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Tour de France Femmes 2023 : "Être au départ, c'est un beau pied de nez à toutes les personnes qui me l'ont fait à l'envers", savoure Audrey Cordon-Ragot

La coureuse de 33 ans, leader de son équipe (Human Powered Health) ne vise pas le classement général, mais espère réaliser un beau chrono lors de l'ultime étape du Tour de France.
Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport - De notre envoyée spéciale
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Audrey Cordon-Ragot, lors des Quatre jours CICI de Plouay (Bretagne), le 27 août 2022. (MAXPPP)

Elle revient de loin, mais elle sera bien au départ du Tour de France Femmes, dimanche 23 juillet à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). En moins d'un an, Audrey Cordon-Ragot a dû affronter un lot d'épreuves. En septembre dernier, la Bretonne de 33 ans est victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC), quelques semaines seulement après avoir décroché la victoire la plus prestigieuse de sa carrière, en s’imposant sur la classique de Vagarda en Suède, sa première victoire en World Tour. 

Alors encore au sein de l'équipe Trek-Segafredo, la double championne de France 2022 (course en ligne et contre-la-montre) est censée rejoindre la nouvelle équipe féminine B&B Hotels-KTM en 2023, et en être la leader. Mais la création de l'équipe tombe à l'eau, et Audrey Cordon-Ragot s'engage finalement avec l'équipe espagnole de deuxième division Zaaf.

Sauf que, trois mois plus tard, ne percevant toujours pas son salaire, elle décide de claquer la porte et de rejoindre, en plein milieu de la saison, la Human Powered Health, à quelques jours du Paris-Roubaix. Après plusieurs mois à enchaîner les galères, Audrey Cordon-Ragot s'est confiée sur sa participation au deuxième édition du Tour de France Femmes, et sa joie de pouvoir, pourquoi pas, aller y chercher une victoire d'étape. 

Le parcours est très complet cette année, et le contre-la-montre en dernière étape peut créer la surprise... C'est l'étape que vous attendez le plus ?

Audrey Cordon-Ragot : Oui, bien sûr. C'est l'étape sur laquelle je vise un beau résultat. Je pense que la veille, j'essaierai de me jeter dans le gruppetto aussi rapidement que possible, et de passer une journée "assez cool" pour profiter du public qui, j'espère, sera nombreux au Tourmalet, avant de faire un beau chrono dimanche. 

L'année dernière, on disait que le Tour de France était important pour la médiatisation du cyclisme féminin. Est-ce que, cette année, il y a besoin d'une confirmation de son attrait ? 

C'est vrai que le Tour reste la course la plus médiatique et la mieux organisée. Je pense que c'est un exemple pour beaucoup d'autres. On sort du Giro, on arrive ici, et on voit tout de suite la différence entre les deux organisations. Ce Tour s'inscrit dans la durée, donc on espère toujours que ce sera encore mieux l'année prochaine, encore mieux dans cinq ans et encore mieux dans dix ans. Cette deuxième édition va être magnifique. Et je pense qu'il y aura aussi encore, peut-être, plus de public que l'an passé avec un intérêt autour de cette épreuve qui grandit. Ça va être génial. 

C'est une grosse motivation, pas que pour les coureuses, ou pour les médias, mais aussi pour les autres organisateurs. Et tout cela tire tout le monde vers le haut. C'est une très bonne chose.

"Je ne vise pas le classement général, je suis assez honnête sur mes capacités en montagne, mais j'ai l'envie, à l'image d'un Julian Alaphilippe, d'aller me battre et de voir où mes jambes me mèneront."

Audrey Cordon-Ragot

en conférence de presse

Depuis quatre mois, vous êtes dans une nouvelle équipe, la Human Powered Health, dont le collectif va travailler pour vous...

Oui, j'arrive cette année avec une autre position. L'an passé, j'étais vraiment là en tant que coéquipière et uniquement coéquipière. Cette année, j'ai plus de liberté. Alors, évidemment, je ne vise pas le classement général. Ce qui est sûr, c'est que je ne veux pas avoir de regrets dimanche prochain quand je passerai la ligne du chrono.

Après plusieurs mois difficiles, qu'est-ce que cela représente d'être au départ du Tour de France ?

C'est un beau pied de nez à toutes les personnes qui me l'ont fait à l'envers depuis quelques mois maintenant. Malgré beaucoup de bas, et pas beaucoup de hauts, aujourd'hui je suis au départ. Je suis encore là et je suis la seule décisionnaire de l'année, du mois et du jour où je voudrais arrêter ma carrière. Personne ne décidera pour moi.

Et puis, c'est aussi prouver que, malgré la maladie, malgré les soucis de santé, on peut toujours se relever et continuer le haut niveau si on en a envie et le courage. Je pense que mon histoire peut aussi inspirer beaucoup de gens, qui sont aujourd'hui dans un lit d'hôpital, ou qui ne sont pas bien. Elles se diront peut-être, moi aussi à une autre échelle ou avec d'autres objectifs, je peux le faire. C'est très important pour moi de passer ce message-là sur ce Tour. Après toutes ces épreuves, je pense qu'aujourd'hui, je suis une Audrey différente de l'année dernière, une Audrey beaucoup plus forte.

"C'est vraiment mon fil conducteur pour la fin de ma carrière. J'aimerais vraiment arrêter sur ces Jeux olympiques, à Paris."

Audrey Cordon-Ragot

conférence de presse

Nous sommes à un an des Jeux olympiques de Paris. Est-ce l'ultime objectif dans votre carrière ?

Absolument. Il s'agit d'un très gros objectif pour moi. Mais je ne suis pas la seule. Il y a beaucoup de Françaises qui souhaitent y être. Aujourd'hui, on fait partie des cinq meilleures nations mondiales. Ce n'est pas arrivé depuis très longtemps, et les petites jeunes qui arrivent me poussent à être la meilleure version de moi-même. Et pour ça, il faut encore travailler.

D'autant plus que le parcours vous correspond plutôt bien...

Oui. Je vais continuer à travailler comme je le fais maintenant. Je pense qu'il ne faut pas y penser tout de suite, car il y a d'autres belles courses à venir, dont ce Tour de France, et d'autres en début d'année 2024 pour arriver aux Jeux, sereine, avec l'impression d'avoir tout donné et essayer de chercher, pourquoi pas, une médaille.

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