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Passionnés, peu intéressés ou bons communicants... Les relations des présidents de la Ve République avec le sport

Emmanuel Macron va chausser les crampons jeudi, avec le Variétés Club de France, dans un match caritatif.

Article rédigé par Hortense Leblanc, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Emmanuel Macron n'hésite pas à "mouiller la chemise" pour s'essayer à différents sports, sous l'oeil des caméras, comme ici au château de Chambord en juin 2020. (LUDOVIC MARIN / POOL)

Emmanuel Macron dispute, jeudi 14 octobre, un match de football caritatif avec le Variété Club de France face à une équipe des soignants du centre hospitalier intercommunal de Poissy Saint-Germain-en-Laye. L’occasion pour le président de la République de pratiquer l’une de ses passions tout en soignant sa communication. Ses prédécesseurs à l’Elysée, plus ou moins adeptes du sport, n’ont pas tous adopté la même stratégie. 

Charles De Gaulle et Georges Pompidou : un manque d'appétence pour le sport

Hormis la gymnastique militaire, l’équitation et l’escrime, auxquelles il s’est soumis lors de ses études à Saint-Cyr, Charles De Gaulle n’a jamais vraiment apprécié la pratique sportive. Au cours de son mandat, il ne s’est pris d’intérêt pour le sport qu’après la débâcle des Français aux Jeux Olympiques de Rome, en 1960 (aucune médaille d’or) et a alors soutenu la politique de Maurice Herzog en faveur de l’installation de salles et de terrains de sport dans les établissements scolaires, afin de réparer l’affront. Son successeur à l’Élysée, Georges Pompidou, avait quant à lui pratiqué le rugby et le tennis dans sa jeunesse, et avait dû délaisser sa passion pour les courses automobiles sur les conseils de son service de sécurité. On garde de lui davantage une image de président intellectuel plutôt que sportif. 

Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac : la communication avant tout

Valéry Giscard d’Estaing est plus sportif que ses prédécesseurs et veut le faire savoir. Il pratique le tennis et le ski, et invite les caméras à le suivre. En 1975, une soixantaine de journalistes sont présents à Courchevel pour ses vacances à la montagne. Quelques années plus tôt, pour se donner une image davantage populaire, "VGE" avait déjà joué au football devant les médias. 

Valéry Giscard d'Estaing, ici à Courchevel en 1976, était un amateur de ski. (/ AFP)

À la tête de l’État de 1995 à 2007, Jacques Chirac n’était pas un grand sportif et n’avait pas une grande culture du sport, mais il a pris goût à ce type d'évènement et aux rencontres avec les athlètes. En 1995, quand il reçoit l’équipe de France de handball, championne du monde, à l’Elysée, il demande  à Jackson Richardson s’il parle anglais. Trois ans plus tard, le 12 juillet 1998, il scande, sans les connaître, les noms des Bleus du foot, juste avant la finale de la Coupe du monde. Plus tard, il se prendra aussi de passion pour le sumo et donnera même son nom à un trophée décerné aux meilleurs sumotoris. Dans son livre, son épouse Bernadette Chirac a tout de même qualifié l’ancien président de "vrai sportif en fauteuil". 

François Mitterrand et François Hollande : les sportifs discrets 

Passionné de cyclisme, François Mitterrand était un adepte du Tour de France, où il assista même à une étape "par surprise", sur le bord de la route, parmi les autres spectateurs, en 1985. Le président socialiste pratiquait aussi le golf et le tennis, deux sports à l’image bourgeoise, dont il ne se vantait pas. Plus récemment, à la tête de l’Etat, François Hollande était lui passionné de football et supporter du FC Rouen dans son enfance. Mais, contrairement à Valéry Giscard d’Estaing ou Nicolas Sarkozy avant lui, il évitait de se montrer en public en tenue de sport. Il a simplement enfilé une fois l’équipement du parfait footballeur, avant son mandat, lors d’un match caritatif en 2008. 

François Hollande le 20 mai 2008 lors d'un match caritatif de football au stade Charléty. (PATRICK HERTZOG / AFP)

Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron : le sport comme outil politique

Dans un entretien au Figaro en 2018, l’ancien président Sarkozy déclarait : "J’aime trois choses : pratiquer le sport, regarder le sport et parler avec les sportifs". Grand communicant, il a mis en avant sa passion pour le cyclisme, un sport populaire, en se montrant régulièrement en selle.

Il pratique également la course à pied très régulièrement, à la manière des présidents américains. Le 15 mai 2012, juste après la passation de pouvoir avec François Hollande, Nicolas Sarkozy part faire un jogging. "Hollande n’a pas voulu me suivre", dira-t-il par la suite dans Le Figaro. Il est également très régulièrement présent en tribune VIP du Parc des Princes pour encourager le Paris Saint-Germain.  

Le président en activité, Emmanuel Macron, est lui aussi passionné de football, mais supporte l’équipe rivale, l’Olympique de Marseille. Comme Nicolas Sarkozy, avec qui il est proche, il sait tirer les succès sportifs à son avantage, comme lorsqu’il s’est largement associé à la victoire des Bleus lors de la Coupe du monde 2018. Plus interventionniste, il n’a pas hésité, après les derniers Jeux olympiques, à dire sa déception du bilan français et à fixer un objectif de Top 5 aux Jeux de Paris en 2024. Une injonction assez peu appréciée des sportifs médaillés, comme Teddy Riner, qui estiment que la politique sportive du chef de l’État est insuffisante. 

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