Ligue 1 : Telegram, IPTV... On vous explique le fonctionnement et les conséquences juridiques de ces pratiques illégales pour regarder du foot

Face aux prix pratiqués par les diffuseurs, de plus en plus de consommateurs se tournent vers des méthodes illégales pour suivre les rencontres de Ligue 1.
Article rédigé par Othélie Brion
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Une interface de l'application de messagerie instantanée Telegram. (JAKUB PORZYCKI / AFP)

C'était à craindre. Les prix pratiqués par DAZN – 30 € minimum par mois pour voir à chaque journée de Ligue 1 huit des neuf rencontres programmées – poussent de nombreux consommateurs à se tourner vers des plateformes, majoritairement illégales. Rien que lors du premier match de la saison, entre Le Havre et le PSG, vendredi 16 août, des dizaines de milliers de personnes étaient connectées sur des flux Telegram (dont 50 000 sur un seul et même compte). D'autres avaient recours à des IPTV. Mais en quoi consistent ces pratiques ? Franceinfo: sport fait le point.

Streaming, IPTV, VPN... Qu'est-ce que c'est ? 

Les fans de foot ne manquent pas de stratégies pour contourner les abonnements DAZN ou beIN sports. Pour payer moins cher, beaucoup recourent au streaming illégal, via des sites internet qui retransmettent les matchs avec des partages d'écran ou des versions étrangères de la rencontre, ou via les réseaux sociaux. Des retransmissions en direct sont, en effet, diffusées sur X (ex-Twitter). A partir de cette plateforme, il est également possible de trouver des liens Telegram. Ces derniers redirigent vers des lives réalisés sur la plateforme de messagerie instantanée.

Les consommateurs peuvent aussi passer par un VPN (ou RPV en français, pour "réseau privé virtuel") qui leur permet de modifier leur localisation et ainsi profiter d'offres internationales plus économiques. Au Brésil par exemple, une chaîne YouTube diffuse gratuitement la Ligue 1.

Autre pratique en vogue, l'usage d'un IPTV (Internet Protocol Television), qui consiste à regarder la télévision grâce à sa connexion internet. Ce dispositif permet d'accéder aux plateformes de VOD comme Netflix, Disney +, Prime Vidéo ou encore Canal +. Le plus souvent, l'IPTV fonctionne grâce à un décodeur fourni par un revendeur.

Ces solutions sont-elles légales ?

En ce qui concerne les services d'IPTV, ces derniers sont légaux si le fournisseur de l'IPTV paie une licence lui donnant le droit de diffuser du contenu qui ne lui appartient pas. Dans ce cas, le fournisseur fait souvent payer un abonnement à ses utilisateurs. En revanche, le système devient illégal lorsque les contenus diffusés par l'IPTV sont piratés. Généralement, dans ce contexte, les utilisateurs paient un abonnement à un prix modéré (entre 20€ et 50€ par an) pour avoir un accès à l'ensemble des programmes TV, y compris ceux accessibles normalement grâce à un abonnement à part entière. D'après l'Arcom, 1,85 million de personnes ont utilisé une IPTV illégale en 2023.

Sur le plan légal, un utilisateur regardant du foot via une IPTV diffusant du contenu piraté ou via des plateformes de streaming illégales (sites web, Telegram...) se rend coupable de recel de contrefaçon et risque donc cinq ans d’emprisonnement et 375 000€ d’amende (article 312-1 du Code pénal). Cependant, en pratique, aucune sanction n’a été ordonnée contre un utilisateur d’IPTV en France, les autorités cherchant avant tout à traquer les diffuseurs.

Comment la LFP tente-t-elle de lutter ? 

Face à la situation, la Ligue de football professionnel (LFP) s'est félicitée, le 12 août, d'avoir obtenu par le tribunal judiciaire de Paris le blocage de sites de streaming en direct et de services d'IPTV diffusant sans autorisation les championnats de Ligue 1 McDonalds et de Ligue 2 BKT. "Si cette décision est la quatrième injonction de blocage obtenue par la LFP depuis la création du dispositif de lutte contre le piratage sportif en janvier 2022, elle est la première à avoir été obtenue en amont du début d’une saison", précise le communiqué.

Tout au long de l'année, la Ligue pourra également saisir l’Arcom afin d'ajouter d'autres noms à la liste des sites et IPTV à interdire. Une victoire de façade pour la LFP puisque jusqu'à présent, les fraudeurs ont régulièrement réussi à trouver d'autres moyens pour échapper aux mesures de censure.

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