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Euro 2022 de handball : le championnat d'Europe est-il vraiment plus relevé que le Mondial ?

Entre le Mondial, les Jeux olympiques et l'Euro, les mêmes équipes européennes occupent le haut de tableau. La densité fait-elle d'un championnat d'Europe la compétition la plus relevée ?

Article rédigé par franceinfo: sport - Louise Le Borgne
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Miroir, miroir, la France va-t-elle briller lors du prochain Euro ? Nikola Karabatic à l'Euro de handball, le 26 janvier 2014. (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Contre toute logique d'échelle géographique, la hiérarchie sportive serait-elle inversée en handball ? Les handballeurs tricolores, champions olympiques à Tokyo, débutent l'Euro jeudi 13 janvier. Et sur le papier, le championnat d'Europe leur donne plus de fil à retordre que le championnat du monde. 

La France a remporté le titre continental à trois reprises en 2006, 2010 et 2014 mais est devenue, dans le même temps, par cinq fois championne du monde (1995, 2001, 2011, 2015, 2017). En 2020, l'Euro avait tourné à la déconvenue.

Format plus éprouvant, concentration historique des nations de handball en Europe, nations extra-européennes émergentes, le handball européen est-il à ce point maître du jeu ?

Un sport créé, développé et joué... en Europe

″Le handball est très implanté en Europe mais n'est pas trop développé en Amérique par exemple. Rien qu'au Brésil, tous les joueurs ne sont pas professionnels. C'est moins dans leur culture, (...) moins médiatisé, il y a des problèmes de financement et d'autres choses″, avance comme explications Nicolas Tournat, pivot de l'équipe de France, en conférence de presse lors de la préparation des Bleus à l'Euro 2022.

Le handball prend ses sources au XIXe siècle, au Danemark, sous le nom de håndbold. Le handball moderne émerge quant à lui au début du XXe siècle en Allemagne dans un format à onze joueurs. Dans les années 1960 le jeu évolue vers des équipes de sept joueurs et vers une pratique en salle. Il est alors très populaire en URSS, en Europe centrale et en Scandinavie. 

En revanche les pays anglo-saxons comme les États-Unis,la Grande-Bretagne, l'Australie ou le Canada, ne développent pas cette culture handball, concentrés sur d'autres disciplines où leurs équipes performent déjà

L'implantation très européenne du handball se perçoit sur les tableaux de résultats. Depuis le premier championnat du monde de handball en 1954, les nations médaillées sont toutes européennes. 

Seule exception : le Qatar, médaillé d'argent en 2015 grâce a une cohorte de joueurs naturalisés. Pas moins de sept anciens joueurs européens, venus de Bosnie, du Montenegro, de France ou d'Espagne jouaient dans ses rangs. 

Alors forcément, la bataille est rude sur le vieux continent, entre les 44 équipes affiliées à l'European Handball Federation. Le niveau des 24 qualifiés au championnat d'Europe est plus que relevé.  

Une domination européenne remise en question par des nations émergentes?

Quelques pays hors d'Europe tirent désormais leur épingle du jeu, comme l'Egypte, 4e cet été à Tokyo et déjà 4e en 2001 au championnat du monde, ou comme la Tunisie, 4e aux Mondiaux de 2005. Luc Abalo a même rejoint le Japon, "le pays avec le plus gros potentiel de développement du handball", selon lui. Mais ces quelques résultats encourageants restent marginaux. Dans le top 10 du dernier championnat du monde, seules deux nations n'étaient pas européennes : le Qatar (7e) et l'Egypte (8e). 

″C'est toujours plus dur le championnat d'Europe, car ce sont des équipes souvent plus physiques, même si on a pu voir aux JO l'Egypte finir quatrième. Ils ont posé des problèmes a beaucoup d'équipes et battu de grosses nations″, soulignait Dika Mem, arrière droit de l'équipe de France, sacré champion olympique à Tokyo.

Aux Jeux olympiques, seule la Corée du Sud est parvenue à contrecarrer la domination européenne. L'équipe féminine ayant été championne olympique à deux reprises (Séoul en 1988 et Barcelone en 1992) et ayant remporté 3 médailles d'argent. Les hommes ont quant à eux atteint la finale olympique à domicile en 1988. Pour décrocher la première et dernière médaille masculine non européenne des Jeux.


La Corée du Sud a été sacrée championne olympique en 1988 et 1992. (DMITRYI DONSKOY / SPUTNIK)

Premier président non européen de l’IHF (Fédération internationale de handball), l’Egyptien Hassan Moustapha a voulu accentuer le développement du handball partout dans le monde depuis sa prise de fonctions en 2000. Le championnat des Pays émergents, tournoi international masculin de handball, a ainsi vu le jour en 2015 et a lieu tous les deux ans.

Un championnat d'Europe au format très dense

″Au championnat d'Europe, les poules sont différentes. Il y a aussi le système de points qui est différent. Ca fait que c'est plus dur d'arriver au bout. Mais tout ca, ce sont des calculs, c'est de la logistique. Le plus important pour nous, c'est d'être prêts et de gagner les matchs. Si on gagne, qu'on soit trois ou quatre dans notre poule, on ira au bout″, acquiesce Dika Mem.

Un championnat d'Europe, c'est un peu un marathon. Il faut partir fort pour se placer, mais savoir tenir le rythme sur la durée. Et gare au coup de fatigue une fois venus les matchs couperet. Contrairement aux JO ou au Mondial, où les qualifications par quotas de continents peuvent donner lieu à des matchs avec d'importantes différences de niveau, l'Euro offre une rare homogénéité dès les matchs de poule.

Il faut ensuite rejoindre le tour principal à 6 nations et s'imposer parmi les deux meilleures pour décrocher son billet en demi-finales. Un tournoi rapide, intense, qui ne laisse pas le droit à l'erreur. Un format qui n'a pas toujours convenu aux Bleus, bronzés en 2018 et 14e en 2020.

Si les Tricolores détiennent le record de titres lors des championnats du monde, c'est en revanche la Suède qui mène la danse sur le vieux continent avec ses 4 couronnes européennes. Le championnat européen, sans être plus ou moins dur que le championnat du monde, en appelle à d'autres qualités physiques et techniques.

Les Bleus, champions olympiques en titre, seront les hommes à battre, au même titre que les doubles tenants du titre espagnols. Ils rencontreront en poule la Croatie, la Serbie (médaille d'argent à l'Euro 2020) et l'Ukraine. Premier match pour les Tricolores le 3 janvier, à Szeged (Hongrie).

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