Open d'Australie : pourquoi le 21e sacre en Grand Chelem de Rafael Nadal est un exploit à plus d'un titre
L'Espagnol est devenu le joueur le plus titré de l'histoire en Grand Chelem tout en accomplissant l'un des come-back les plus spectaculaires en finale d'un tournoi majeur.
C'est loin de Roland-Garros, son royaume, que Rafael Nadal a décroché un nouveau titre en Grand Chelem dimanche 30 janvier. L'Espagnol a remporté l'Open d'Australie 2022 au terme d'une finale de plus de cinq heures et disputée en cinq sets face au Russe Daniil Medvedev (2-6, 6-7, 6-4, 6-4, 7-5). A 35 ans, il a sans doute décroché l'un des titres les plus marquants de sa carrière. On vous explique pourquoi.
Parce qu'il est revenu de nulle part en finale
"Enorme respect à lui de m'avoir battu parce que j'ai fait de mon mieux. A deux sets zéro, j'ai tenté de conclure et je l'ai fait courir, mais il a joué de manière irréelle." En conférence de presse d'après-match, il n'y avait pas d'aigreur de la part de Daniil Medvedev. Au contraire, le Russe, qui a pourtant échoué pour la deuxième année consécutive en finale du tournoi, a tiré son chapeau à Rafael Nadal.
L'Espagnol a trouvé les ressources pour faire basculer la rencontre de son côté en enlevant les trois autres sets (6-4, 6-4, 7-5). Une remontée qui n'était plus arrivée en finale de l'Open d'Australie depuis 1965 et que l'intéressé n'avait plus accomplie en Grand Chelem depuis Wimbledon en 2007 (il avait alors 21 ans), déjà face à un Russe, Mikhail Youzhny, en huitième de finale.
Le Majorquin n'a jamais rien lâché, même quand Medvedev a réussi à le débreaker au moment où il servait pour le match à 5-4 dans la cinquième manche. Quand un journaliste lui a demandé la recette de son succès face au meilleur joueur des six derniers mois et futur numéro un mondial, Nadal a répondu simplement : "De l'amour pour le jeu, de la passion, une attitude positive et un esprit de travail."
Parce qu'il n'abordait pas l'Open d'Australie avec de grandes certitudes
Même si le tableau a été purgé de la présence de l'épouvantail Novak Djokovic, rien ne disait début janvier que Rafael Nadal hériterait de la couronne. Après sa défaite en demi-finale de Roland-Garros contre le Serbe en juin 2021, le "Taureau de Manacor" n'avait disputé que quatre matchs jusqu'à la fin de l'année.
A cause d'une douleur persistante au pied gauche, due au syndrome de Muller-Weiss (une maladie dégénérative qui déforme un des os de son pied), il avait été contraint de s'écarter des courts pour recevoir un traitement à Barcelone en septembre. A peine quatre mois après avoir été aperçu en béquilles, il s'est lancé dans l'arène à Melbourne. Malgré ses 35 ans, sans oublier les quatre heures d'un combat brutal face à Denis Shapovalov cinq jours plus tôt, le physique n'a pas lâché dimanche.
Parce ce que le sort lui a rarement souri à l'Open d'Australie
Il l'a rappelé lui-même en conférence de presse après son titre : "J'ai perdu à de nombreuses reprises ici, j'ai eu aussi de la chance, des fois j'ai été un peu malchanceux." Ainsi, lors de ses 16 premières participations, Nadal n'avait été jusque-là titré qu'une seule fois, en 2009, au terme d'un match sublime face à Roger Federer. Par la suite, il a échoué en finale à quatre reprises. En 2012 et 2017, il avait dû rendre les armes, respectivement face à Djokovic et Federer, au terme de matchs acharnés en cinq sets. En 2014, son corps l'avait trahi, l'empêchant de défendre véritablement ses chances face à Stanislas Wawrinka.
Avant cette édition 2022, il restait même sur deux éliminations d'affilée en quarts de finale, contre Thiem puis Tsitsipas. Le dur n'est pas son terrain de prédilection et la chaleur australe le fait régulièrement souffrir. Il a d'ailleurs tellement transpiré en finale qu'il a changé de haut au bout de sept jeux.
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— #AusOpen (@AustralianOpen) January 30, 2022
Parce que le record en Grand Chelem constituait une pression énorme
A chaque fois qu'on lui a demandé si cela traînait dans un coin de son esprit, il a tout écarté d'un revers de main. "Honnêtement je n'y accorde pas beaucoup d'importance. Je ne crois pas que mon bonheur dépende du fait d'avoir un Grand Chelem de plus que les autres", assurait-il après sa qualification pour les demi-finales. Mais en soulevant le trophée dimanche, Rafael Nadal est bien devenu le joueur le plus titré de l'histoire en Majeur avec 21 sacres au compteur.
C'est à 35 ans, après une remontée spectaculaire en finale qu'il a concrétisé cet exploit. Nadal a beau avoir tenté de le minimiser, les réactions du monde du tennis ont montré à quel point sa performance était historique. Daniil Medvedev le premier : "Pour lui, c'est faire l'histoire, même s'il a essayé de ne pas y penser. Ça devait être quelque part dans sa tête."
Mais c'est encore Roger Federer qui en parle le mieux : "Il y a quelques mois on rigolait de nous voir tous les deux en béquilles. Il ne faut jamais sous-estimer un grand champion. (...) Je suis fier de partager cette ère avec toi et honoré d'avoir joué un rôle dans ce qui t'a poussé à faire plus", a écrit le Suisse sur Instagram.
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