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Ligue des champions : pourquoi ce Real Madrid paraît-il immortel avant la finale contre Liverpool ?

Après avoir frôlé la sortie en huitièmes, quarts et demi-finales, les Madrilènes affrontent Liverpool en finale de Ligue des champions, samedi au Stade de France, avec l'ambiton de décrocher un 14e sacre dans la compétition.

Article rédigé par Andréa La Perna, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Karim Benzema célèbre sa réduction du score lors de Manchester City-Real Madrid en demi-finale aller de Ligue des champions le 26 avril 2022. (PAUL ELLIS / AFP)

Qu'un nouveau sacre soit au bout, ou non, de la finale face à Liverpool, samedi 28 mai, la Ligue des champions 2021-2022 restera celle du Real Madrid, comme l'édition 2018-2019 fut celle de l'Ajax Amsterdam. Pas d'épopée inattendue cette fois, mais une capacité à se sortir de situations désespérées avec une sérénité déconcertante. C'est après avoir renversé le Paris Saint-Germain, puis Chelsea et Manchester City - les deux fois en prolongation -, que les Merengues ont validé leur ticket pour le Stade de France.

Jamais une telle impression de puissance ne s'était dégagée d'une formation habituée aux qualifications in extremis. Cette équipe n'est jamais morte, même quand elle a eu deux buts à remonter face à Manchester City et que les 180 minutes de temps réglementaire s'étaient écoulées.

Un indice avait été glissé lors du match aller, lorsque Karim Benzema avait allégrement fêté sa panenka permettant de réduire l'écart à 3-4. L'usage aurait voulu que l'international français (34 ans) se précipite dans la cage d'Ederson pour ramener le ballon jusqu'au rond central, et avancer au maximum la reprise du jeu. Le Real était toujours mené et avait dix minutes pour tenter d'effacer son retard.

De l'expérience et une force qui dépasse le terrain

"La grandeur de ce club, c'est qu'il ne te laisse jamais baisser les bras. Quand tout paraît perdu, il te donne la force de continuer, de lutter, d'y croire", avait réagi Carlo Ancelotti au micro de Movistar+ après la qualification arrachée lors de la demi-finale retour. Sous-entendu : porter le maillot du Real Madrid offre un supplément d'âme. C'est jouer avec une force supérieure, tirée du passé glorieux du club le plus titré dans la plus prestigieuse des compétitions européennes.

"Une équipe comme le Real est plus encline à gagner cette Ligue des champions parce que tout le monde au sein et autour du club, des supporters aux journalistes, l'a déjà vécu et sait la difficulté que cela représente", analyse Denis Troch, l'ex-adjoint d'Artur Jorge au PSG, aujourd'hui préparateur mental. D'après lui, il faut adopter une approche holistique pour mieux comprendre pourquoi le Real Madrid, plutôt qu'un autre club, a réussi un tel parcours en C1 cette saison. Et pas seulement parce que son entraîneur est celui qui cumule le plus de finales en C1 et qu'une grande partie des joueurs étaient présents lors du triplé sous Zinédine Zidane (2016, 2017, 2018).

La Maison blanche connaît le mode d'emploi. "Certaines équipes se transcendent à un moment donné, comme Paris pendant les quarts par exemple. Elles font déjà un focus et dépensent une énergie folle pour gagner ces quarts. C'est une énergie qu'elles n'auront plus en demies ou en finale. Avoir une envie démesurée de réussir sans jamais l'avoir fait, c'est un amplificateur de stress", explique Troch.

Ascendant psychologique

Il manque à des équipes comme Paris ou Manchester City l'idée de la faisabilité de l'exploit. Les deux formations convoitent la coupe aux grandes oreilles depuis plus de dix ans, l'effleurant parfois, sans jamais la saisir. De quoi créer un complexe, au moment où le Real Madrid, figure de proue des cadors européens, se nourrit de ses exploits en donnant l'impression d'être immortel.

Karim Benzema et Carlo Ancelotti lors du match entre le Real Madrid et le Paris Saint-Germain, en huitièmes de finale de la Ligue des champions, le 15 février 2022 au Parc des Princes. (JOSE BRETON / NURPHOTO via AFP)

"Madrid vient d'un autre monde", titrait AS, au lendemain de la qualification en finale. "Pour créer l'histoire ou quelque chose d'hors normes, il faut évidemment avoir des résultats mais il faut également qu'il y ait un événement déclencheur", explique Denis Troch en identifiant la remontée contre Paris, le 9 mars. "Dans la lutte d'influences, le Real montre à son adversaire qu'il est puissant. Sa posture dégage de la sérénité. Il se dit constamment qu'il peut y arriver et cela impressionne l'adversaire."

Liverpool est en position de faiblesse avant la finale, malgré son année 2022 quasi-immaculée. C'est là-dessus que s'appuie le Real pour puiser sa force, selon Denis Troch. L'écueil pour les Reds serait de trop s'adapter. Les Merengues ont un ascendant psychologique. Mais, reste à savoir si le scénario de la finale 2018, remportée 3-1 face à l'équipe de Jürgen Klopp, se reproduira.

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