Super Bowl : le faste de Las Vegas, la dynastie Kansas City, le banco pour San Francisco... Ce qu'il faut savoir sur la 58e édition
Ce qui se passera à Las Vegas ne restera pas à Las Vegas. Propulsé par la locomotive Taylor Swift, le 58e Super Bowl de l'histoire, revanche de celui de 2019 où les Chiefs de Kansas City avaient battu les 49ers de San Francisco (31-20), risque bien de battre des records d'audience, dimanche 11 février, dans le Nevada. Dans la ville de la roulette, le sort devra désigner un vainqueur qui, quoi qu’'il arrive, marquera l'histoire.
Les Chiefs pourraient signer un troisième succès en cinq ans et marquer au fer rouge la NFL alors que les 49ers, sevrés de Lombardi Trophy depuis 1995, renoueraient ainsi avec leur glorieux passé et rejoindraient les Pittsburgh Steelers et les New England Patriots au rang des équipes les plus titrées avec six victoires.
Las Vegas, de paria à vitrine du sport made in USA
"Les gens ont l'habitude de réduire Vegas au jeu et à la fête. Mais c'est une ville de sport, d'événements, et le Super Bowl le montre". Roger Goodell a vite retourné ses épaulettes de protection. Comme bien d'autres avant lui, le patron de la NFL estimait que les valeurs de ce lieu perdu au milieu du désert du Nevada ne correspondaient pas à celles du sport US. Longtemps considérée comme la ville du péché, de la luxure et du jeu, celle que l'on appelle "Sin City" a su s'acheter, à coups de millions de dollars, une respectabilité dans le monde du sport.
Las Vegas abrite désormais en son sein une équipe de NHL (hockey sur glace), un Grand Prix de Formule 1 et, en attendant prochainement des franchises de baseball et de basket, elle est l'antre des Raiders en NFL depuis 2020. C'est pour cette équipe, transfuge d'Oakland, que l'Allegiant Stadium a été construit. Ce bijou technologique, qui a coûté 2 milliards de dollars, était tout simplement l'enceinte sportive la plus chère au monde au moment de son ouverture. Même si elle a été depuis dépassée par le SoFi Stadium de Los Angeles, "The Death Star" (surnom donné pour sa ressemblance avec l'Etoile de la Mort dans Star Wars) s'apprête à accueillir l'affrontement entre les 49ers et les Chiefs. Au sabre laser ?
Mahomes-Purdy, un choc de pedigree
Dans la ville de la boxe, ce duel de quarterbacks pourrait s'apparenter à un combat entre un poids lourd et un poids mouche. D'un côté du ring, Patrick Mahomes, roi incontesté de la discipline, génie absolu du jeu, déjà deux titres de MVP et deux bagues de champion aux doigts. Tout ça alors que le prodige de Kansas a à peine 28 ans. Son jeu, ses stats et son palmarès le propulsent déjà dans le gotha des plus grands. Mais Mahomes sait très bien que s'il veut devenir le "GOAT", il n'y a qu'un seul père à tuer : Tom Brady et ses sept Super Bowl. "Si je gagne dimanche, je n'aurai même pas fait la moitié du chemin", a déclaré le numéro 15 des Chiefs. Au même âge que Mahomes, Brady avait déjà trois titres en poche mais il lui avait fallu attendre dix ans pour reprendre sa série victorieuse. Ce qui laisse de la marge, et de l'espoir, aux fans de KC.
Dans le coin opposé, Brock Purdy. Une tête de premier communiant et le titre peu enviable de "Mr Irrelevant" de la draft 2022, à savoir le joueur qui a été sélectionné en 262e et dernière position parmi tous les participants. C'est pourtant bien lui qui dirigera le jeu pour les Californiens dimanche. Un conte de fées digne de Hollywood mais qui ne doit rien à la fantaisie d'un scénariste zélé. Brock Purdy a gagné sa place à la régulière, par son talent, même si certains estiment encore qu'il est un "quarterback de système", qui bénéficie seulement des lancements de jeu exceptionnels de l'entraîneur des 49ers, Kyle Shanahan. Une victoire face à la référence Mahomes, dimanche, tordrait définitivement le cou à cette réputation. En même temps qu'elle redonnerait un héros à une franchise qui n'a plus remporté le Super Bowl depuis les époques dorées de Joe Montana et Steve Young.
San Francisco, retrouver le filon
Les 49ers, nom donné en référence à la ruée vers l'or de 1849 en Californie, sont à sec depuis 1995. Une éternité pour une franchise légendaire qui peine à décrocher un sixième titre qui en ferait l'égale des Steelers et des Patriots, tout en haut de la NFL. Plusieurs fois, ils se sont rapprochés du gisement, notamment en 2013 et 2020, mais battus par Baltimore et Kansas City, ils ont vu le pactole leur échapper.
Cette saison, pourtant, les piolets semblent tranchants comme jamais. En défense, les Niners possèdent des pépites comme Nick Bosa ou Fred Warner capables de dynamiter l'attaque parfois poreuse de KC. Et ballon en mains, le shérif Purdy possède une collection d'étoiles à sa disposition, que ce soit le coureur Christian McCaffrey, les receveurs Deebo Samuel ou Brandon Aiyuk, ou encore le tight end George Kittle. Aussi forte que puisse être la défense des Chiefs, elle ne pourra sans doute pas boucher tous les trous en même temps. Et l'on peut compter sur Shanahan pour multiplier les forages.
Kansas City, gagner "moche" mais gagner quand même
Longtemps adorés des fans de NFL, depuis l'avènement de Pat Mahomes en 2018, les Chiefs sont en passe de devenir ceux que l'on aime détester. Parce que, comme les Patriots de Brady avant eux, ils gagnent toujours à la fin, ou presque. Les hommes du coach Andy Reid viennent d'atteindre leur quatrième grande finale sur les cinq dernières années. S'ils ont été laminés en 2021 par les Buccaneers de ce même Brady (31-9), passé par la Floride en fin de carrière, ils ont déjà soulevé deux Vince Lombardi Trophy, auquel il faut en ajouter un autre glané en 1969. Un quatrième succès et une deuxième victoire de rang au Super Bowl, un doublé qui n'a plus été réalisé depuis 2004-2005 par... New England, et il n'en faudrait pas plus pour inscrire la franchise du Missouri dans une dynastie qui, parfois, irrite ceux qui soutiennent les outsiders.
Mais si Kansas agace, c'est aussi par la pauvreté du jeu déployé cette saison. Jadis flamboyante, l'attaque des Chiefs s'est montrée particulièrement fébrile, multipliant notamment les ballons relâchés par ses receveurs (plus grand nombre de drops pour une équipe depuis dix ans). Dès lors, c'est la défense, pourtant le maillon faible de l'équipe ces dernières années, qui s'est sublimée pour porter KC jusqu'au Super Bowl. Derrière le vétéran Chris Jones, des jeunes arrières comme Trent McDuffie ou L'Jarius Sneed sont sortis du bois pour suppléer l'attaque ânonnante des Chiefs.
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