Sacre gâché du PSG, pour qui le carton rouge ?
Après les débordements lors de la remise du trophée de champion de France du Paris Saint-Germain, francetv info tente d'identifier les responsables du "fiasco".
La fête abrégée, "Paris débordé", comme le titre en une L'Equipe, mardi 14 mai. La veille, la communion entre le Paris Saint-Germain et ses supporters censée fêter le troisième titre de champion de France de l’histoire du club a presque viré à l’émeute urbaine. Et la polémique a pris de l’ampleur. Football oblige, on se renvoie la balle de droite à gauche, en parfait quadrillage du terrain, pour déterminer les responsables du fiasco. A qui doit-on distribuer les cartons après cette troisième mi-temps excitée ?
Quel manquement du côté des autorités ?
Accusation. Dans le viseur de l'opposition, la gestion de l'événement par les autorités, Manuel Valls et le préfet de police de Paris en tête. La droite et l'extrême droite reprochent au ministre de l'Intérieur un manque d'anticipation et de moyens.
Ainsi, le député UMP des Alpes-Maritimes Eric Ciotti cible la responsabilité du ministre de l’Intérieur et celle du préfet de police, "dépassés". "La sécurité des personnes, des supporters, des joueurs et des journalistes n'a pas été assurée, souligne-t-il sur son site. Des scènes d’émeutes et de pillages d’une rare violence ont été déplorées lors de cette soirée."
Le Front national n'est pas en reste en matière de tacles assassins. Marine Le Pen dénonce "l'impunité" pour les auteurs des "razzias", et Marion Maréchal-Le Pen épingle sur TF1 le "manque d'effectif clair" des forces de l'ordre.
De leur côté, des riverains et le syndicat de police Alliance ont pointé du doigt le manque d’effectif et une sous-estimation de la manifestation.
Pouvait-on anticiper ? Mis en cause, Manuel Valls s’est défendu sur Europe 1. Le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, assure, lui, avoir "mis les moyens humains pour que la fête ait bien lieu", soit 800 agents des forces de l'ordre, mais ne pas pouvoir anticiper la venue de "milliers de casseurs faisant preuve d’une violence inouïe".
Une source à la préfecture de police, interrogée par 20 Minutes, soutient qu’au vu du passé du club de la capitale, la possibilité d’incidents avait été prise en compte par leurs services, sans forcément se douter "que la réaction de certains hooligans allait être si violente".
Sanction. Au minimum un avertissement verbal, voire un carton jaune. Les autorités ont été surprises par la situation, et semblent avoir fait preuve d’un manque d’anticipation.
Quel rôle joué par les autorités du foot ?
Choix du lieu. Autre accusé, le club du Paris Saint-Germain et ses dirigeants. Voulant célébrer le premier titre de l’ère qatarie à Paris, dans un décor majestueux, les dirigeants ont choisi l’esplanade du Trocadéro et sa vue sur la tour Eiffel pour recevoir le trophée Hexagoal. Mais si l’endroit est idéal pour les images télévisées, il n'est pas le plus propice au maintien de l’ordre, d’autant que la place est en travaux.
Plusieurs voix, comme celle de Jean-Louis Borloo, ont reproché aux autorités gouvernementales et aux instances du football d'avoir cédé trop vite aux exigences des dirigeants du PSG. Le coprésident du groupe EE-LV à l’Assemblée, François de Rugy, a déploré sur RFI que les autorités aient "peut-être cédé un peu trop facilement à la pression d'un grand club riche" qui voulait organiser une "démonstration plus publicitaire" que "populaire".
Mis en cause, Frédéric Thiriez, le président de la Ligue de football professionnel, ne rejette pas la faute : "J'assume, bien évidemment, ma part de responsabilité dans ce fiasco, explique-t-il au Parisien, puisque j'avais donné mon accord pour que le trophée soit remis, non dans l'enceinte du Parc des Princes, mais en ville, afin d'en faire profiter tous les Parisiens, qui attendaient un titre depuis 19 ans".
La gestion des ultras. Les dirigeants du PSG ne sont pas responsables des actes de certains qui se prétendent supporters et ils ont dénoncé la violence. Mais la gestion de leurs "ultras" est aussi pointée du doigt. Depuis des mois, le club laisse pourrir un conflit avec plusieurs groupes de fans contestataires, qui réclament notamment le retour d'abonnements permettant un placement libre au Parc des Princes.
Les ultras se défendent d'être les casseurs, expliquent-t-ils dans un communiqué. Mais environ 300 d’entre eux ont voulu profiter de cette occasion festive pour rappeler aux dirigeants du PSG qu’ils étaient toujours en colère, ce qui a alimenté la tension, selon RMC. Ensuite, les casseurs ont rendu la situation intenable, abrégeant la fête.
Sanction. Carton "au minimum jaune pour le club et la Ligue de football", voici la note du député PS Thierry Mandon.
Et les supporters ?
Distinguer supporters et hooligans. Alors que plus de 10 000 supporters s'étaient réunis pour fêter Zlatan et ses coéquipiers, "plusieurs milliers" de personnes, selon Bernard Boucault, ont rejoint l’esplanade du Trocadéro avec un autre objectif en tête. Si la célébration a dû être abrégée et le défilé fluvial des joueurs annulé, c’est à cause des casseurs, venus uniquement pour en découdre.
Interrogé par L'Express, Joachim Barbier, journaliste à So Foot et auteur de Ce pays qui n'aime pas le foot, craint un amalgame entre supporters et hooligans. Soulignant que "les ultras sont avant tout des gens qui mettent de la couleur dans un stade et qui ont une façon plus démonstrative de supporter leur club", il explique les violences par le climat de tension autour du club. Et souligne que dans "toute manifestation populaire, il suffit de peu de monde pour que ça 'parte en sucette'".
Rien à voir avec le foot. Comme plusieurs d’entre eux l’ont confié au micro de France Info, les perturbateurs n’étaient pas là pour le football : "C’est un prétexte pour faire la guerre sur les Champs [Elysées]. On va casser le plus de camions de police possible, on s’en fout du foot". Le Front national parle, à ce sujet, de "déferlements de racailles [qui] ont saccagé le cœur de Paris".
Ce genre de manifestation est régulièrement perturbé à la marge par la présence de casseurs. Cela rappelle certaines scènes de débordements lors d’événements censés être festifs, comme le réveillon du Nouvel An. Mais le très grand nombre de perturbateurs a surpris les autorités lundi soir. Ces incidents ont fait 32 blessés, dont plusieurs membres des forces de l’ordre, et de gros dégâts matériels. Trente-neuf personnes ont été interpellées.
Sanction. Les violences qui ont gâché la fête du PSG lundi soir méritent "un carton rouge pour les casseurs", tranche Thierry Mandon, porte-parole des députés PS.
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