Foot : quatre questions sur le "fair-play financier", au cœur du possible transfert de Neymar au PSG
Cette règle, imposée par l'UEFA aux clubs européens, s'est invitée dans le débat concernant le possible transfert de la star brésilienne dans le club de la capitale. Franceinfo fait le point sur la question.
C'est une règle a priori simple, mais redoutable. Le principe de "fair-play financier" imposé aux clubs européens par l'Union des associations européennes de football (UEFA) est au cœur des discussions qui entourent le possible transfert de Neymar au PSG. Franceinfo revient sur cette règle, qui fait beaucoup parler dans le monde du football.
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1Qu'est-ce que le "fair-play financier" ?
Le "fair-play financier" est une règle qui s'applique aux clubs qualifiés pour les compétitions de l'Union des associations européennes de football (UEFA) et qui vise à "introduire plus de discipline et de rationalité dans les finances" de ces clubs.
"Approuvé à l'unanimité" en 2009 par le comité exécutif de l'UEFA, ce principe, initié par l'ancien président de l'institution Michel Platini, est appliqué depuis 2011. Jusqu'en 2013, il s'agissait de s'assurer que les clubs qui participaient à la Ligue des champions et à la Ligue Europa honoraient bien leurs factures et ne s'endettaient pas auprès "d’autres clubs, leurs joueurs et les administrations sociales ou fiscales". Depuis 2013, est entré en vigueur le principe d'équilibre financier, c'est-à-dire l'obligation pour les clubs de ne pas dépenser plus qu'ils ne gagnent. Un équilibre imparfait, cependant, puisque l'UEFA a fixé une marge de 30 millions d'euros pour les saisons 2015-2016, 2016-2017 et 2017-2018.
Objectif affiché : soigner la réputation du football européen, mais aussi garantir le "bien-être" des équipes, l'idée étant de "faire diminuer la pression exercée par les salaires et les transferts, et limiter l'inflation", détaille l'UEFA sur son site internet.
Par ailleurs, les règles du "fair-play financier" ont été adoucies par la confédération européenne en juin 2015. Depuis, les clubs qui n'ont pas été sanctionnés aux cours des trois dernières années et dont les recettes sont prévues à la hausse, peuvent dépasser le seuil du déficit financier, à condition de le faire dans le cadre d'un plan financier sur quatre ans.
2Pourquoi il pose problème dans le possible transfert de Neymar au PSG ?
Les sommes en jeu dans le transfert de Neymar sont hors normes, même pour le marché des footballeurs et ses sommes à sept chiffres. L'Equipe évoquait, à la fin juillet, "une opération supérieure à 500 millions d'euros sur toute la durée du bail", ce qui inclurait un salaire net de 30 millions d'euros par an. Sans compter la "prime à la signature évaluée jusqu'à 100 millions d'euros selon les rumeurs", comme le relève Eurosport.fr. Une somme qui, à elle seule, est de l'ordre du budget total du club parisien.
Pour réaliser cette opération, le PSG est accusé de vouloir détourner les contraintes via un montage financier : le montant de la clause libératoire de Neymar serait payé par un fonds qatari, afin que le coût du transfert pèse sur le joueur lui-même et ne plombe donc pas les comptes du club parisien. Une opération évoquée dans plusieurs médias brésiliens et espagnols, qui pourrait s'apparenter à "un montage semblable à la propriété d'un joueur par un tiers, ce qui est interdit par l'UEFA", explique Eurosport.
Le président de la Ligue espagnole, Javier Tebas, a d'ailleurs menacé de bloquer le transfert de Neymar en refusant de percevoir l'argent de la clause de cession devant être déposé à son siège. "Nous n'acceptons pas cet argent d'un club comme le PSG qui (...) enfreint les normes et les lois" du fair-play financier de l'UEFA, a-t-il indiqué dans un entretien au quotidien sportif As, réalisé le 2 août.
