Rugby : améliorer la conquête, stabiliser la touche... Ce que le XV de France doit ajuster pour le dernier match face à l'Argentine

Les Bleus affrontent les Pumas au Stade de France, vendredi, pour tenter de conclure leur tournée d'automne avec une troisième victoire en trois matchs.
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Antoine Dupont face à la Nouvelle-Zélande le 17 novembre 2024. (MILLEREAU PHILIPPE / KMSP / AFP)

Une confirmation pour finir l'année en beauté. Après sa victoire autoritaire face au Japon, puis le thriller face à la Nouvelle-Zélande, le XV de France accueille l'Argentine, vendredi 22 novembre au Stade de France, pour tenter de terminer sa tournée d'automne avec une troisième victoire en trois matchs.

Malgré un groupe remanié principalement en raison des blessures, "un tiers de l'effectif" selon Fabien Galthié, les Bleus ont allumé beaucoup de voyants au vert depuis deux semaines. Mais il reste quelques détails à peaufiner face à des Pumas qu'ils ont battus cinq fois lors de leurs six derniers affrontements, mais pas le dernier, en juillet dernier, disputé dans des conditions particulières.

Améliorer la conquête

Le principal défi pour les Bleus sera de retrouver un jeu de possession conquérant sur les phases offensives. Adepte de la "dépossession" chère à Fabien Galthié, le XV de France a souffert en conquête face à la Nouvelle-Zélande. "En première mi-temps, on a eu du mal à avoir le ballon, on a quand même pas mal subi. On a réussi à retourner la situation par une défense héroïque mais on a eu du mal à prendre les choses en main et à imposer notre jeu" , note Vincent Clerc, ancien international et consultant pour France Télévisions.

Rugby : le XV de France l’a emporté face aux All Blacks
Rugby : le XV de France l’a emporté face aux All Blacks Rugby : le XV de France l’a emporté face aux All Blacks (France 2)

Avec 370 mètres gagnés (contre 635 pour les Blacks) et 12 défenseurs battus (contre 34 pour les Blacks), les Bleus ont eu beaucoup de mal à progresser vers les 22 mètres néo-zélandais sans les coups de pieds léchés de Thomas Ramos et la vitesse de Louis Bielle-Biarrey. Mais cette difficulté doit aussi être nuancée au vu de la qualité de l'adversaire, qui sera un cran en dessous vendredi. "Si on enlève un peu de déchet en conquête et qu'on a un peu plus de maîtrise avec le ballon, ça va quand même être compliqué de les battre ces Français", soutient l'ancien ailier.

Donner un nouveau souffle à la première ligne 

Cyril Baille absent longue durée, Uini Atonio de retour de blessure mais proche de la retraite : Fabien Galthié a dû, cette année, reconstruire une partie de sa première ligne autour du polyvalent Peato Mauvaka. Jean-Baptiste Gros supplée pour l'instant parfaitement le Toulousain, mais c'est l'autre côté de la ligne qui pose davantage de questions.

Le jeune Tevita Tatafu (22 ans) s'est révélé mais s'est blessé, faisant de nouveau rentrer dans la danse Uini Atonio, 34 ans au compteur. "Tevita a vraiment compris ce qu'était le niveau international", a souligné le sélectionneur cette semaine. "Effectivement il y a un chantier sur les piliers. Atonio, on le sait vieillissant. On en a besoin, c’est super qu’il fasse la transition, qu'il joue le plus longtemps possible. Mais il faut du monde derrière lui", estime Vincent Clerc.

Face aux All Blacks, Georges-Henri Colombe a joué 70 minutes, une durée rare pour un pilier, et a marqué des points, mais le réservoir en première ligne n'est pas le même que pour d'autres postes en équipe de France. "C 'était une vraie satisfaction de voir comment il a tenu. L'équipe de France n'est faite que d'opportunités : il y a des blessures, des méformes. Il faut que les joueurs en profitent pour s'imposer. C'est ce qu'a fait Colombe sur les derniers matchs", observe notre consultant.

