Coupe du monde de rugby 2023 : comment la chanson “Dans les yeux d’Émilie” de Joe Dassin est devenue l’hymne du Mondial
"Moi, j'avais le soleil… Jour et nuit… Dans les yeux d'Émilie…" Il n'y a plus de 3e mi-temps sans cet air entraînant. Les plus âgés reconnaîtront les paroles de la chanson Dans les yeux d'Émilie de Joe Dassin mais ce sont maintenant les plus jeunes qui s'époumonent sur cette musique à la fin des matchs de rugby. Un morceau déjà repris dans les stades de rugby et les férias depuis une dizaine d'années.
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Ce tube de la fin des années 1970, un carton à l'époque, est en train de devenir l'hymne non-officiel de la Coupe du monde 2023. À croire qu'à chaque compétition internationale le même refrain se répète. La Coupe du monde de football 1998 a eu I Will Survive de Gloria Gaynor, Freed From Desire de Gala a été (re)popularisé lors l'Euro 2016.
Une reprise d'une banda du Sud-Ouest
Mais cette fois, ce ne sont pas les supporters irlandais ni les joueurs de l'équipe de France qui ont imposé cette chanson. Dans les yeux d'Émilie est d'ailleurs peu dansante quand on écoute la version de 1978. Au début des années 2010, une banda du sud-ouest, l'Harmonie de Pomarez, reprend le refrain. La fanfare y ajoute des "Oh, oh, ooooohh", retrace le journal Libération.
Le morceau est alors repris lors des férias puis par des supporters dans les tribunes… d'une salle de basket-ball. Car la commune de Pomarez, 1 500 habitants, d'où vient la banda, accueille chaque année la Coupe des Landes. Nombreux sont ceux qui viennent assister à la célèbre épreuve de basket amateur dans cette agglomération située entre Pau et Dax, explique L'Équipe, et notamment, Patrick Beesley, directeur technique national (DTN) du basket français de 2013 à 2017. C'est lui qui va être à l'initiative pour choisir cette chanson comme hymne officiel de l'équipe de France de basket 2015, poursuit le journal sportif.
La fédération française invite même l'Harmonie de Pomarez dans les gradins pour animer un match du premier tour puis au stade Pierre-Mauroy, à Villeneuve-d'Ascq (Nord) pour les phases finales. Le morceau va ensuite se retrouver un peu partout en France du Carnaval de Dunkerque au mouvement des Gilets jaunes lors d'une opération au péage de l'autoroute de Pau, détaille Libération. La fanfare sort de son côté une reprise officielle, 7 millions de vues sur YouTube.
Un "emballement spectaculaire"
La chanson est aussi présente dans les sonos de certains stades du Top 14, le championnat de rugby français. Les férias de cet été et la Coupe du monde de rugby viennent donner un dernier coup d'accélérateur au tube. "Au début de l'été, on a été interpellé par les relevés de streaming qui montraient un emballement spectaculaire autour de cette chanson, notamment sur TikTok, explique Christophe Langris, de Sony Music, au journal Sud-Ouest.
"On a vite compris combien la chanson était devenue populaire dans le monde du rugby et des ferias."
Christophe Langris, de Sony Musicau journal "Sud-Ouest"
Sony Music décide alors de surfer sur ce tube et commande un remix avec une autre fanfare landaise, Lous Faïences. Le morceau sort le jour du match France-Nouvelle-Zélande, le 8 septembre. De leur côté, le collectif métissé sort lui aussi un clip sur YouTube reprenant le refrain Dans les yeux d'Émilie.
Une mélodie inspirée d'un mendiant
Le compositeur de l'original, Vivien Vallay, n'en revient toujours pas. Dans les colonnes du journal Le Parisien, il confie sa surprise et sa joie de voir ce tube repris par les plus jeunes : "Quand je vois les images dans les rues, dans les bars avec ces gens qui tapent sur le zinc… Susciter le bonheur, c'est assez indescriptible comme sentiment." Vivien Valley raconte au quotidien que la mélodie lui a été inspirée par un mendiant sur le parking d'un centre commercial des Yvelines qui "soufflait dans son harmonica" : "Il avait les yeux fermés. Avec les yeux fermés, tout est possible. Je me suis dit qu'il se voyait peut-être en train de diriger un orchestre symphonique, peut-être à Varsovie."
"L'air m'est venu immédiatement, de l'émotion provoquée par cette scène. La mélodie décrit la misère de ce mendiant, jusqu'au refrain libérateur qui est l'optimisme et l'espoir."
Vivien Valley, compositeur de "Dans les yeux d'Émilie"au journal "Le Parisien"
Joe Dassin utilisera par la suite la mélodie pour chanter les paroles, écrites par Pierre Delanoë et Claude Lemesle. Toujours au Parisien, Julien Dassin, le fils de la star de la chanson française, se dit "fier et bluffé de voir que ce titre marque encore les gens tant d'années après" mais ne révèle pas qui est la fameuse Émilie. Son prénom risque de résonner encore longtemps, la chanson est devenue un incontournable des 3e mi-temps au même titre que la Goffa Lolita ou la Peña Baiona.
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