Mais pourquoi le PSG est-il aussi méchant ?
Presque champion de Ligue 1, le PSG est aussi dans les profondeurs du classement du fair-play.
Côté pile, il y a le côté clinquant du titre de champion de France, que le PSG devrait décrocher dans les semaines à venir, sauf catastrophe. Côté face, le triste bilan du club de la capitale au niveau du fair-play. Avec près de 70 cartons jaunes et 9 rouges (chiffres arrêtés à la 35e journée), le club de la capitale frôle le bonnet d'âne au classement du fair-play. Surprenant quand on se rappelle que l'objectif premier des patrons qataris est de ne surtout pas faire de vagues.
Le PSG, roi du carton rouge
Faut-il être courtois sur le terrain pour être champion ? L'étude du classement du fair-play des sept dernières saisons le laisse penser. Montpellier, champion 2011-2012, et Bordeaux, sacré en 2008-2009, avaient certes fini 13es à ce classement, mais Lille (5e en 2010-2011), Marseille (6e en 2009-2010) ou Lyon (5e en 2007-2008 et 4e en 2006-2007) montrent qu'un champion évite de perdre des points en finissant trop de matchs en infériorité numérique. C'est aussi le cas en Espagne et en Angleterre : le Barça, le Real Madrid ou Manchester United trustent le haut de ce classement.
Bruno Derrien, ancien arbitre international, contacté par francetv info, s'interroge sur ce paradoxe : "quand on est en tête du championnat, ça veut dire qu'on maîtrise les débats. Mais quand on regarde le match PSG-Valenciennes par exemple, les cartons jaunes sont tous mérités."
Le PSG, jusqu'à ces deux dernières années, s'illustrait particulièrement dans ce domaine. C'était l'équipe la plus fair-play en 2008-2009, 2e du classement en 2007-2008 et 2009-2010... quand elle ne jouait pas les premiers rôles. Tout bascule à partir de l'arrivée des Qataris : l'an passé, le PSG hérite de 4 rouges et 79 jaunes qui le classent 15e au fair-play. Cette saison, le club parisien, avec des joueurs comme Marco Verratti (12 jaunes, 1 rouge en 26 matchs !), atteint les sommets. Faut-il en déduire que le PSG doit jouer dur pour gagner ? Non, relève Le Parisien : le club de la capitale a connu son pire ratio de cartons par match pendant sa série de mauvais résultats en décembre.
Critiquer l'arbitrage se paye
Le PSG écope d'une grande partie de ses cartons dans les dernières minutes de chaque mi-temps. C'est aussi le moment où il marque le plus de buts. Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Autre stat significative : sept des huit cartons rouges infligés aux Parisiens l'ont été directement. Avoir de forts caractères dans l'équipe, c'est bien, finir à onze, c'est mieux. Cela dit, les cartons étant facturés par la Ligue 80 euros le jaune, 230 euros le rouge et 460 l'expulsion d'un membre du staff, ce n'est pas ça qui va grever les finances du club parisien.
Les arbitres sont plus sévères avec le PSG, argue le directeur sportif Leonardo, qui s'est fait une spécialité de critiquer l'arbitrage. Le 12 novembre, après un nul à Montpellier, il lâche "je n'aime pas parler d'arbitre, mais..." et écope de plusieurs matchs de suspension. Jusqu'au dimanche 28 avril, où le directeur sportif du PSG a critiqué Olivier Thual, coupable à ses yeux d'avoir exclu trois Parisiens contre Evian : "Il n’était pas trop lucide et a un peu enchaîné les erreurs." Même tonalité après le match nul concédé contre Valenciennes, dimanche 5 mai : "Je ne comprends pas pourquoi un arbitre qui n’a dirigé que 9 matchs est désigné pour une rencontre aussi importante. Il est loin desactions, il ne voit pas bien. Et il se laisse porter par l’émotion." Carlo Ancelotti y est aussi allé de son petit couplet : "Je ne pense pas que nous sommes une équipe agressive, nous respectons les adversaires et les arbitres, mais nous demandons le même respect en retour."
Pour Bruno Derrien, "c'est totalement déplacé de dire que les arbitres veulent épingler à leur tableau de chasse les stars du PSG. Au contraire, quand vous êtes arbitre, vous cherchez à passer inaperçu."
L'entraîneur de Rennes, Frédéric Antonetti, a analysé la méthode du staff parisien à l'automne dernier : "Entre les personnages que j’ai vus à la télévision, tous bien propres sur eux, et ceux que j’ai vus dans les couloirs, c’est très différent. J’ai vu les vrais Italiens !" Avant d'ajouter : "C’est une grande force de savoir mettre la pression." Certes, mais comme l'expliquait sur francetv info Patrick Chanceaulme, spécialiste en communication sportive, critiquer l'arbitrage est surtout contre-productif : les joueurs ont peur de subir le même traitement en cas de match manqué et les arbitres conservent une dent contre le club.
En revanche, donner quelques conseils à l'homme en noir, comme Zlatan Ibrahimovic en Ligue des champions, c'est tout de suite beaucoup plus efficace.
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