Mais le succès de l'opération du club de la capitale ne serait pas impossible à en croire certains dirigeants européens, qui jugent que le club aurait atteint un niveau de recettes susceptibles de compenser cet achat. Dans une interview accordée à La Gazzetta dello Sport (en italien), Andrea Traverso, responsable de la question du fair-play financier à l'UEFA, déclare que "tout le monde est surpris par les chiffres pour Neymar mais il faut savoir que les revenus des clubs ont augmenté. Le PSG a été sanctionné par le fair-play financier (en 2014) et, depuis, le club a respecté nos règlements. Leurs recettes sont devenues énormes [particulièrement celles de sponsoring]. Donc ils peuvent agir."
On suppose que des clubs comme celui-là font leurs comptes. Si ce n’est pas le cas, ils seront punis, mais on ne peut pas les empêcher d’acheter.
Andrea Traverso, responsable du fair-play financier à l’UEFAà la "Gazzetta dello Sport"
3Comment le PSG compte contourner cette règle ?
Pour éviter de se faire sanctionner par l'UEFA dans ce dossier, le PSG ne dispose pas de nombreuses alternatives. La première serait de vendre une partie de ses stars, comme Angel Di Maria, Julian Draxler, Serge Aurier ou Marco Verratti afin de faire rentrer suffisamment d'argent pour financer le transfert de Neymar. Une stratégie qui affaiblirait sportivement le club de la capitale. Mais les dirigeants du PSG semblent avoir une autre idée en tête.
Ainsi, à en croire le journaliste brésilien Marcelo Bechler, plutôt bien informé dans le dossier Neymar, ce serait le joueur lui-même qui activerait sa clause libératoire. Pour ce faire, une société appartenant au Brésilien recevrait de la part d'un fonds souverain qatari, la somme demandée, à savoir les 222 millions d'euros, précise Le Figaro.
Le PSG n’aurait pas à payer la clause et verserait un salaire annuel autour des 30 millions d’euros sur cinq ans au Brésilien, ainsi qu’une prime de 100 millions d’euros, précise Libération. Une opération complexe qui pourrait toutefois attirer la curiosité de l'UEFA qui a justement mis en place le fair-play financier pour éviter ce genre de pratiques et les contrats de sponsoring douteux.
4Que se passera-t-il si le PSG se fait épingler pour non-respect du "fair-play financier" ?
Chargée de veiller au respect du "fair-play financier", l’instance de contrôle financier des clubs de l’UEFA (ICFC), peut imposer des mesures disciplinaires aux clubs récalcitrants. Du simple "avertissement" au "retrait d'un titre ou d'une récompense", en passant par l'"amende", le "retrait de points", l'"interdiction de transferts dans les compétitions de l'UEFA" ou encore la "disqualification des compétitions en cours et/ou l'exclusion de compétitions futures", le panel des sanctions que peut décider la chambre de jugement de l'ICFC, est très large. Le non-respect du règlement ne peut en revanche pas entraîner l'exclusion automatique d'un club.
En 2014, le PSG a été sanctionné pour non respect du "fair-play financier" après avoir passé un gros contrat d'image avec QTA, l'office de tourisme du Qatar, qui lui aurait rapporté davantage que la "juste valeur" du contrat, estimée à 100 millions d'euros par les experts. Le PSG avait alors été condamné à plafonner sa masse salariale de l'époque (environ 230 millions d'euros), à n'inscrire que 21 joueurs (contre 25 habituellement) en Ligue des champions, et avait vu son budget transfert limité à 60 millions d'euros maximum, avant d'être obligé de compenser, à l'euro près, chaque achat par une vente.
Plus récemment, le 8 mai 2015, pas moins de 10 clubs ont été sanctionnés pour non-respect du "fair-play financier", parmi lesquels l'AS Monaco, condamné à s'acquitter d'une somme de 13 millions d'euros, à n'inscrire que 22 joueurs en compétition européenne la saison suivante, à retrouver son équilibre financier lors de la saison 2017-2018 et enfin, à ramener son déficit à 15 millions d'euros pour les deux exercices suivants.
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