Pourquoi vous devriez vous intéresser à l'arrivée de Neymar au PSG (même si vous n'êtes pas fan de foot)
Après des semaines de rumeur et de tractations, la star brésilienne a fini par s'engager pour 5 ans avec le club de la capitale. Un transfert retentissant qui a de quoi intéresser même les personnes les plus réfractaires aux football. Franceinfo vous explique pourquoi.
Un transfert fou et un feuilleton qui l'est tout autant. Alors qu'ils n'ont que de maigres matchs amicaux à se mettre sous la dent durant l'été, les fans de foot se passionnent pour le mercato et son avalanche de rumeurs de transferts, dont une partie ne se concrétisera jamais. Mais cette année est particulière pour les supporters du PSG. Car après des semaines de rumeur et de tractations, Neymar a signé au PSG pour 5 ans et a enfin débarqué à Paris vendredi 4 août. Le tout pour un montant record de 222 millions d'euros.
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Si tout cela vous laisse froid, franceinfo vous explique en quoi la saga Neymar est digne de votre attention.
Parce qu'il devient le transfert le plus cher de l'histoire (et de loin)
Ce n'est pas nouveau : les joueurs de football sont de mieux en mieux payés et coûtent de plus en plus cher. Il n'est plus rare de voir un club dépenser plus de 50 millions d'euros pour un seul transfert. Mais les chiffres évoqués au sujet de Neymar dépassent tout ce qui s'est vu jusqu'ici. Lundi, L'Equipe évoquait "une opération supérieure à 500 millions d'euros sur toute la durée du bail", ce qui inclurait un salaire net de 30 millions d'euros par an, pour cinq ans. Il deviendrait ainsi le joueur le mieux payé au monde. Le transfert en tant que tel atteindrait 222 millions d'euros, pulvérisant le record établi l'été dernier, lorsque Paul Pogba avait alors été transféré à Manchester United pour au moins 120 millions d'euros.
Pourquoi 222 millions d'euros ? Parce que c'est le montant de la clause libératoire de Neymar : son contrat, comme celui de nombreux joueurs, stipule qu'il peut s'engager ailleurs si quelqu'un paye cette somme. Cette clause est pensée comme une porte de sortie pour le joueur, mais surtout comme un élément dissuasif pour les clubs rivaux, surtout quand elle atteint un tel montant. Quand Barcelone l'a incluse dans le nouveau contrat de son joueur, en octobre 2016, le club pensait sans doute s'assurer qu'il resterait. On sent l'amertume dans les propos du président du club, Josep Maria Bartomeu, jeudi 20 juillet : "Ce genre de clauses est impossible à lever si vous voulez respecter le fair-play financier. Si vous ne voulez pas le respecter, alors vous pouvez le faire."
>> Foot : quatre questions sur le fair-play financier, au cœur du transfert de Neymar au PSG
Le fair-play financier, ensemble de règles fixées par l'UEFA, empêche les clubs européens de dépenser plus que leurs moyens, sous peine de sanctions. Paris avait ainsi été puni en 2014, mais croit pouvoir y échapper cette fois-ci, explique L'Equipe lundi 24 juillet, comptant sur les retombées économiques du transfert, la vente de certains joueurs et un montage financier complexe. Ce serait du jamais-vu.
Parce qu'il est tellement fort qu'il peut faire passer un cap au PSG
Le Paris Saint-Germain ne manque pas de stars (Dani Alves, Angel Di Maria, Edinson Cavani, etc.) et dispose d'un des effectifs les plus chers du monde. Pourtant, chaque année, le club échoue dans son objectif principal : remporter la Ligue des champions. Il n'a jamais passé les quarts de finale depuis l'arrivée des actionnaires qataris. L'an dernier, le club de la capitale a même subi un triple affront : le FC Barcelone lui a infligé une défaite historique, la fameuse remontada ; l'AS Monaco, lui, a atteint les demi-finales ; et les mêmes Monégasques lui ont chipé le titre de champion de France.
Le PSG doit se renforcer pour rassurer les supporters, mais aussi certains joueurs tentés par un départ, à l'instar de Marco Verratti. Et les individualités capables de nettement améliorer une équipe d'un tel niveau sont rares. C'est le constat fait par l'entraîneur parisien, Unai Emery, dans une interview à L'Equipe jeudi 20 juillet (lien réservé aux abonnés) : "Si on veut rivaliser avec le Bayern Munich, le FC Barcelone, le Real Madrid et gagner la Ligue des champions, le PSG doit avoir un joueur du top 5 mondial. On cherche à en faire signer un cet été." Et le coach basque d'ajouter qu'à ses yeux, Neymar "appartient au top 5 mondial", dans lequel il ne place pas d'autres cibles du club comme le Français Kylian Mbappé ou le Chilien Alexis Sanchez.
Il n'est pas le seul à le penser. L'an dernier, Neymar est arrivé à la 5e place du classement du Ballon d'or, la plus prestigieuse récompense individuelle du football. Depuis son arrivée à Barcelone, il s'était classé 5e en 2013, 7e en 2014, puis 3e en 2015. A titre de comparaison, Zlatan Ibrahimovic, jusqu'ici la plus grande star recrutée par le PSG, restait, quand il a rejoint le club, sur deux années où il n'était même pas classé dans les 23 meilleurs joueurs de ce même Ballon d'or. Depuis, il n'a percé dans le top 5 qu'une seule fois (4e en 2013).
