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Tournoi des six nations : la France favorite, l'Irlande et l'Angleterre à l'affût, le pays de Galles décimé... Ce qu'il faut savoir sur l'édition 2022

La compétition démarre samedi avec Irlande-Galles. Les Bleus entrent en lice dimanche, face aux Italiens.

Article rédigé par franceinfo: sport - Elio Bono
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Le Français Antoine Dupont et l'Irlandais Jonathan Sexton, le 31 octobre 2020, lors du Tournoi des six nations au Stade de France, à Saint-Denis. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Un an après la victoire finale du pays de Galles, le Tournoi des six nations reprend ses droits. Le public est de retour après une dernière édition à huis clos. Un passionnant Irlande-Galles ouvrira les festivités, samedi 5 février à 15h15.

Cette édition 2022 est particulièrement indécise. Si l'Italie apparaît clairement comme la plus faible des équipes et devrait rafler une septième cuillère de bois de rang, les cinq autres nations ont un rôle à jouer. A un an et demi du Mondial en France, le rugby européen cherche sa tête de gondole. Franceinfo: sport vous propose un état des lieux.

La France favorite, à moins que...

Cette fois, ils ne peuvent plus se cacher. Après deux éditions prometteuses, les Bleus version Galthié démarrent leur tournoi dans la peau de l'équipe à battre. La victoire retentissante contre les All Blacks en novembre (40-25) comme le calendrier favorable (trois réceptions pour deux déplacements) renforcent ce sentiment. Le XV de France semble assumer ce statut, à l'image d'un Gaël Fickou haranguant les siens à l'entraînement : "Cette année, c'est pour nous". Tout autre résultat qu'une victoire finale serait, douze ans après le dernier Grand Chelem, vécu comme un échec.

Dix-huit mois avant "son" Mondial, la France doit désormais capitaliser sur les promesses entrevues... à condition que le Covid-19 épargne les Bleus, un an après l'affaire de la gaufre romaine. Plusieurs Toulousains, Romain Ntamack et Antoine Dupont en tête, ont d'ailleurs contracté le virus courant janvier. On les a vus balbutiants pour leur retour, samedi, contre le Racing. Auront-ils assez récupéré pour supporter la charge physique d'un match international ? La réception de l'Italie, dimanche à 16 heures, permettra d'y voir plus clair.

L'Angleterre guidée par le prodige Marcus Smith

Végéter après la gueule de bois d'un dernier tournoi calamiteux (cinquième) ? Très peu pour les Anglais. Tombeurs de l'Afrique du Sud (27-26) et de l'Australie (32-15) en 2021, les joueurs d'Eddie Jones ont ainsi corrigé le tir et attaquent l'édition 2022 revigorés. Les cadres Ben Youngs, Maro Itoje et Courtney Lawes sont encore là, accompagnés d'une nouvelle vague radieuse. Elle est incarnée par le prodige Marcus Smith (22 ans). L'ouvreur des Harlequins est, excusez du peu, passé devant George Ford dans la hiérarchie.

Le rubgyman anglais Marcus Smith, le 20 novembre 2021, lors du match Angleterre-Afrique du Sud à Twickenham. (GLYN KIRK / AFP)

En l'absence du capitaine Owen Farrell, Smith aura la responsabilité du but, pas de nature à effrayer l'ouvreur aux cinq petites sélections, dont la taille (1m75) détonne franchement face aux mastodontes de la planète ovale. On a déjà hâte de voir le numéro 10, au profil plus Jalibert que Ntamack, fouler la pelouse du Stade de France le 19 mars, pour ce qui pourrait être la finale du Tournoi des six nations.

L'Irlande et Sexton attendus au tournant

Cette fois encore, l'Irlande ne se reniera pas. Le XV du Trèfle va s'appuyer sur un paquet d'avants toujours plus solide. Il y a d'ailleurs fort à parier que la plupart des essais irlandais soient inscrits sur ballon porté ou à l'issue d'un pilonnage des gros. C'est ainsi que les coéquipiers de Tadhg Furlong ont fait suffoquer les Néo-Zélandais en novembre (29-20). Jamais révolutionnaire mais ô combien efficace, l'Irlande n'est pas loin d'être désignée cofavorite au départ du tournoi.

Les quatre provinces (Ulster, Munster, Leinster, Connacht) pourvoyeuses des talents de la sélection ont, en plus, toutes brillé en Coupe d'Europe. Mais un ciel irlandais n'étant jamais complètement épargné par les nuages, on ne peut s'empêcher d'émettre des doutes sur la santé de Jonathan Sexton. Touché par des commotions cérébrales, l'ouvreur de 36 ans peut-il encore encaisser les chocs d'un rugby international impitoyable ? De la forme de son capitaine emblématique dépendront grandement les résultats de l'Irlande, par ailleurs peu vernie (déplacements en France et en Angleterre).

Quand six êtres manquent au XV du Poireau...

Qu'aurait dit Alphonse de Lamartine à propos de cette sélection galloise ? Tenant du titre, le XV du Poireau s'avance décimé. Six joueurs incontournables ayant titillé le Grand Chelem l'an passé sont absents pour cette édition. Le pack est amputé des trois lieutenants de la troisième ligne (Josh Navidi, Taulupe Faletau et Justin Tipuric) ainsi que du talonneur Ken Owens, quand la ligne de trois-quarts est déboussolée par la perte du finisseur George North.

L'emblématique Alun-Wyn Jones va manquer son premier Tournoi depuis 2006. (ADRIAN DENNIS / AFP)

Pour couronner le tout, l'emblématique capitaine Alun Wyn Jones, 149 sélections, est aussi sur la touche et manquera son premier Tournoi des six nations depuis 2006. En y ajoutant des résultats décevants en novembre (défaites contre l'Afrique du Sud 18-23, et la Nouvelle-Zélande, 16-54) et des déplacements périlleux à Dublin et Londres, vous obtiendrez le cocktail qui inquiète une équipe en délicatesse. Toutefois, l'an passé déjà, personne n'attendait les Gallois. Cette fois encore, le génial Dan Biggar et la fusée Louis Rees-Zammit devraient en enquiquiner plus d'un.

Et si la lose quittait enfin Edimbourg ?

En 2021, le XV du Chardon a probablement été le principal poil à gratter de la compétition, mais sans profiter des démangeaisons provoquées. Les mauvaises langues diront que gâcher deux exploits à Twickenham et au Stade de France en perdant contre l'Irlande et le pays de Galles est, au fond, terriblement scottish. Est-ce qu'il en ira différemment en 2022 ? Leurs progrès sont, en tout cas, incontestables. En novembre, l'Ecosse s'est offert le scalp de l'Australie (15-13), puis s'est montrée accrocheuse contre les champions du monde sud-africains (15-30).

On ne peut pas, non plus, reprocher à Gregor Townsend de ne pas faire dans la continuité. Les forces restent les mêmes : malgré un vivier limité, l'excellent Hamish Watson guidera les troupes devant, quand les fantasques Finn Russell et Stuart Hogg animeront les lignes arrières. De là à viser la victoire finale, il reste un pas difficile à franchir. Mais rien que pour réentendre le mythique Flower of Scotland a capella après un an de sevrage, suivre les hommes de Murrayfield vaudra le détour.

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