Interview Vendée Globe : "Ça a beau être un sport en solitaire, on n'y arrive pas tout seul", explique Marion Cardon, team manager du skipper Sébastien Simon

La célèbre course à la voile n'est pas si solitaire. Plusieurs professionnels basés restés à terre sont mobilisés pendant tout le temps de la compétition. Le "team manager" est un peu la personne multi-casquettes, dans chacune des 40 équipes en lice.
Article rédigé par Louis Mondot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marion Cardon, team manager du skippeur Sébastien Simon (Groupe Dubreuil Sailing Team), à droite sur la photo. (GROUPE DUBREUIL SAILING TEAM)

La 10e édition du Vendée Globe, course sans escale et sans assistance, ne se joue pas qu'en mer. Durant la compétition, plusieurs personnes travaillent dans l'ombre des skippeurs et jouent un rôle clé jusqu'à leur arrivée. C'est notamment le cas de Marion Cardon, la team manager du navigateur Sébastien Simon (Groupe Dubreuil Sailing Team).

Huit personnes, dont des préparateurs techniques, sont sous sa responsabilité, elle qui cumule 18 ans d'expérience dans la course au large et quatre Vendée Globe. L'équipe est basée à deux pas du port des Sables-d'Olonne, dans un hangar qui tient lieu de QG.

franceinfo : Le "team manager", c'est une sorte de couteau suisse ?

Marion Cardon : C’est un peu le chef d'orchestre de l'équipe. Il y a plusieurs profils de team manager, ça dépend aussi du profil du skipper et du projet. Il y a des profils plus techniciens, qui connaissent très bien le bateau, mais qui vont quand même être capables de gérer financièrement une entreprise, de gérer des ressources humaines, de coordonner une équipe. Ils vont avoir une expérience, une expertise plus technique. Il y a aussi des profils davantage comme le mien, qui ont une expertise plus marketing, commerciale et dans la communication. Mais on est tous obligés de bien connaître cet environnement de la course au large, d’avoir un bon réseau. Il faut qu’on connaisse les gens, qu’on comprenne les enjeux de cette compétition, qu’on comprenne ce que vit le skipper pour qu’on puisse prendre des décisions assez simplement et coordonner tout ce monde-là.

Vous êtes régulièrement en lien avec votre skipper Sébastien Simon ?

On est en lien permanent. J’ai la chance de travailler avec un skipper qui communique beaucoup. Il nous dit absolument tout ce qui se passe à bord, comment il se sent, ses conditions de navigation, les petits soucis qu'il peut avoir, ou les plus gros problèmes.

Il communique très bien à toute l'équipe et, dès l'instant où ça commence à se corser, si ça nécessite une certaine expertise et de contrôler la communication autour de la gestion du problème, ça passe d'abord par moi. Je suis son premier relais d'information et ensuite, moi et toute l'équipe, on organise la réponse qu'on va lui faire.

L'assistance étant interdite, comment vous pouvez l'aider en cas de difficultés ?

On a le droit à un certain niveau d'assistance technique, c'est-à-dire qu'on a le droit d'apporter des conseils sur des réparations à faire ou des interventions médicales qu'il peut avoir à faire sur sa personne. On a le droit de l'aiguiller, de le conseiller sur l'intervention en elle-même. En revanche, on n'a pas le droit de lui dire à quel moment faire cette intervention, où se mettre ou comment la planifier. On ne peut pas intervenir sur ses choix stratégiques de performance ou qui peuvent influer sur sa trajectoire. Néanmoins, je pense qu'on est un lien essentiel. Ça a beau être un sport en solitaire, tous les skippers le disent : on n'y arrive pas tout seul.

Vous êtes donc sans cesse joignable ?

Mon téléphone est en veille 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Le moindre petit bip d'un WhatsApp me réveille et Sébastien a une réponse dans la minute. Quand les conditions se corsent, on est plus vigilants, on va se coordonner cette veille, se répartir les choses, on va demander à Sébastien de nous tenir informés. On sait que si on n'a pas de nouvelles dans un certain laps de temps, on va peut-être aller les chercher.

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