arrivée de Roberto De Zerbi, qui s'est engagé pour trois saisons et qui "travaille comme [s'il allait] rester deux ans, quatre ans, dix ans", selon ses mots en conférence de presse, semble avoir apaisé les esprits. Pablo Longoria a encore été très actif sur le mercato cet été, avec des noms séduisants : Elye Wahi, Pierre-Emile Hojbjerg, Valentin Carboni... "On veut écrire un nouveau chapitre. Spécialement quand tu veux partir sur un projet de trois ans, c'est normal qu'il y ait beaucoup de changements", justifiait encore Pablo Longoria, lundi 12 août, en conférence de presse. Cette fois, enfin, le cap est clair. Mais jusqu'à quand ?

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