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Lionel Messi au PSG : la Liga pleure, la Ligue 1 sourit

Au-delà de Barcelone, la perte de Lionel Messi est un coup dur pour tout le championnat espagnol, et une bonne nouvelle pour le football français.

France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
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Les supporters barcelonais, tristes, aux abords du Camp Nou le 8 août 2021. (PAU BARRENA / AFP)

Deux salles, deux ambiances. D'un côté, l'Espagne, orpheline de celui qui l'a fait rêver chaque week-end depuis ses débuts avec le Barça en octobre 2004 et lui a adressé un adieu que personne n'imaginait. De l'autre, la France, qui s'apprête à savourer chaque apparition d'un des meilleurs joueurs de tous les temps sur les pelouses de l'Hexagone, et qui lui prépare un accueil que personne n'avait vraiment imaginé non plus. C'est pourtant bien le cas : Lionel Messi a quitté le FC Barcelone et va porter désormais les couleurs du Paris Saint-Germain. Un bouleversement pour l'écosystème de la Liga, et et celui de la Ligue 1.

Espagne : la fin d'une ère

Trois ans après le départ de Cristiano Ronaldo du Real Madrid, celui de Lionel Messi du FC Barcelone signe la fin d'une ère pour le championnat espagnol. Pendant plus d'une décennie, la Liga s'est construite sur la rivalité sportive entre les deux meilleurs joueurs du XXIe siècle. Mais ce règne de l'Espagne, marqué par une pluie de victoires en Ligue des champions (10 titres) et Ligue Europa (11 sacres de clubs espagnols), touche à sa fin. "C'est un gros coup dur pour le foot espagnol. La Liga avait déjà du mal à résister face à la Premier League, qui devient la NBA du football, mais qui, là, va être de plus en plus hors catégorie", analyse Mickaël Terrien, économiste du sport.

Professeur à l'université de Lausanne, il poursuit : "Jusqu'ici, la Liga arrivait à exister avec les parcours européens du Real et du Barça, et dans une moindre mesure de l'Atlético et de Séville, qui masquaient son championnat déséquilibré avec plein de déficits. Ils ont essayé de suivre le rythme à crédit". Grâce à l'aura de ses deux ex-superstars Messi et Ronaldo, la Liga attirait ainsi des droits TV internationaux juteux. Mais le départ de Messi change la donne.

"Ces mégastars sont vecteurs d'abonnements, c'est évidemment une grosse perte pour la Liga. Et si le Barça laisse filer Messi, c'est que le club est dans une situation financière compliquée. Or, un Barça faible, ce n'est pas bon pour les affaires non plus", analyse Antoine Feuillet, spécialiste des droits TV.

En d'autres mots, lors du prochain appel d'offres, les droits TV espagnols risquent fortement de baisser. Or, dans un football espagnol qui compte nombre de clubs endettés, et encore plus après la crise économique provoquée par le Covid-19, cela pourrait enclencher le début d'un cercle vicieux, après une décennie vertueuse.

France : un Messi au secours de la L1 ?

Côté français, la dynamique est toute autre. Lionel Messi en Ligue 1, c'est avant-tout un bonheur inespéré et inestimable pour le public français, qui va pouvoir admirer le meilleur joueur de l'histoire chaque week-end sur les pelouses de France et de Navarre. Mais c'est surtout un coup de projecteur inédit sur le championnat de France. "Pour la marque Ligue 1, ça va renforcer l'attractivité et le spectacle, même si le PSG aura surtout à cœur de briller en coupe d'Europe parce qu'en championnat, il risque d'y avoir peu de suspense", estime Gary Tribou, spécialiste du marketing sportif.

"Messi au PSG, c'est encore plus fort que Neymar d'un point de vue médiatique. Il y a un storytelling qui fait rêver, et il est moins clivant, c'est le bon gars quoi."

Gary Tribou, spécialiste du marketing sportif

à franceinfo sport

Un régal pour les yeux, et pour l'image donc, mais aussi pour les émotions. Tout le monde aura, dans dix ans, son anecdote à raconter. Mais l'arrivée de la superstar argentine au PSG profitera-t-elle à tout le championnat ? "D'un point de vue économique, la théorie du ruissellement est tout sauf une théorie. C'est une invention, tranche Mickaël Terien. En quoi Clermont par exemple profitera de l'arrivée de Messi ? Il y aura peut-être un peu plus d'exposition internationale deux fois par an pour les autres clubs, mais en dehors de ça, ça ne va pas changer la vie de la Ligue 1 ni l'intérêt du championnat. Les gens vont vouloir voir jouer Messi, et voilà."

"La présence de Messi pourrait faire du bien si on allait amorcer nouveau cycle négociations droits TV mais ce n'est pas le cas."

Mickaël Terrien, économiste du sport

à franceinfo sport

Effectivement les droits TV actuels courent jusqu'en 2024, que ce soit ceux domestiques, acquis à prix réduit par Amazon après le scandale Mediapro, ou internationaux, détenus par BeIN Sport. La chaine qatarie les commercialise à sa guise, contre un chèque annuel de 75 millions d'euros à la LFP. "Concrètement, si BeIN se fait une marge, c'est pour eux. La LFP va sûrement revenir à la charge pour renégocier cet accord qui est un gros problème pour les clubs français", éclaire Antoine Feuillet. Docteur en management du sport et auteur d'une thèse sur les droits TV, il calme cependant les ardeurs : "Il ne faut pas du tout surestimer cette arrivée. C'est bonne nouvelle évidemment, c'est une bonne opportunité pour sortir de la spirale négative Mediapro, mais il faut nuancer."

"En 2017, l'arrivée de Neymar n'a pas bouleversé la situation économique de la L1. Messi, c'est positif pour le PSG, ses fans et sponsors, mais les droits TV sont bloqués jusqu'en 2024."

Antoine Feuillet, spécialiste des droits TV

"Le seul vrai grand gagnant, c'est Amazon qui a payé au prix bas, et qui tient là un déclencheur d'abonnements inestimable. Pour que ce soit durable, il faut que la LFP valorise cette arrivée pour apporter un peu de concurrence au PSG", développe Antoine Feuillet. Mais les précédents Ibrahimovic ou Neymar ont montré que l'arrivée d'une mégastar au PSG n'avait pas forcément d'effets pour les autres clubs de Ligue 1. Les résultats récents des clubs français en coupe d'Europe ne montrent pas de progression. Hormis le PSG, seuls trois clubs ont atteint le dernier carré d'une compétition européenne depuis l'arrivée de QSI dans la capitale (Monaco, Lyon et Marseille).

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