Football : caractère, hommes providentiels et public brûlant... Comment Lens s'est hissé au niveau Ligue des champions pour son retour à Bollaert
Une soirée de gala à laquelle personne n'aurait vraiment cru. Sur la lancée de son match nul prometteur à Séville, le RC Lens a été plus qu'à la hauteur de l'événement, mardi 3 octobre, pour décrocher une victoire qui fera date contre Arsenal (2-1) en Ligue des champions. De quoi émerveiller, et surtout récompenser, un stade Bollaert bouillonnant qui attendait depuis 21 ans de renouer avec la plus grande des compétitions européennes, et qui se souviendra encore de ces retrouvailles dans 21 années de plus.
Maillot collector en hommage à celui de 2002 - l'année où les Lensois avaient battu La Corogne, l'AC Milan et tenu tête au Bayern Munich pour leur dernière campagne de C1 -, tifo XXL aux couleurs de l'Europe déployé en tribunes... Un parfum particulier flottait au-dessus de l'antre des Artésiens. Il faut dire que le défi était de taille face aux vice-champions d'Angleterre, invaincus cette saison et larges vainqueurs du PSV Eindhoven en ouverture (4-0).
Adrien Thomasson, de l'ombre à la lumière
La bande de Franck Haise n'a cependant jamais donné l'impression d'être dépassée. Un visage aux antipodes de leur début de saison délicat où ils ont même pointé à la dernière place du championnat. Et pourtant, ce sont bien les Londoniens, sur une passe complètement manquée d'Adrien Thomasson, qui ont pris l'avantage par l'intermédiaire d'un Gabriel Jesus létal.
Le Lensois, titularisé en lieu et place du héros de Séville, Angelo Fulgini, aurait logiquement pu s'effondrer après cette erreur grossière. Mais ce fait de jeu a agi comme une piqûre de rappel de l'exigence du niveau Ligue des champions. Après un passage compliqué, l'ailier - dont c'était la première titularisation dans la compétition - s'est finalement racheté dix minutes plus tard en envoyant un tir enroulé au fond des filets sur un relais audacieux d'Elye Wahi (1-1, 25e). Dans son sillage, Lens s'est transformé.
"L'erreur fait partie du jeu, il n'y a pas de match parfait. Ce qui compte quand on en fait, c'est de repartir, d'avoir ce caractère. Adrien comme toute l'équipe a eu beaucoup de caractère ce soir", a souligné Franck Haise sur beIN Sports après le match, conscient de la performance accomplie par ses hommes et de la valeur de "l'exploit". Il faut remonter à la campagne 2018-2019 pour trouver trace d'une telle prouesse d'un club français, hors PSG, en phase de groupes, avec la victoire de Lyon face à Manchester City (2-1).
Elye Wahi vers les étoiles
Wahi, passeur décisif, n'a d'ailleurs pas été en reste durant cet exploit. Tandis que derrière, Kevin Danso et Jonathan Gradit ont épaulé à merveille un Brice Samba auteur de pas moins de six arrêts, l'ancien Montpelliérain de 20 ans a largement contribué à écrire l'une des plus belles pages de l'histoire du club artésien.
En inscrivant le but de la victoire sur une contre-attaque éclair (2-1, 69e), Elye Wahi a justifié son choix de rejoindre Lens, plutôt qu'une autre formation étrangère cet été, pour entendre le fameux hymne. Une belle manière aussi de répondre à son entraîneur, qui considérait vendredi qu'il était "capable de faire nettement mieux" malgré sa première réalisation avec le RCL contre Strasbourg. "J’ai eu un peu les frissons, je suis très content et j’espère qu’on va continuer sur cette lancée. C’est une belle soirée, j’espère que je pourrai en revivre d’autres, car c’est une dinguerie !", a réagi l'Espoir de 20 ans.
Cela tombe bien, avec ce "chicotage" en règle, qui n'a pas fini d'être comparé à celui acquis à Wembley en 1998 contre le même adversaire, et le nul entre le PSV et Séville dans le même temps (2-2), Lens se retrouve premier de son groupe. Bousculé en championnat, Lens a montré un tout autre visage en C1 alors que peu de monde l'attendait à ce niveau-là. De quoi déjà se projeter sur de futures folles soirées européennes.
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