Face à l'Argentine, Fabien Galthié a néanmoins choisi de revenir à l'expérience avec un trio Gros-Mauvaka-Atonio, tout en saluant la performance du jeune Rochelais face aux Néo-Zélandais : "Pour Georges-Henri, c'était l'Himalaya. Il est en train de se révéler dans la difficulté, au poste de pilier droit, le plus dur du rugby." 

Stabiliser la touche

Ce fut le point noir le plus visible face aux All Blacks : la touche. Avec trois lancers perdus (contre un pour la Nouvelle-Zélande), les Bleus ont été dominés dans un secteur qu'ils maîtrisent normalement, tout comme la mêlée. "On a été un peu contrés en touche, la mêlée a été un petit peu chahutée. Après, on parle de nations qui sont les meilleures nations du monde en face", nuance Vincent Clerc.

Le Français Paul Boudehent lors d'une touche face à la Nouvelle-Zélande le 16 novembre 2024. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Avec autant de rotations dans le XV de départ, il est logique qu'un manque de cohésion apparaisse parfois, et notamment en touche, où la coordination et l'expérience sont essentielles. "Alexandre Roumat a peu de sélections, Pierre Boudehent n'est pas toujours titulaire, o n a eu la rentrée de Mickaël Guillard. Donc ce n'est pas anormal qu'il y ait eu un peu de déchet avec des joueurs qui n'ont pas énormément de sélections", tempère notre consultant.

Un problème d'ajustement collectif qui devrait être rapidement réglé face aux Pumas, vendredi, avec notamment les retours de François Cros et surtout de Charles Ollivon, l'une des cibles privilégiées et sûres de l'alignement tricolore. "Il n'y a que des joueurs et des entraîneurs de haut niveau, donc ils vont forcément le travailler et continuer à l'améliorer", rassure Vincent Clerc.

Dégager une tendance en troisième ligne

Si la hiérarchie chez les arrières ou en deuxième ligne semble stable, celle de la troisième ligne semble plus hésitante au sein du staff. Charles Ollivon, absent du groupe face au Japon, retrouve un poste de titulaire face à l'Argentine. Grégory Alldritt fait le chemin inverse. François Cros, blessé pour commotion, fait, lui, son retour. 

"Peut-être que Grégory Alldritt a besoin de souffler un peu. François Cros apporte énormément dans le secteur défensif. Alexandre Roumat a vraiment confirmé ses prestations au dernier tournoi. Il y a plein d'options et ça permet à la fois de créer de l'émulation dans le groupe et de faire souffler certains qui ont beaucoup joué ces dernières années", note Vincent Clerc.

Au lendemain de la magnifique victoire décrochée par le XV de France face à la Nouvelle-Zélande au Stade de France, Grégory Alldritt est l’invité de Stade 2. Il revient sur ce magnifique succès.
Grégory Alldritt : "Il nous fallait une grosse victoire" Au lendemain de la magnifique victoire décrochée par le XV de France face à la Nouvelle-Zélande au Stade de France, Grégory Alldritt est l’invité de Stade 2. Il revient sur ce magnifique succès.

Vendredi, le dernier poste de la ligne sera occupé par Paul Boudehent, peut-être le grand vainqueur de cette tournée d'automne avec déjà trois essais.  "L'intersaison lui a permis de passer un cap sur sa compréhension, sa détermination", saluait le sélectionneur Fabien Galthié avant le match contre la Nouvelle-Zélande.

"C'est compliqué de le sortir après le match qu'il a fait. L 'avantage d'avoir ce réservoir de joueurs, c'est qu'on fait globalement la politique de l'homme en forme", conclut Vincent Clerc. Un avis partagé par le sélectionneur qui affirmait mercredi : "Mon souhait, c'est qu'il y ait une émulation très forte. Plus elle sera forte, plus l'équipe de France sera forte." Dernier aperçu de l'année vendredi, face aux Pumas.

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