Syrie : les enjeux de la prise d'Alep
SYRIE - Les rebelles affirment contrôler plusieurs quartiers d'Alep, dans le nord de la Syrie. Fief du président Bachar Al-Assad, la prise de la capitale économique pourrait accélerer la chute du régime.
"C'est la première étape vers la libération de la ville." Un responsable du conseil militaire rebelle syrien a affirmé lundi 23 juillet au soir que les insurgés avaient "libéré" plusieurs quartiers d'Alep (nord), capitale économique du pays et contrôlée depuis le début du conflit par le régime de Bachar Al-Assad. Lancés depuis la veille dans "la bataille de la libération" d'Alep, ils veulent dégager la ville "des mains tachées de sang de la clique d'Assad".
Epargnée jusqu'à présent par les violences meurtrières, la prise d'Alep pourrait marquer un tournant dans le dénouement du conflit. FTVi vous explique pourquoi.
• Un bastion de Bachar Al-Assad
Ville la plus peuplée du pays, Alep abrite des classes commerçantes et des minorités qui craignent un changement de régime, explique l'agence Sipa. D'après Le Parisien, elle représente un enjeu "très important puisque le clan Assad, qui appartient à la minorité alaouite, veut jouer des rivalités confessionnelles pour tenter de rester au pouvoir quel qu’en soit le prix."
• Les rebelles grignotent les faubourgs d'Alep
Selon l'agence Sipa, depuis des mois les insurgés ont gagné du terrain dans les villes et villages plus pauvres de la campagne autour d'Alep, se rapprochant de la frontière turque. Une information confirmée dimanche 22 juillet dans une vidéo postée sur YouTube, où le colonel Abdel Jabbar Al-Okaidi, commandant du conseil militaire de l'ASL pour la province d'Alep, a affirmé que les révolutionnaires avaient jusqu'à présent "réussi à libérer la plupart des positions aux alentours" de la ville.
Depuis dimanche, relate Le Figaro, les véhicules chargés d'insurgés ont atteint le centre-ville dans une opération "étonnament calme". "La plupart des rebelles sont des gens du coin et sont accueillis à bras ouverts par la population. Des habitants viennent leur expliquer qu'il n'y a plus d'électricité, c'est le premier contact des révolutionnaires avec les réalités du gouvernement", relate son envoyé spécial.
Ce n'est qu'en fin de journée, rapporte le quotidien, que l'armée fidèle au régime avance vers le quartier de Salaheddine, à l'ouest de la capitale économique, et que les rapports violents démarrent. Au moins 94 personnes ont été tuées, dont 70 civils, selon un bilan invérifiable de l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme.
• Les minorités encore hésitantes
Lors de l'annonce de la libération d'Alep, l'ASL s'est aussi engagée à y "protéger les civils", notamment les minorités chrétiennes et alaouites. Mais aussi des Arméniens, des Assyriens, des Kurdes et des chiites qui habitent dans la cité.
Mais les rivalités, notamment religieuses, perdurent. "Avec l'arrivée récente des soldats de l'ASL (…) le commissariat de la zone s'est divisé en deux : d'un côté, les cinq policiers sunnites ont rallié l'ASL tandis que les quarante autres [appartenant à la minorité alaouite] se sont barricadés dans les locaux, jurant d'en découdre", raconte l'envoyée spéciale du Monde.
Même si, depuis le début du conflit, "les minorités chrétiennes, kurdes et alaouites hésitent encore à s’engager avec l’opposition", explique le quotidien algérien El Watan, les différences se dispersent depuis le début de la "libération".
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