Vendée Globe : comment des flotteurs déployés en mer par des skippers contribuent à la recherche sur les océans et le climat
Le Vendée Globe, course à la voile en solitaire et sans escale, fait aussi avancer la science. Plusieurs skippers ont embarqué du matériel scientifique à bord de leur bateau. Ils se sont portés volontaires pour aider la recherche à mieux comprendre comment fonctionnent nos océans, et notamment leur rôle dans le climat. Des flotteurs ont été déployés au large pour récolter de précieuses données.
Malgré parfois des difficultés météo, les skippers ont joué le jeu, une dizaine d'entre eux étaient partis avec un flotteur Argo et certains se sont même filmés en train de le larguer en mer, comme Yoann Richomme, Sam Goodchild ou Fabrice Amédéo.
Une opération conduite en partenariat avec l'Ifremer, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer. Les dix skippeurs ont largué leur flotteur fin novembre. "Il faut imaginer un thermomètre géant, bourré de technologie, qui fait environ entre 1,5 et 1,8 mètre de long et pèse plus d'une vingtaine de kilos, décrit auprès de franceinfo Lucie Cocquempot, ingénieure océanographe à l'Ifremer. Il va ensuite osciller de manière autonome dans les différentes masses d'eau, entre la surface et jusqu'à 2 000 mètres de profondeur, et va renvoyer tous les dix jours de l'information par satellite."
Rôle clé des courants
Leur mission est de mesurer la pression, la température de l'eau et sa salinité (la teneur en sel). Autant de données qui permettent de mieux connaître ce qu'on appelle la circulation océanique. "Il faut la penser comme un tapis roulant qui va plonger au niveau des pôles, parce que l'eau froide est plus dense et donc coule au fond de la mer, et remonter ensuite en se réchauffant tout au long de son parcours, du Nord vers le Sud, poursuit la scientifique. Ce tapis roulant océanique est mis en corrélation avec le mouvement des vents, qui fonctionne de la même manière. Ces courants évoluent en fonction des changements qu'on peut avoir dans notre climat. Quand la fonte des glaces est moins localisée, la circulation est plus diffuse."
"On a aussi des phénomènes extrêmes qui peuvent se développer, des travaux nous indiquent que des courants forts comme le Gulf Stream pourraient être amenés à évoluer."
Lucie Cocquempot, ingénieure océanographe à l'Ifremerà franceinfo
L'enjeu est donc d'améliorer la sécurité en mer, et plus largement de mieux anticiper les évolutions météorologiques. Un apport crucial pour la recherche, qui dépasse les enjeux du Vendée Globe, mais il a fallu faire certains choix en amont de la course, en accord avec les skippeurs. "Il y a eu une discussion sur quand et où larguer le flotteur, rappelle Lucie Cocquempot. C'est sûr que nous, ça nous intéresserait d'avoir des informations au plus près des mers du Sud, mais c'est quand même des conditions très dures et c'était questionnant au niveau de la sécurité. Le compromis a été de leur dire que, dans l'Atlantique Sud, il y a un trou de données qui serait intéressant de combler. C'était aussi en début de parcours, donc cela ne les pénalisait pas trop sur leur trajet."
Fin 2024, près de 4 000 flotteurs Argo sont actifs un peu partout dans les océans. Les données récoltées sont mises à la disposition de chercheurs du monde entier.
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