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Ligue 1 : quatre entraîneurs virés en cinq jours, "et on ne va pas en rester là", prédit Eric Roy

Alors que la Ligue 1 voit une salve d'entraîneurs limogés, notre consultant ne s'estime pas surpris, et ne cache par son pessimisme pour d'autres de ses confrères.

Article rédigé par franceinfo: sport, Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Oscar Garcia (Reims), Michel Der Zakarian (Brest), Jean-Marc Furlan (Auxerre) et Peter Bosz (OL), quatre entraîneurs de Ligue 1 écartés ou licenciés entre le dimanche 9 octobre et le jeudi 13 octobre (PHOTOPQR/MaxPPP/Philippe VACHER - PHOTOPQR/MaxPPP/Jean-Marc LOOS - PHOTOPQR/MaxPPP/Rémy PERRIN - JEFF PACHOUD / AFP)

C'est visiblement un temps à mettre un technicien dehors. En l'espace de cinq jours, quatre clubs ont changé d'entraîneur, ou mis à pied leur actuel coach : du jamais vu en Ligue 1. Avec une saison spéciale à plus d'un titre (quatre descentes, Coupe du monde hivernale), les clubs semblent moins frileux à faire sauter leur premier fusible, et ce après seulement dix journées. Peter Bosz à Lyon, Jean-Marc Furlan à Auxerre, Michel Der Zakarian à Brest, et jeudi 13 octobre, Oscar Garcia à Reims, la valse est partie sur un rythme effréné. Et selon notre consultant Eric Roy, ancien joueur et tacticien de l'OGC Nice, elle n'est pas près de s'arrêter de sitôt.

Oscar Garcia est le quatrième entraîneur limogé ou écarté en cinq jours, une telle série vous surprend ?

Eric Roy : Ce qui est surprenant, c'est cet effet domino. C'est le nombre par rapport au temps qui s'est écoulé. Mais surpris sur le fond, non pas vraiment. Les clubs en France souffrent déjà d'une instabilité sportive liée à beaucoup de facteurs. Cette année, il y a plus de descentes que la saison passée avec 18 clubs en 2023, cela ne fait qu'exacerber cette instabilité. Le championnat est tellement homogène qu'il y a pratiquement 10-12 clubs qui sont concernés par la relégation. Dès que ça démarre mal pour une équipe, la solution de facilité, c'est de changer. Avec l'épée de Damoclès des quatre descentes, que les clubs soient encore moins patients et traduisent leurs peurs par des limogeages répétés, c'est quelque chose que j'imaginais.

N'est-ce pas paradoxal d'avoir une telle densité dans le dernier tiers du classement, où une victoire peut faire gagner plusieurs places, et de se montrer aussi impatient ?

Si, et c'est d'autant plus vrai que sur les quatre équipes actuellement relégables, il n'y en a qu'une seule qui a changé d'entraîneur. Mais on entend qu'Antoine Kombouaré est en danger à Nantes, que Gérald Baticle l'est aussi à Angers… Ce ne serait pas avoir un point ou deux de plus qui changerait la donne. À Reims, on évoque des problèmes personnels pour Garcia, il y a le geste impardonnable de Jean-Marc Furlan à Auxerre, mais est-ce qu'on ne se donne pas aussi bonne conscience pour trouver les bonnes raisons de changer ? Et il me semble évident que l'on ne va pas en rester là. Il y aura peut-être à l'arrivée entre six et huit clubs qui vont changer.

  (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Cela existe un bon moment pour changer d'entraîneur ?

De temps en temps, le choc psychologique peut jouer et être une solution. Pour qu'il joue, il faut que le club, toute l'institution fasse la bonne analyse pour savoir s'il y avait une fracture entre l'entraîneur et son groupe. Et ce n'est pas toujours facile à déterminer. On ne connaît pas l'environnement de l'intérieur, mais c'est souvent pour une crise des résultats. Et les quatre clubs qui ont changé de coach n'ont gagné aucun de leurs cinq derniers matchs. La seule "exception", c'est Lyon, dont la peur n'est pas de descendre, mais celle de ne pas être tout en haut du classement.

Pour les clubs, vaut-il mieux trancher après dix journées mais avec une série de matchs pour se relancer, ou se montrer patient et profiter de la période du Mondial pour avoir le temps de travailler en coulisses ?

Quand on est entraîneur, on fait une planification sur toute l'année sur le travail, notamment athlétique. Cette saison, la planification est assez simple : une première partie classique puis une deuxième avec une grosse coupure qui t'offre le temps de refaire une préparation. Je pense que beaucoup de clubs ont en tête cette option d'attendre la trêve pour changer, comme Nice où Lucien Favre était en difficulté. D'un autre côté, chaque match qui passe, ce sont des points perdus. Autant avoir quatre-cinq matchs à jouer pour un nouvel entraîneur afin de se faire une idée plus précise de son équipe et la faire travailler comme il l'entend. Ensuite, tu as le temps de la trêve et le mercato pour adapter ton effectif. Il n'y a pas une bonne, et une mauvaise option. Il n'y a que le résultat qui te le dit.

À quel point est-ce compliqué de trouver des remplaçants, des entraîneurs disponibles à ce moment de la saison ?

Il y a quelques techniciens aujourd'hui libres capables d'être performants : Jocelyn Gourvennec, Christophe Pélissier, Sabri Lamouchi… La tentation des entraîneurs étrangers existe, mais plus tu es engagé dans ton championnat, moins tu as de temps pour réagir et c'est plus difficile avec la barrière de la langue et le temps d'assimilation du championnat de France. Quand tu changes, c'est pour avoir un impact immédiat. Ce qui serait amusant, ce serait que des entraîneurs qui viennent de se faire virer soient récupérés par un club qui change de coach. À l'inverse, pas sûr qu'un club aille chercher Peter Bosz et Oscar Garcia.

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