Ligue des champions : Parisiennes et Lyonnaises éliminées en quarts de finale, les clubs français désormais dépassés sur la scène européenne
Alors que l’Olympique Lyonnais a dominé presque sans partage le football féminin européen, avec huit titres en onze ans, le club rhodanien a été éliminé en quarts de finale de la Ligue des champions, jeudi 30 mars, contre Chelsea, tout comme le Paris Saint-Germain, quelques heures plus tôt, face à Wolfsburg. Des éliminations symboles de la perte de puissance du football français sur la scène européenne, à l’heure de l’émergence de clubs anglais et espagnols.
"Organiser des compétitions internationales, c'est bien. S'investir dans notre championnat, c'est mieux. On est à la ramasse et la Coupe du monde 2019 a eu aucun impact". En un tweet, et alors que la Fédération française de football officialisait sa candidature pour accueillir l’Euro 2025, la Lyonnaise Ada Hegerberg exprimait la lassitude ressentie par les joueuses de D1 Arkema, en février 2022, alors que les championnats voisins continuent de se développer et que le championnat de France prend du retard. L’élimination de Lyon et Paris dès les quarts de finale de la Ligue des champions n’en est qu’un nouvel exemple, et pour la première fois depuis onze saisons, aucun club français ne participera aux demi-finales de la Ligue des champions.
Sous l’impulsion de l’Olympique Lyonnais et du Paris Saint-Germain, le football féminin français avait pourtant pris de l’avance sur ses concurrents, avec comme apogée la finale franco-française entre les deux clubs en 2017. Mieux encore, sur les treize finales de la Ligue des champions dans sa forme actuelle, depuis 2010, seulement deux affiches ne comptaient pas au moins un club français. Mais entre-temps, la première division anglaise s’est professionnalisée, en 2018, suivie ensuite par l’Italie puis l’Espagne. Le FC Barcelone s’est ainsi imposé parmi les grands d’Europe, avec trois finales disputées sur les quatre dernières éditions de la Ligue des champions, et une nouvelle demi-finale cette année, tout comme Chelsea, de plus en plus régulièrement présent dans le dernier carré.
Le cercle vertueux de la professionnalisation
Cette professionnalisation s’est accompagnée d’un accroissement des droits TV. La Women’s Super League anglaise perçoit quelque neuf millions d’euros par an, contre 7 millions d’euros pour la Liga espagnole… et 1,2 million d’euros pour la D1 française. Et l’affluence connaît les mêmes différences, avec près de 7000 spectateurs en moyenne par match dans les stades anglais, contre 841 en France, selon une étude de Two Circles, agence de marketing sportif spécialisée dans les datas. De quoi générer des recettes importantes pour les clubs concurrents de Lyon et du PSG en coupe d’Europe.
"Lorsque les instances du football espagnol ont décidé de créer une ligue, elles y ont mis les moyens financiers. Barcelone et Chelsea, par exemple, se sont donné les moyens d'avoir des personnes efficaces à des postes clés", notait Marinette Pichon, ancienne internationale française, à franceinfo, en 2021. Depuis, ces conditions préférentielles dans les clubs anglais notamment, ont poussé des internationales françaises à quitter le championnat national, à l’image d’Eve Perisset, désormais joueuse de Chelsea, ou Estelle Cascarino, partie à Manchester United.
"Il faut améliorer les infrastructures, les stades, les conditions de retransmission à la TV. La Fédération doit avancer sur pas mal de sujets: la formation dans les clubs, les championnats de jeunes pour qu’elles puissent jouer dans des championnats qui leur permettent de s'aguerrir au haut niveau. Il y a plusieurs points comme ça qu’il faut vite travailler parce que sinon, on va être vite dépassés et ce serait dommage pour le football féminin français", alertait Sonia Bompastor, entraîneure de l’OL, en mai 2022 sur RMC. Son message a tout de même était entendu, puisque la FFF travaille sur la création d’une ligue professionnelle de football féminin qui devrait intervenir dès la saison 2023-2024.
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