Pourquoi le PSG est en crise
Privé de ses stars blessées, abonné aux matchs nuls, le double champion de France en titre est bien mal en point à l'heure de défier le FC Barcelone en Ligue des champions.
On en tremblerait. "Nous allons rencontrer, non pas nos maîtres, mais presque", a confié l'entraîneur du PSG, Laurent Blanc, à la veille du match. Mardi 30 septembre, le Paris Saint-Germain reçoit le FC Barcelone sur sa pelouse du Parc des Princes. Face au Barça, symbole de l'excellence européenne que visent les dirigeants du club parisien, le PSG aurait bien besoin de gagner - ou au moins de ne pas perdre - pour se rassurer.
Mais cela s'annonce compliqué, tant toutes les certitudes parisiennes se sont effritées en ce début de saison laborieux où le PSG n'affiche qu'un maigre bilan de trois victoires et six nuls. En Ligue 1, Paris est au pied du podium, à la quatrième place, à cinq points du premier, Marseille. En Ligue des champions, les Parisiens ont fait une entrée des plus timides, avec un nul sur la pelouse de l'Ajax Amsterdam (1-1). A l'heure de défier le géant catalan, le double champion de France n'est plus que l'ombre de lui-même.
Parce que les joueurs clés sont en toute petite forme
L'atout maître du PSG, Zlatan Ibrahimovic, n'est toujours pas remis de sa blessure au talon. Son forfait pour le match face au Barça est un coup dur. Car avec son attaquant vedette suédois, le Paris Saint-Germain gagne 70% de ses matchs. Sans lui, un sur deux seulement, souligne le statisticien Opta.
50% - Le PSG a gagné 70% de ses matches avec Ibrahimovic depuis 2012/13 (toutes comp.), 50% sans lui. Manquant. pic.twitter.com/DH1auP0Cew
— OptaJean (@OptaJean) 29 Septembre 2014
Face au Barça, "ça ne sera pas facile", a reconnu en conférence de presse Laurent Blanc, cité par L'Equipe. "Avec lui, on est plus performants, (…) mais il va falloir faire sans lui. On a des attaquants de grande qualité. (…) Il faudra compenser son aura par un collectif extra-performant."
C'est justement ce qu'il manque au PSG. "C'est délicat parce qu'on a des blessés dans des secteurs clés", a constaté le coach, repris par Le Monde. L'attaquant Ezequiel Lavezzi est touché à une cuisse. En défense, le capitaine Thiago Silva est blessé depuis un mois et demi. David Luiz, très chère recrue du mercato, admet lui-même n'être qu'à 60% de ses moyens physiques. Au centre, Thiago Motta semble éreinté et ne parvient pas à accélérer le jeu parisien. Et Blaise Matuidi, autre moteur du milieu parisien qui avait fait merveille la saison passée, tarde à trouver le bon rythme et est parfois laissé sur le banc.
Verdict du "président" : "C'est vrai que depuis quelque temps, c'est plus dur. On manque de percussion individuelle et collective." Et d'insister : "On manque un peu d'agressivité, notamment à la perte du ballon. Et on sait que quand Barcelone a le ballon, c'est très difficile de le contrer."
A l'inverse du PSG, le FC Barcelone a été redynamisé par son nouvel entraîneur, Luis Enrique, et ses stars Messi et Neymar sont en pleine forme. En sept matchs toutes compétitions confondues, les Barcelonais ont gagné six fois et fait un match nul. Ils ont surtout réussi à ne pas encaisser le moindre but.
Parce que le schéma tactique est hésitant
Depuis l'arrivée de Laurent Blanc au Paris Saint-Germain à l'été 2013, le onze parisien applique peu ou prou le même schéma tactique : le sacro-saint 4-3-3. Le coach cévenol l'a mis en œuvre à 74 reprises, contre seulement sept pour le 4-4-2 et deux pour le 4-2-3-1, souligne L'Equipe. Avec succès. Mais la blessure de son attaquant vedette l'a contraint à revoir ses plans.
En trois matchs, l'entraîneur a changé trois fois de schéma tactique et beaucoup fait tourner son effectif fatigué. A Toulouse, il y avait ainsi six changements par rapport au onze de départ trois jours plus tôt à Caen. Comme une impression de tâtonnement.
Et manifestement, les choix tactiques du coach ne passent pas. A Toulouse, à la 25e minute, les Parisiens sont menés au score et la caméra surprend un échange animé près du banc parisien entre le Brésilien David Luiz et Laurent Blanc, comme le rapporte Le Monde. Confirmation à la mi-temps. "Ce 4-4-2 en losange, on ne l'a pas travaillé souvent mais ce n'est pas une excuse", explique Jean-Christophe Bahebeck, le buteur inattendu du jour. "On s’est plutôt bien adaptés au nouveau système", commente pour sa part Blaise Matuidi, cité par Onze Mondial.
Parce que l'entraîneur est contesté
Laurent Blanc n'aime pas les conflits, comme le souligne Metronews. Depuis son arrivée, il chercherait donc à ménager les ego des divas parisiennes, achetées à prix d'or. Des Zlatan Ibrahimovic, Thiago Silva et Thiago Motta qui ont les faveurs du président Nasser Al-Khelaïfi. A en croire L'Equipe (article payant), le coach laisserait ses stars internationales ne pas jouer collectif. Elles pourraient ainsi poursuivre leurs entraînements en salle de musculation, au lieu de prendre part aux oppositions avec le reste de l’effectif.
Hier soir après le match, grosse colère d'Ibra. Il a chargé certains de ses co équipiers... Ambiance mega tendue. Blanc était spectacteur
— Daniel Riolo (@DanielRiolo) 18 Septembre 2014
La crise est telle que les dirigeants du PSG songeraient à changer d'entraîneur, selon Le Parisien. Le quotidien avance les noms de deux successeurs potentiels : l'Italien Roberto Mancini et le Brésilien Leonardo. Le premier a déjà été approché en 2013. Il a pour lui d'être l'ancien coach de Zlatan Ibrahimovic à l’Inter Milan et d'être libre depuis son départ de Galatasaray. Le second est tout simplement l'ancien directeur sportif du PSG. Et il a l'avantage d'être resté proche de Nasser Al-Khelaïfi.
Réussir un grand match serait le meilleur moyen de faire baisser un peu la pression au PSG. Paris l'a déjà fait. C'était en avril 2013. Ibrahimovic, Pastore et les autres avaient fait trembler les Barcelonais en quart de finale de l'épreuve reine européenne. Paris n'avait pas perdu (2-2 à l'aller, 1-1 au retour). Et les Catalans n'avaient dû qu'au génie d'un Messi entré en fin de match et sur une jambe, lors du retour au Camp Nou, de ne pas tomber face à l'ambitieux nouveau venu.
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