Cet article date de plus d'un an.

Démission de Noël Le Graët : développer le foot féminin, soutenir le monde amateur... Les grands chantiers à venir pour la FFF

Le départ de Noël Le Graët acté, la Fédération française de football ouvre un nouveau pan de son histoire sous la présidence par intérim de Philippe Diallo.
Article rédigé par Hortense Leblanc, Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Le siège de la Fédération française de football, à Paris.  (FRANCK FIFE / AFP)

Après la démission de Noël Le Graët de son poste de président de la Fédération française de football (FFF), mardi 28 février, le vice-président délégué, Philippe Diallo, assure la présidence par intérim jusqu'à l'assemblée générale de l'instance, le 10 juin prochain, où il pourrait être confirmé à ce poste jusqu'en 2024. Secouée depuis plusieurs mois par des affaires, la FFF va désormais devoir se remettre au travail, avec plusieurs chantiers prioritaires. 

Retrouver une gouvernance plus démocratique

Dans L'Equipe, mercredi 1er mars, l'ancien président de la Ligue de football professionnel, Frédéric Thiriez, évoquait une gouvernance de la FFF "qui n'est ni démocratique, ni transparente". Dans le détail, ce sont des grands électeurs, représentants de districts, de ligues régionales et des présidents de clubs professionnels, qui élisent le président de la fédération et son comité exécutif, composé uniquement des membres de la liste gagnante.

Pour Marie-George Buffet, ancienne ministre des Sports, "il faudrait une représentation selon les votes, comme à l'Assemblée nationale, et pas un comité exécutif uniquement de la même couleur que le président élu". Avant d'en détailler les bienfaits selon elle : "Ce serait un moyen d’avoir plus de confrontation d’idées et de projets. Je pense qu’il faut une prise en main de la fédération par les bénévoles et les licenciés, un élan démocratique."

Le football amateur souhaite être entendu

Être davantage impliqués dans les processus de décision de leur fédération ? C'est justement ce qu'attendent les clubs amateurs et leurs présidents. "On ne se sent pas représentés. Les ligues régionales se plaignent de ne pas être écoutées par le président, mais elles ne nous consultent pas non plus, alors qu'on se trouve à la base", déplore Gilbert Guérin, président de l'US Avranches (National). "Je souhaite que, demain, les présidents des clubs amateurs puissent voter, qu'ils deviennent des citoyens de leur sport", assure Éric Thomas, président de l'Association française de foot amateur, sur franceinfo

"Pourquoi ne pas organiser des rencontres dans tous les départements pour écouter les dirigeants de club ? Après cette période compliquée, ça pourrait être une première initiative pour leur donner la parole et recueillir leurs avis." 

Marie-George Buffet, ancienne ministre des Sports

à franceinfo: sport

"Il y a des choses à changer, mais il faut aussi souligner que 104 millions d'euros ont été redistribués au foot amateur cette année, c'est un record. Par rapport aux autres fédérations et aux autres pays, je pense qu’on ne peut pas se plaindre", nuance cependant Gilbert Guérin. Ce qui n'a pas empêché 5 000 clubs amateurs de mettre la clé sous la porte sous le mandat de Noël Le Graët. Si certains ont subi de plein fouet la crise du Covid, d'autres ont fusionné pour devenir plus compétitifs. Le président normand alerte cependant sur la place du football pour l'ensemble de la population. "Ces fusions sont le fruit de l'élitisme, mais le football, ce n'est pas que la compétition. Il faut comprendre que c’est aussi un sport de masse, un loisir, où les moins bons doivent pouvoir jouer", assure-t-il. 

Le football féminin reste à développer

Le chantier du football féminin n'est pas en reste. "La fédération doit avancer sur pas mal de sujets : les infrastructures, les stades, la retransmission télévisée. Sinon, on va être vite dépassés, alertait Sonia Bompastor, entraîneure de l'Olympique lyonnais féminin, en mai 2022, dans un entretien à RMC. Si on veut que l’équipe de France aille chercher un titre, il faut que les joueuses internationales jouent des matchs compétitifs tous les week-ends. Il y a une urgence, je tire la sonnette d’alarme."

Comme l'ancienne internationale, de nombreuses joueuses ont également regretté que la France n'ait pas surfé sur la dynamique de l'organisation de la Coupe du monde en 2019, et qu'elle prenne désormais du retard dans la professionnalisation du football féminin par rapport aux championnats voisins comme l'Angleterre ou l'Espagne. 

La Montpelliéraine Marion Torrent avec son entraîneur Yannick Chandioux lors de la rencontre amicale face à Barcelone, le 23 août 2022, au Johan Cruyff Stadium. (URBANANDSPORT / AFP)

"Le football féminin peut être une source de dynamisme pour la FFF si elle prend cela à bras-le-corps, un peu comme l’a fait le rugby, avec beaucoup de visibilité pour l’équipe de France notamment pendant le Tournoi des six nations féminin. Vu l’écho qu’a le foot, si un effort était fait sur les féminines, ça élargirait encore l’audience et ça casserait l’image des sports masculins et féminins", assure Marie-George Buffet. L'un des premiers dossiers chauds du Comex de la FFF post-Le Graët va d'ailleurs concerner l'équipe de France de football féminin, avec le maintien ou non de Corinne Diacre, sélectionneuse décriée, sur son banc, qui sera tranché le 9 mars.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.