Voyage au pays du ballon rond (3/5) : 700 km de train pour 90 minutes à Metz
Le football occupe une grande place dans leur vie. Voici un tour de France dans le cœur des supporters, réalisé lors de la 14e journée de Ligue 1. Troisième étape, à Metz.
Quand son équipe joue à domicile, Julien se déplace à l'extérieur. Ce commercial de 26 ans vibre en effet pour le FC Metz alors qu'il est installé à Nantes. Ce vendredi 21 novembre, il s'apprête à parcourir 700 kilomètres à travers la France pour voir la rencontre contre le PSG. "C’est cool que tu sois là parce que cinq-six heures de train, c’est un peu long, hein. Heureusement, j’ai pris des DVD pour le retour, dimanche."
En attendant, il poursuit sa journée de travail à bord du TGV. Julien pose son sandwich et son agenda sur la tablette, avant d'envoyer des mails professionnels et d'appeler des clients. "Un jour, quand j'étais étudiant, mon frère m'a dit : 'Ce n'est pas le FC Metz qui te fera gagner de l'argent.' Sur le coup, je n'ai pas réagi, je me suis demandé pourquoi il me faisait cette réflexion."
Les buts de Metz pieusement conservés sur disque dur
Loin des yeux, mais près du cœur. "Je suis un expat' ! Et comme je ne suis pas dans l'atmosphère de la ville, je me sers à fond d'internet." Chaînes de sport, sites et forums spécialisés... Heureusement, les supporters de foot sont de plus en plus gâtés. "En 2000, je me souviens d'un type qui publiait tous les résumés de feu TPS sur un forum de Metz, avec les commentaires. Il faisait lui-même le montage. A l'époque, tout le monde téléchargeait en 56 ko. On mettait vingt-quatre heures pour télécharger le résumé !"
Aujourd'hui, il conserve tous les buts de Metz sur un disque dur. Grâce à son téléphone, il est au courant dès qu'un joueur publie un commentaire sur Facebook. "Tiens, Jérémy Choplin a posté un truc. Il demande aux supporters de soutenir l'équipe."
Le groupe compte autant que le club, sinon plus
Julien connaît la plupart des stades de France, à force de partir en "dép'" avec la Horda Frénétik, le bouillant groupe de supporters de la tribune Est. "Je me souviens d'un déplacement de Coupe de France à Troyes, un match tout pourri. Une voiture devait partir de Metz et nous rejoindre avec les banderoles, mais elle a crevé. On est allés acheter une nappe blanche en papier. Et comme j'avais des cartouches d'encre avec moi, on a trempé nos doigts pour tracer "HF97."
Un type se balade avec un sweat aux couleurs du PSG, dans le couloir du métro. Julien traîne le regard avec insistance, sans même s'en rendre compte. Ce supporter ultra annonce la couleur, accoudé à la voiture-bar du second train : le groupe compte autant que le club, sinon plus. "J'ai un placard où je garde le moindre t-shirt depuis que j'ai 10 ans. J'ai aussi dix-quinze écharpes du groupe Horda, aucune du club. En fait, on préfère montrer notre attachement au groupe qu'au club."
"Nous sommes une population test pour la répression"
Les supporters aussi font grève
Après cette défaite contre le PSG, Julien n'évoque pas beaucoup le match, et pour cause. "Un mauvais résultat peut me flinguer la semaine."
1La Normandie collée à la peau
2Unis au stade comme dans la vie
3Marié depuis près de 60 ans avec l'OGC Nice
4Des ultras "acteurs plus que spectateurs"
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