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Coupe du monde de rugby : la première montagne franchie, les Bleus peuvent envisager la suite avec sérénité

En battant (27-13) les All Blacks, leur principal adversaire du groupe, vendredi, les Bleus se sont ouvert une voie royale vers la première place du groupe A.
Article rédigé par Théo Gicquel - De notre envoyé spécial au Stade de France
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La joie de Damian Penaud, Melvyn Jaminet et Paul Boudehent lors de France - Nouvelle-Zélande, le 8 septembre 2023. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

"On peut considérer que ce n’est pas un exploit, mais on a coché cette case, et c’était très important pour nous." En conférence de presse d'après-match, Fabien Galthié, le sélectionneur, a résumé le sentiment du XV de France après sa victoire pas forcément séduisante mais historique face aux All Blacks, vendredi : une vraie satisfaction, mais pas de triomphalisme. La France évolue désormais dans la même sphère que son adversaire du soir, voire au-dessus. En tout cas, elle ne le craint plus, et l'a démontré une nouvelle fois, deux ans après sa victoire déjà en fin de match en 2021. "La France nous a étouffés", a reconnu le capitaine néo-zélandais Ardie Savea.

Tous l'avaient dit : ce match revêtait davantage un enjeu de prestige que sportif. Dans une poule déséquilibrée, où Français et Néo-Zélandais évoluent très loin devant l'Italie, l'Uruguay et la Namibie, la qualification est normalement acquise pour les quarts de finale. Ce choc devait donc servir de premier test pour se lancer idéalement, mais il sera sans grand impact sur leur futur parcours, puisque leur poule croisera en quarts celle de l'Afrique du Sud et de l'Irlande, les deux autres meilleures nations mondiales.

La France n'a jamais paniqué

Rapidement, on a pensé que les All Blacks étaient retrouvés, bien loin de leur humiliation subie il y a deux semaines face à l'Afrique du sud, avec 320 mètres parcourus contre 178 par la France, et 22 défenseurs battus à 3 à la mi-temps. Mais finalement, ce sont bien les Bleus qui sont sortis vainqueurs de ce duel. "On était un peu tendu, je crois que ça s'est ressenti. On avait la pression. A la mi-temps, on s'est dit qu'il fallait qu'on lâche les chevaux, qu'on continue à mettre de l'intensité, à croire en ce qu'on faisait", a rembobiné l'ouvreur Matthieu Jalibert.

Petit à petit, les coéquipiers d'un Thomas Ramos toujours aussi précieux au pied ont pris le dessus sur les coéquipiers de Blacks privés de leur capitaine Sam Cane en dernière minute. Inhibés en première mi-temps, ils se sont progressivement libérés, comme face à l'Australie, retrouvant leur jeu si destructeur lorsqu'Antoine Dupont met du rythme et que les avants enfoncent la ligne adverse. "Est-ce que c’est l’enjeu qui a fait qu’on s’est rétractés ? Sûrement. La deuxième partie du match est collectivement une grande réussite, d’abord la capacité de redresser la barre puis de reprendre le contrôle du match en étant très collectif", s'est félicité Fabien Galthié.

Les voici désormais dans l'histoire, premiers à faire tomber les Néo-Zélandais en poule de Coupe du monde en neuf éditions. Et la meilleure leçon de la soirée est sans doute de leur avoir passé 27 points en donnant une impression de frein à main et de jeu parfois brouillon. "Sur un match plutôt moyen, on arrive à mettre 30 points (il arrondit), ce qui est hyperpositif évidemment", a reconnu Antoine Dupont.

"Quand on fait le bilan purement comptable, c’est incroyable de mettre 27 points aux Blacks en match d’ouverture. Mais on a plus tendance à voir les mauvais que les bons côtés, on sait qu’on est capable de faire mieux que ça. On les laisse encore marquer trop facilement"

Antoine Dupont, capitaine du XV de France

en conférence de presse

Après une longue préparation, le XV de France aurait pu être tétanisé par l'enjeu, comme il l'a été pendant 20 minutes. Mais il s'était préparé, et la force collective lui a permis de s'en émanciper pour redonner sa pleine puissance en fin de match, là où même la Nouvelle-Zélande a dû plier. "On a pu acquérir une confiance collective depuis plusieurs années, avec des scénarios de matchs différents, ce qui fait que même quand on prend des points, on ne s’affole pas. C’est aujourd’hui nos basiques : la défense, la conquête et le pied, et l’apport des finisseurs où on a vraiment senti une plus-value", analyse Antoine Dupont.

Trois matchs pour peaufiner avec l'esprit libéré

Le premier obstacle - et quel obstacle - passé avec sérieux mais sans brio, la France va pouvoir se projeter sereinement vers la suite. Les trois prochains matchs devront servir à assurer une qualification déjà à sa portée, ménager les organismes pour éviter d'avoir un blessé majeur par match, récupérer les cadres (Cyril Baille, Jonathan Danty, Julien Marchand ce soir) et tenter de nouvelles choses : Yoram Moefana n'a pas rayonné vendredi, Gabin Villière a été discret offensivement et Cameron Woki n'apporte pas les mêmes garanties que Paul Willemse. "On a réussi à faire tout ce qu’on voulait faire en termes de coaching. Le résultat est parfait, le scénario un peu moins car on a perdu peut-être pour quelques jours Julien Marchand", a noté le sélectionneur tricolore. "La façon dont l'équipe s'est comportée est très prometteuse pour les deux semaines à venir", a complété Raphaël Ibanez, le manager de l'équipe de France. 

Tout cela, Fabien Galthié et son staff auront plusieurs semaines pour le gérer l'esprit plus léger, d'abord face à l'Uruguay le 14 septembre, puis la Namibie le 21 septembre, avant de conclure face à l'Italie le 6 octobre. "Il faut pouvoir récupérer vite et vite se concentrer parce que la semaine va être très courte", avertit Grégory Alldritt. "On est très heureux ce soir, mais il ne faut pas s'enflammer et continuer à construire parce que tout n'a pas été parfait", a prévenu François Cros. Ensuite, il sera sans doute temps de retrouver les Springboks, champions du monde en titre, ou les Irlandais, vainqueurs du dernier Tournoi des six nations, avant de peut-être retrouver ces mêmes Blacks en finale, dans un remake de 2011 où le favori aura peut-être définitivement changé de camp. D'ici-là, la route est encore très longue pour le XV de France, mais elle ne pouvait pas mieux démarrer.

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