A l'image de celles du FC Barcelone, les performances de Neymar ont un peu décliné l'an dernier, en tout cas si l'on regarde les statistiques : 20 buts en 45 matchs avec le Barça toutes compétitions confondues, contre 31 en 48 matchs en 2015-2016 et 39 en 51 matchs en 2014-2015. Mais il a aussi su porter son équipe dans certains moments importants. Lors du naufrage de Barcelone à Paris, lors du match aller de leur confrontation (4-0), il a été le seul à surnager. Et, à 25 ans, il a envie de devenir la grande star d'une équipe de haut niveau. A Barcelone, il ne peut échapper à l'ombre de Lionel Messi, notamment dans la course au Ballon d'or.
Parce que la Ligue 1 gagne une star hors norme
Si les performances sportives de Neymar vous ont échappé, vous ne réalisez pas forcément l'ampleur de sa notoriété. "Aujourd'hui, il a une visibilité plus grande sur les réseaux sociaux que le PSG et tous ses joueurs réunis", explique à franceinfo Julien Raoust, directeur du développement de l'agence de communication Havas Sport & Entertainment. Sur Facebook, il a près de 60 millions de fans, le double du PSG. Sur Instagram, c'est encore plus frappant : les 8 millions d'abonnés du club font pâle figure par rapport aux 78 millions de personnes qui reçoivent les selfies du Brésilien. Un indicateur qui permet de jauger sa notoriété réelle, dans le monde entier.
Depuis le départ de Zlatan Ibrahimovic, la Ligue 1 et le PSG manquent d'une personnalité hors norme et Neymar pourrait être de ceux-là, dans un profil différent, moins mégalomane bourru, plus popstar habituée des dancefloors. Sur Instagram, on le voit en vacances au Brésil, faire la fête avec des DJs et apparaître sur scène avec des chanteurs.
Quand il a quitté Sao Paulo pour la Catalogne, en 2013, il a emmené dans ses bagages ses amis d'enfance, un groupe de surfeurs, chanteurs et sportifs avec lesquels il écume les fêtes barcelonaises, au grand dam du club. Ses histoires de cœur passionnent déjà la presse people. A la croire, il aurait récemment quitté une mannequin brésilienne et flirterait avec la chanteuse Demi Lovato. Bref, sa venue n'intéressera pas forcément que les fans de foot, estime Julien Raoust. "Il est jeune, séduisant : il peut avoir une notoriété auprès du public féminin. On pourrait le comparer à Cristiano Ronaldo ou à David Beckham", dont le passage à Paris est plus mémorable pour l'engouement que l'Anglais a déclenché que pour ses performances sur le terrain.
Et si vous aimez les feuilletons, celui de son transfert a tous les ingrédients. L'argent, le glamour, les rumeurs contradictoires et une guerre entre deux clubs qui ont fait de ce transfert une affaire d'honneur. Au début de l'été, Barcelone a tenté de débaucher Marco Verratti, une des pépites du PSG. Pour le club parisien, courtiser Neymar est aussi un moyen de faire payer cette pique aux Espagnols et de laver l'affront de la remontada. Et au cœur des négociations, un personnage sulfureux, Neymar Sr, le père et agent du joueur, menacé par le fisc brésilien et la justice espagnole pour avoir dissimulé une partie du montant du transfert de son fils à Barcelone.
Parce qu'il va faire exploser la notoriété de Paris
Le foot n'est pas seulement une affaire de terrain, c'est aussi une guerre financière, et Paris n'est pas encore au niveau de ses principaux rivaux. "Il est compliqué de placer aujourd'hui le PSG dans le top 5" des clubs les plus puissants, estime Julien Raoust. Le directeur du développement de l'agence de communication Havas Sport & Entertainment explique à franceinfo "qu'il manque à Paris un joueur emblématique, comme le Barça a Lionel Messi, le Real Madrid a Cristiano Ronaldo, Manchester United a Paul Pogba..."
Par sa notoriété, Neymar a le profil idéal pour combler ce manque. "Il est connu et adulé en Amérique et en Asie", explique notamment Julien Raoust, et c'est là que se trouve la plus grande base de nouveaux fans potentiels. Le PSG a justement révélé, lundi, qu'il comptait ouvrir un bureau en Asie, peut-être en Indonésie, où le club estime que l'on trouve sa "troisième base de fans", rapporte L'Equipe.
Recruter une telle star aurait des effets très concrets sur les finances du club. Nul doute que le Parc des Princes sera plein à craquer pour l'admirer, alors que la fin de saison ratée du PSG a pu refroidir certains spectateurs. Mais Paris a surtout "une marge de progression énorme", estime Julien Raoust, sur les sommes versées par les sponsors qui s'affichent sur les maillots de l'équipe, et par l'équipementier qui fabrique ses maillots et autres produits dérivés, deux contrats qui doivent être prochainement renégociés. "Avec Adidas, Manchester United a un contrat à plus de 80 millions d'euros par an", alors que celui du PSG avec Nike est estimé entre 20 et 30 millions. "Avec un joueur comme Neymar, Paris pourrait se hisser au niveau de Manchester". De même pour son sponsor maillot, la compagnie Fly Emirates, qui verse 25 millions d'euros par an, contre plus du double pour le sponsor de Manchester United.
Le reste des clubs de Ligue 1, pas forcément rassurés à l'idée de croiser le Brésilien sur le terrain, peut également se réjouir de ce transfert, car "plus de chaînes de télé du monde entier s'intéresseront à la Ligue 1 et auront envie de la diffuser", estime Julien Raoust, ce qui augmenterait le montant des droits perçus par les clubs, la répartition étant assez égalitaire en France. Les droits de diffusion dans l'Hexagone, eux, seront renégociés en 2020, et devraient aussi être revus à la hausse.
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