Coupe du monde de rugby : d'une opération au capitanat en six mois, la course contre-la-montre gagnante d'Anthony Jelonch
Anthony Jelonch a réussi son pari. Jeudi 14 septembre, au coup d'envoi de France-Uruguay, deuxième rencontre de la Coupe du monde de rugby, le troisième ligne entrera sur la pelouse du stade Pierre-Mauroy dans la peau d'un titulaire et capitaine. Un retour express, six mois et huit jours seulement après son opération du ligament croisé antérieur du genou gauche, annoncé par Fabien Galthié, mardi.
Le 26 février dernier, numéro six dans le dos, l'international français se blesse gravement sur un plaquage en bout de ligne après 25 minutes de jeu contre l'Ecosse (victoire 32-21), lors du Tournoi des six nations. Dans les heures qui suivent, le verdict tombe tel un couperet. "On se souvient de cette soirée, c'était une soirée de victoire mais elle était très difficile", s'est remémoré le sélectionneur, mardi, en conférence de presse. Tout le monde lui prédit alors un forfait pour l'échéance principale de l'année 2023 : la Coupe du monde.
"Déterminé et convaincu qu'il y arrivera"
Tout le monde sauf lui. "À aucun moment, je n'imagine ne pas être remis", assurait-il dans les colonnes de L'Equipe, deux semaines après son opération effectuée le 6 mars, à Toulouse. "J'ai senti un joueur déterminé et convaincu qu'il y arrivera. Dans ces cas-là, le mental a une grande importance. Il a une forte envie d'en découdre. Il va réussir à surmonter cette épreuve et postuler pour l'équipe de France", prédisait, fin mars, Jean Bouilhou, l’entraîneur des avants du Stade toulousain, son club depuis 2021, en conférence de presse.
"Au début, j'ai eu des doutes mais j'avais toujours en ligne de mire cette Coupe du monde, a-t-il admis. J'ai travaillé très fort pendant six mois, je me suis donné toutes les chances. C'est une énorme fierté pour moi de revenir en tant que capitaine."
Anthony Jelonch n'a pas lésiné sur les séances de travail pour recouvrer ses moyens physiques le plus vite possible. Il passe les sept premières semaines post-opératoires à Toulouse, cinq à Montpellier avec Bruno Boussagol, le responsable santé du XV de France, quatre autres dans les installations du Stade toulousain avant de passer un mois, en juillet, au Centre européen de rééducation du sportif de Capbreton (Landes). "Ça m'a beaucoup aidé de changer d'environnement à chaque fois. Je ne rentrais pas dans une routine", détaille l'international aux 25 sélections.
"Issu d'un monde où le mental prenait beaucoup de place"
"C'est facile à dire maintenant, mais très vite, nous avons senti qu'il serait de retour avec nous. Il y avait des signaux forts", sourit Fabien Galthié. En mai, alors qu'il avait reçu la presse à son domicile de Montgesty, dans le Lot, le sélectionneur se montrait déjà impressionné par la célérité de sa rééducation : "Comme ce sont des joueurs exceptionnels, ils ont une capacité de récupération hors normes et ils sont déjà en avance. Le chirurgien ne comprend pas ce qu'il se passe avec Anthony Jelonch". "Je suis issu d'un monde où le mental prenait beaucoup de place. Depuis tout petit, je suis quelqu'un de la campagne, ça aide aussi", estime l'intéressé pour expliquer son retour rapide au jeu.
Il retrouve le groupe France le 14 août, à Capbreton, dans un passage de relais presque symbolique avec son coéquipier du Stade toulousain, l'ouvreur Romain Ntamack, dont le forfait... à cause d'une rupture du ligament croisé antérieur du genou a été annoncé le jour même. Un jour plus tôt que la date qu'il avait annoncée dans L'Equipe, deux semaines après être passé sur le billard : "Je serai prêt pour reprendre le 15 août !"
La préparation de l'équipe de France avait pourtant commencé sans lui un mois et demi plus tôt, le 2 juillet à Monaco. Absent de la liste initiale des 42 joueurs, son retour avait toujours été programmé par le staff tricolore. Preuve de la place prépondérante qu'il occupe depuis le début du mandat de Fabien Galthié, en 2019.
"Qu'une hâte, être jeudi soir"
Avant l'arrivée de l'ancien demi de mêlée à la tête des Bleus, Anthony Jelonch comptait deux sélections, honorées lors de la tournée d'automne 2017 face à la Nouvelle-Zélande (18-38) et l'Afrique du Sud (17-18). Depuis, le troisième ligne fait partie des premiers noms couchés sur la feuille de match par Fabien Galthié lorsqu'il est disponible, en témoigne ses 19 titularisations en 23 sélections sous sa direction (25 capes au total).
Il avait notamment gagné ses galons lors de la tournée d'été 2021. Les Bleus étaient sortis des trois test-matchs contre l'Australie avec deux défaites (23-21, 33-30) pour une victoire (28-26) mais surtout des promesses pour l'avenir en l'absence des demi-finalistes du Top 14. Anthony Jelonch avait été capitaine lors de ces trois sorties. "Cette tournée m'a fait grandir en tant que capitaine et leader", dévoilait-il devant la presse, mardi.
Le Gersois, comme Antoine Dupont, avait ensuite été de tous les succès majeurs récents du XV de France, que ce soit le Grand Chelem 2022 ou la victoire contre les All Blacks (40-25), au Stade de France, en novembre 2021. Deux ans plus tard, Anthony Jelonch est sur le point de renouer avec son histoire en Bleu. "Je sais que le genou tient bien, j'ai le feu vert du chirurgien, des kinés, dans ma tête, je suis à 100 %. Je n'ai plus qu'une hâte, être jeudi soir."
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