Syrie : plus de 20 000 morts depuis le début de la révolte, selon une ONG
L'armée syrienne a lancé samedi une grande contre-offensive sur Alep, capitale économique du pays.
Plus de 20 000 morts, dont près de 14 000 civils. Voilà le nouveau bilan des victimes du conflit en Syrie depuis le début de la révolte en mars 2011 que vient de divulguer l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) samedi 28 juillet.
Ce total de 20 028 personnes comprend précisément 13 978 civils, 5 082 membres de l'armée et des services de sécurité et 968 déserteurs, a indiqué Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire basé en Grande-Bretagne et qui dispose d'un réseau de militants à travers la Syrie.
De violents bombardements sur Alep
Alors que l'ONG révèle ce nouveau bilan un déluge de feu s'abat samedi sur Alep, capitale économique du pays comptant 2,5 millions d'habitants. Immeubles en flammes, hélicoptères survolant la ville d'Alep en quête de positions ennemies à mitrailler, la contre-offensive redoutée de l'armée syrienne sur la deuxième ville du pays fait rage. Forte de sa puissance de feu, l'armée syrienne a lancé l'assaut contre la métropole du nord pour tenter d'écraser dans le sang les rebelles retranchés dans le sud-ouest de la ville.
Selon un correspondant de l'AFP sur place, des bombardements violents ont commencé à 4 heures (3 heures, heure de Paris). Huit heures plus tard, ils poursuivaient avec la même intensité. Quatre hélicoptères lancent des roquettes et mitraillent le quartier alors que l'artillerie et les chars sont en action. Tout le quartier est cerné. Les combattants sont des opposants syriens et des étrangers qui affirment appartenir au "Liwa Tawhid al-Moujahidine", la Brigade de l'unification des Moujahidines (combattants islamistes). Il y a des Tchétchènes, des Algériens et même des Suédois et des Français de confession musulmane.
Quartiers bouclés, chars déployés
Le correspondant de l'AFP a assisté à une offensive de l'armée venue de Hamdaniyé, un secteur proche, qui a été repoussée par les rebelles. Sur la chaussée, il a vu la carcasse de trois chars et de deux blindés détruits par les rebelles. A côté, gisait les corps inertes de six soldats et quatre insurgés.
Selon un responsable rebelle, Abdel Jaber al-Oqaidi, une centaine de chars ont été déployés aux abords du quartier de Salaheddine (sud-ouest). Une source de sécurité syrienne a affirmé que "les quartiers chauds sont complètement bouclés pour empêcher les terroristes de s'échapper", en référence aux rebelles.
Depuis vendredi, beaucoup de femmes et d'enfants ont quitté le quartier dans la panique pour aller trouver refuge dans d'autres secteurs de la ville et seule une partie des hommes est restée. Il n'y a ni eau, ni électricité. Les habitants ont de grandes difficultés à se ravitailler en pain. De nombreux civils se sont abrités dans les sous-sols des maisons, tandis qu'un mouvement d'exode était noté dans certains quartiers.
Washington redoute un "massacre"
Selon les experts, cette bataille pour Alep, deuxième ville de Syrie est extrêmement importante pour les deux parties. Le régime compte sur ses alliés parmi les riches commerçants de la ville pour financer une partie de son effort de guerre. Les rebelles aspirent eux à rééditer le schéma libyen avec Benghazi en créant une zone protégée.
Plusieurs pays occidentaux ont exprimé leur préoccupation face à la perspective d'un assaut contre les rebelles. Washington a évoqué la possibilité d'un "massacre" et condamné "l'agression haïssable et répréhensible des forces d'Assad contre ce centre de population civile".
Hollande veut que le Conseil de sécurité de l'ONU intervienne
"Le régime de Bachar al Assad sait qu'il est condamné et donc il va utiliser la force jusqu'au bout. Le rôle des pays membres du Conseil de sécurité de l'Onu, c'est d'intervenir le plus rapidement possible", a par ailleurs déclaré le président français à la presse, en marge d'un déplacement dans le Gers. "Il n'est pas trop tard mais chaque jour qui passe, c'est une répression, des soulèvements et donc des massacres", a-t-il plaidé.
La Russie, alliée du régime syrien, a estimé qu'il n'était pas "réaliste" d'escompter que le pouvoir reste les bras croisés alors que des rebelles "occupent" les grandes villes. Moscou a averti qu'une "tragédie" menaçait à Alep.
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