Écosse-France : Laure Sansus, l'incontournable à la mêlée
Sacrée meilleure joueuse du match contre l’Irlande, la demi de mêlée tricolore, qui s’installe à 27 ans comme une cadre du XV de France, sera précieuse pour ce déplacement des Bleues en Ecosse, dimanche.
Il y a une équipe de France avec et une sans Laure Sansus. Qu’elle débute sur le banc comme face à l’Italie ou enfile la tunique de titulaire comme face l’Irlande, la demi de mêlée du Stade toulousain impose sa patte tant sur le jeu des Bleues que sur le résultat final.
Avant la troisième journée du Tournoi des six nations face à l'Ecosse, dimanche 10 avril, le XV de France, qui vise la victoire finale et un potentiel Grand Chelem, présente un bilan de deux victoires consécutives, chose qu’il n’avait plus réalisé depuis 2018.
Un sans-faute auquel l’internationale de 27 ans, dont l’influence n’a de cesse de grandir, n’est pas étrangère. Si elle n’a pas manqué de saluer le travail de ses avants après la victoire contre l'Irlande, soulignant "qu’elles avaient tout fait" et que les "choses sont plus simples avec un pack aussi dominateur" , les chiffres de ce début de Tournoi la place dans les joueuses les plus décisives.
Une briseuse de murailles
Grâce à son doublé contre l’Irlande, la Toulousaine est la co-meilleure marqueuse d’essais des Bleues avec l’arrière polyvalente Emilie Boulard. Seule Caroline Drouin, en charge du but, les devance. Elle est aussi celle qui casse le plus de plaquages et parcourt le plus de distance ballon en main (118,7 mètres contre 84,5 mètres pour Emilie Boulard, deuxième dans l'exercice) du groupe tricolore. "En ce moment, c’est une joueuse incontournable pour que l’équipe de France puisse installer son jeu de vitesse", expose Marie Sempéré, ancienne internationale à XV et consultante pour France Télévisions.
Quand il faut prendre l’initiative balle en main, aller mettre la tête dans un ruck, s’engager en défense, elle est là. Et son jeu au pied est millimétré et pertinent.
Marie Sempéré, ancienne internationale à XV et à 7 et consultante pour France télévisionsà franceinfo : sport
Pour Marie Sempéré, Laure fait surtout partie de ces joueuses qui "sentent le rugby" et qui voient les "choses avant les autres". Il faut dire que la numéro 9 aux 25 sélections est de son propre aveu "née avec un ballon dans les mains." La pitchoune, qui a commencé le rugby à 4 ans, a étayé très tôt sa vision du jeu en scrutant les matchs de son frère aîné.
Un retour de retraite sportive en 2018
Si elle fait ses premiers pas en équipe de France en février 2016 à 22 ans, elle a toutefois mis du temps à s’imposer parmi les taulières de cette équipe. "Elle a commencé à exploser avec Toulouse quand l’équipe est montée d’élite 2 à 1, et qu’elles ont commencé à s’installer dans le paysage du rugby féminin, se remémore Marie Sempéré. A cette époque, Laure privilégiait plutôt son travail, elle n’était pas encore focus sur l’équipe de France. Et on sait qu’évoluer à ce niveau exige des sacrifices."
Les difficultés à mener de front ses carrières professionnelle et rugbystique sont telles que l’Occitane prend même sa retraite sportive un an plus tard, avant de rechausser les crampons en 2018 et de décrocher un des tous nouveaux contrats fédéraux mis en place par la Fédération pour soutenir le développement du XV de France. "Depuis, Laure n’a pas cessé de progresser, elle tire Toulouse et l’équipe de France vers le haut", appuie Marie Sempéré.
C’est d’autant plus vrai lors de ce Tournoi où elle fait figure de titulaire indiscutable à la mêlée, en l’absence de Pauline Bourdon (blessée), avec qui elle partage habituellement le poste en équipe de France et au Stade toulousain. "Je n’aimerais pas être à la place des coachs pour faire les choix, elles sont très complémentaires. Bourdon a un côté plus filoute et en finesse et cette capacité à couvrir le poste de 10." Une profusion dont se félicitait d’ailleurs le staff des Bleues, en la personne d’Annick Hayraud après le succès à Toulouse face à l’Italie. "C’est vrai qu’on est gâtés à ce poste. On n’est pas du tout surpris par les performances de Laure. Elle n’est pas loin d’être la meilleure 9 au monde", saluait d’ailleurs la manager des Bleues.
En attendant le probable retour de Pauline Bourdon d'ici la fin du Tournoi, c’est bien Laure Sansus qui éclaire le jeu tricolore, dans un style qui rappelle à beaucoup un joueur lui aussi pensionnaire du Stade Toulousain et demi de mêlée : Antoine Dupont.
Je la compare un peu à Antoine Dupont, elle a ce jeu à l’instinct, de feu follet et elle nous crée des brèches. Elle est un peu moins musclée, sauf les mollets peut-être (rires), mais c’est un pilier de l’équipe capable de nous mettre dans l’avancée.
Gaëlle Hermet, troisième ligne et capitaine du XV de Franceà franceinfo : sport
"Ce n’est pas la première fois qu’on me compare à lui, on m’en parle tout le temps, sourit Laure Sansus. C’est le meilleur joueur du monde, donc je prends le compliment avec plaisir. Après, je ne me calque pas sur lui, je n’essaie pas de lui ressembler, j’ai toujours été comme ça."
La trajectoire, la revanche, l'arrivée à maturité, appelez-là comme vous voulez, de cette joueuse un temps coincée dans un rôle de doublure de Yanna Rivoalen et de Pauline Bourdon arrive à point nommé pour des Bleues ambitieuses. Pour continuer à rêver d'un Grand Chelem, il faudra bien ça.
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