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Coupe du monde de rugby : Ollivon, la renaissance permanente du "Grand Charles"

L'ancien capitaine du XV de France a subi plusieurs graves blessures et a semblé un moment "perdu" pour le rugby. Mais il a toujours su revenir et retrouvera le brassard face à l'Italie, vendredi, en l'absence d'Antoine Dupont.
Article rédigé par Théo Gicquel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Charles Ollivon lors du match de la Coupe du monde de rugby face à la Namibie, le 25 septembre 2023. (VICTOR JOLY / AFP)

Martyrisé, brisé mais libéré. Comme Paris dans le discours d'un certain Général, à qui il emprunte le surnom, Charles Ollivon revient de loin. Il se définissait même, dans un entretien qu'il nous avait accordé en janvier 2020, comme un miraculé du rugby. "Il y a eu des étapes à franchir qui ont été très compliquées, mais on peut dire que je suis un rescapé, oui." Pour bien comprendre par où le troisième ligne, nommé capitaine pour le match décisif face à l'Italie, est passé pour en arriver là, revenons en 2017. 

Cette année-là, le Basque de naissance, qui a débuté à l'Aviron bayonnais, évolue au Racing Club de Toulon. Face à Castres, en avril, il se blesse à l'omoplate. Il aggrave cette blessure en août, puis une nouvelle fois, deux mois après son retour, en septembre 2018. À 25 ans, on lui annonce fréquemment que sa carrière est finie, et personne ne veut prendre le risque de l'opérer. Charles Ollivon subit mais ne renonce pas. "J'avais beaucoup de fierté, je ne pouvais pas abandonner, ne serait-ce que pour ma famille et mes proches. Ce n'était pas une solution d'arrêter. Pourtant, j'en ai eu des refus, des explications droit dans les yeux comme quoi c'était fini. J'ai refusé d'accepter ce destin-là", nous racontait-il. 

Considéré comme perdu pour le rugby

Il tombe alors sur un homme, Yves Bellumore, qui va changer sa vie. Le chirurgien accepte de le faire passer sur le billard. "J'étais livré à moi-même, sans solution. J'avais eu beaucoup d'échecs, et la dernière solution en France, c'était lui", nous dévoilait le troisième ligne début 2020. "J'ai vu des personnes qui m'ont dit que ce n'était pas possible, mais je me suis bien rendu compte que c'était le cas. C'est la seule personne qui a pris mon cas à cœur et qui a voulu me soigner, je lui dois beaucoup, j'en suis bien conscient." 

"J'ai un lien plus que fort avec lui, c'est même devenu un ami. On se tient au courant de toutes les étapes, on se retrouve pour boire un coup et manger un bout. C'est une histoire assez exceptionnelle."

Charles Ollivon sur son chirurgien Yves Bellumore

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L'opération réussie, l'espoir rejaillit et Charles Ollivon fait son retour en mars 2019 en club, puis en XV de France contre l'Ecosse en août. "C'était un moment exceptionnel, je me vois encore chanter la Marseillaise. Je sais comment j'ai souffert pour revenir sous ce maillot, donc ça procure une émotion assez folle", se souvient-il. Jacques Brunel l'emmène ensuite à la Coupe du monde au Japon à l'automne 2019, où il marque un essai lors du quart de finale perdu face au pays de Galles et gagne sa place de titulaire alors qu'il était parmi les réservistes.

Charles Ollivon va marquer un essai lors du quart de finale de Coupe du monde face au pays de Galles, le 25 septembre 2019. (GABRIEL BOUYS / AFP)

Une défaite sur le terrain, mais une victoire pour lui, revenu à toute vitesse des tréfonds où certains l'avaient envoyé. "La force mentale, elle est pour revenir à haut niveau, ensuite il faut petit à petit retrouver la confiance sur le terrain. Il a très vite retrouvé un niveau de performances surprenant", se souvient notre consultant Vincent Clerc, son coéquipier à Toulon lors de ses blessures. "Je n'ai jamais supporté perdre quoi que ce soit, je n'ai jamais lâché. C'est mon tempérament, et ça m'a ça m'a permis d'aller un peu plus loin que ce qu'on m'avait prédit", nous confiait Ollivon après la compétition.

Le capitanat, humilité et détermination

Si la résilience et le mental dessinent en grande partie le personnage Ollivon, c'est le brassard de capitaine qui le raconte le mieux. En 2020, il est désigné par le nouveau staff pour le Tournoi des Six Nations, qui lance l'ère Fabien Galthié. Pourtant en juin 2021, ses galères refont surface après deux Tournois avec le brassard. Il se blesse gravement (ligaments croisés) et doit, pendant son absence, céder le capitanat à Antoine Dupont, qui le conservera après son retour. 

Un choix qui pourrait être difficile à avaler pour certains, pas pour lui. "Il a pris le capitanat avec plaisir, il a pris ses responsabilités. Quand il a fallu le céder, il l'a cédé, il est vraiment au service de l'équipe. C'est ce qui fait des bons capitaines, qui doivent avoir cette réflexion-là", développe Vincent Clerc. Il a beaucoup d'humilité, il était quand même capitaine de l'équipe de France. Quand le brassard est revenu à Antoine Dupont, ça ne l'a jamais dérangé. Il a cette force-là", observe l'ancien ailier international.

Journée 3 : Charles Ollivon inscrit un troisième essai contre les Welwitschias

À 30 ans, Ollivon, lui, n'a pas changé. Il est peut-être même plus fort qu'avant ses trois blessures. Ce n'est pas un hasard si c'est lui qui a été désigné pour accompagner Fabien Galthié en conférence de presse après le match contre la Namibie en lieu et place du capitaine, blessé ce soir-là. "Il aime être dans le groupe, avec ses coéquipiers. Il n'a pas besoin ou envie de briller, d'avoir la lumière sur lui, et pourtant il l'a souvent car c'est un joueur exceptionnel. C'est quelqu'un de très déterminé, qu'on aime avoir à ses côtés car il amène une attitude positive dans le combat", appuie son ancien coéquipier au RCT. 

"Le Pays basque, c'est le caractère et la personnalité. Chez nous, c'est très marqué, les gens sont très attachés à ça. Le jour où ils perdent ça, ils perdent tout."

Charles Ollivon

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Sans sa star pour au moins le match contre l'Italie, le XV de France a dû devoir revoir ses plans, et décider d'un nouveau capitaine. "Ce sont des faits de match qui arrivent malheureusement assez souvent, ça fait partie de notre job, pas le temps et pas la place pour tergiverser", racontait-il, déterminé, ce soir-là. En balance avec Antony Jelonch, Gaël Fickou ou encore Grégory Alldritt, c'est Ollivon qui en a logiquement hérité, mercredi, lors de l'annonce de la composition. Un choix logique, alors qu'il avait déjà récupéré temporairement le brassard en l'absence d'Antoine Dupont lors de la tournée d'été 2022 au Japon. "Il a fait un chemin difficile, et aujourd'hui, il redevient capitaine. C'est un clin d'oeil, mais ça représente aussi les quatre années de travail. Il est là", a justifié Fabien Galthié.

Mais ne comptez pas sur lui pour changer sa manière d'être. "Avec tout ce que j'ai vécu, je ne me projette plus. J'essaie de profiter, de vivre un maximum intensément, et c'est tout. J'ai un peu changé avec toutes ces histoires, et ça me va très bien de vivre le moment présent", nous soufflait-il début 2020. Il y a fort à parier qu'il est toujours le même, et le XV de France compte plus que jamais sur lui pour l'emmener tout en haut.

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