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Syrie : l'opposition redoute un massacre après la prise de Baba Amr

L'armée syrienne a pris, jeudi, le contrôle total du quartier rebelle de Baba Amr, à Homs, après deux jours de combats contre les insurgés. Ces derniers ont annoncé un "retrait tactique".

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Capture d'écran d'une vidéo mise en ligne le 28 février 2012 sur YouTube montrant le quartier de Baba Amr, à Homs (Syrie). (YOUTUBE / AFP )

Assiégé, pilonné depuis 27 jours, Baba Amr a cédé. La neige qui est tombée sur la ville a ralenti la progression des soldats mais l'armée fidèle au président Bachar Al-Assad a finalement pris le contrôle total de ce quartier rebelle de Homs, bastion de la contestation en Syrie, jeudi 1er mars, après deux jours de combats contre les insurgés, qui ont annoncé un retrait "tactique"

Une prise stratégique pour le régime

"L'armée syrienne contrôle la totalité de Baba Amr, les dernières poches de résistance sont toutes tombées", affirme jeudi une source au sein des services de sécurité à Damas. "Les rebelles sont encore dans les quartiers de Hamadiyé et Khaldiyé (nord-est) et les opérations vont se poursuivre pour les déloger."

Seuls quelques groupes de combattants rebelles sont restés pour couvrir le repli de leurs camarades. Le chef de l'Armée syrienne libre (ASL), le colonel Riad Assaad, parle d'un retrait "tactique" de ses combattants, "par souci pour les vies des civils restants". Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 17 civils ont été tués jeudi dans les combats. 

La prise de Baba Amr est un enjeu stratégique pour le régime de Bachar Al-Assad. Le plus tenace des quartiers rebelles de Homs est en effet le centre d'aiguillage des armes venues du Liban voisin où les sunnites soutiennent la révolte contre le pouvoir alaouite syrien. Mais les munitions sont aussi acheminées en contrebande depuis l’Irak, à l’est, comme le signalent les autorités irakiennes.

Pour preuve, l'offensive terrestre serait mené par la redoutable quatrième division du 1er corps d'armée, une unité d'élite dirigée par Maher Al-Assad, le frère du président, dépêchée en renfort aux abords du quartier.

Des chars pilonnent les immeubles dans les rues de Homs ( REUTERS)

L’opposition veut organiser les livraisons d'armes aux rebelles

Le Conseil national syrien (CNS), principale instance de l'opposition, redoute un massacre et appelle "la communauté internationale et les pays arabes et islamiques à intervenir immédiatement". Le CNS annonce aussi jeudi la création d'un "bureau militaire" pour organiser des approvisionnements en armes, prenant ainsi acte de la militarisation croissante de la rébellion. 

"Ce bureau militaire sera localisé au plus près du champ d'action, probablement en Turquie", déclare le président du CNS, Burhan Ghalioun, lors d'une conférence de presse à Paris. Des officiers déserteurs syriens, notamment le colonel Riad Assaad, chef de l’ASL, se trouvent d’ailleurs depuis plusieurs mois en Turquie, près de la frontière.

Des pays comme le Qatar ont déjà indiqué qu'ils étaient prêts à armer les rebelles. Le Parlement koweïtien a même adopté jeudi une résolution appelant à armer l'opposition syrienne. Cette idée est cependant officiellement exclue par les pays occidentaux qui craignent l'arrivée de combattants d’Al-Qaïda aux côtés des rebelles.

Offensive diplomatique

Le Conseil de sécurité des Nations unies demande un accès humanitaire immédiat. La Ligue arabe insiste, elle, sur la nécessité d'"un cessez-le-feu immédiat".

Le Comité international de la Croix-Rouge et le Croissant rouge arabe syrien ont obtenu le feu vert des autorités de Damas pour se rendre vendredi à Baba Amr. Ils doivent y convoyer une aide humanitaire et évacuer les blessés.

Mercredi, cependant, les autorités syriennes avaient refusé à la responsable des opérations humanitaires de l'ONU l'autorisation d'entrer en Syrie pour évaluer la situation. Selon les Nations unies, les violences ont fait plus de 7 500 morts depuis mars 2011 et le début de la révolte.

La Russie et la Chine se sont associées, jeudi, aux treize autres membres du Conseil de sécurité de l'ONU pour faire part de leur déception face à ce refus. Il s'agit de la première unanimité au Conseil de sécurité dans ce dossier.

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