Tour de France femmes 2024 : "surmotivée", Evita Muzic a franchi un cap et vise le podium du classement général

A 25 ans, la coureuse française arrive sur sa troisième Grande Boucle, qui débute lundi à Rotterdam, dans la force de l'âge et portée par un élan prometteur.
Article rédigé par Andréa La Perna - envoyé spécial à Rotterdam
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Evita Muzic, coureuse pour l'équipe française FDJ-Suez. (FDJ-SUEZ)

Battre la reine Demi Vollering dans une arrivée en montagne n'est pas impossible. La preuve : Evita Muzic l'a fait le 3 mai, sur la 6e étape de la Vuelta. Seule à pouvoir suivre le rythme d'enfer de la Néerlandaise, tenante du titre du Tour de France femmes, la Française de 25 ans s'est permis de la battre au sprint au moment de franchir la ligne d'arrivée à Laguna Negra, dans le nord de l'Espagne. "Ça me donnera un peu plus de confiance, parce que je suis parfois trop tendre", avait alors réagi la Française, avec un large sourire et une lueur dans les yeux qui trahissait le fait qu'elle s'était impressionnée elle-même.

Evidemment, la performance a nourri des espoirs en vue du Tour de France femmes où elle était annoncée, dès le début de la saison, comme la future leader de son équipe de toujours, la formation française FDJ-Suez. Trois mois se sont écoulés depuis. La native de Lons-le-Saunier (Jura) a enchaîné plusieurs courses espagnoles, prenant notamment la 2e place du Tour de Burgos, en mai, mais a aussi essuyé une grande déception en voyant que son nom n'avait pas été retenu dans la sélection olympique tricolore pour la course en ligne.

Un cap physique et mental

"J'essaie de voir le positif. Cela m'a permis d'avancer le stage en altitude pour qu'on soit vraiment le plus optimal possible pour le Tour. On a fait le choix de ne pas faire le Giro pour la première fois depuis des années. Mentalement, je vais arriver beaucoup plus fraîche, analysait-elle pour franceinfo: sport à un mois du départ, en pleine préparation à Tignes (Savoie). Etre à Paris, ce n'est pas forcément optimal pour s'entraîner les derniers jours avant le Tour. Au niveau de la préparation pure, ce n'est que du bénéfice."

Ces stages en altitude, points de passage obligatoires pour les meilleurs grimpeurs du peloton masculin, sont une nouveauté introduite par FDJ-Suez en 2024. "J'étais un peu réticente au début, mais j'ai tout de suite vu les résultats sur la Vuelta", a confié Evita Muzic mercredi, au sortir de son deuxième bloc d'entraînement en montagne de la saison. Elle a passé presque trois semaines dans les Alpes, ce qui lui a notamment permis de reconnaître l'Alpe d'Huez, arrivée et juge de paix de cette troisième édition du Tour de France femmes.

"J'ai pris de l'assurance sur le fait que, maintenant, j'ai un statut dans le peloton. J'ai toujours été un peu trop gentille. Maintenant, je prends conscience que j'ai ma place devant et que je ne dois pas la laisser."

Evita Muzic

à franceinfo: sport

Son équipe refuse pour le moment d'établir un objectif chiffré. "Les premières étapes sont très techniques. On peut y perdre le Tour très facilement. L'objectif sera de pousser le plus loin possible Evita dans la performance", prévient Stephen Delcourt, le patron de la formation tricolore. Sur les courses à étapes, Evita Muzic a également la fâcheuse tendance à prendre du retard dans les bordures.

Survivre aux deux premiers jours

"Il y a un objectif de résultat. On peut viser le podium, on peut viser le top 5, mais on peut aussi changer notre fusil d'épaule en fonction de comment les choses se passent. Après les trois premières étapes, on sera capables de dire quelle stratégie on peut mettre en place", précise Flavien Soenen, co-directeur de la performance de l'équipe et entraîneur d'Evita Muzic depuis ses 14 ans. En revanche, l'équipe française ne se fait pas d'illusion : "Il y a quand même un gap entre elle et Demi Vollering. La favorite, il n'y en a qu'une", insiste Stephen Delcourt.

Pour ce qui est du podium, la Française a ses chances, d'autant que Lotte Kopecky, deuxième l'an passé, ne sera pas de la partie. Le forfait d'Elisa Longo Borghini, récente vainqueure du Giro, s'est aussi ajouté à quarante-huit heures du départ. Evita Muzic se battra avec l'autre chance de podium tricolore, sa future coéquipière chez FDJ-Suez Juliette Labous, mais aussi avec Katarzyna Niewiadoma (3e lors des deux précédentes éditions). Attention également aux jeunes premières, Gaia Realini (23 ans) et Neve Bradbury (22 ans), qui pourraient jouer les trouble-fête.

"Evita a quelque chose depuis toute petite : elle gagne tous ses sprints. C’est une gagneuse. Evita peut gagner dès cette année une étape, si on exclut les trois premières journées."

Stephen Delcourt, manager général de FDJ-Suez

à franceinfo: sport

"Cette année, pas mal d'étapes passent dans la région où je suis née et dans ma région adoptive. Dès que j'ai vu le parcours, j'étais surmotivée", apprécie la Franc-Comtoise, ancienne pensionnaire du Vélo Club de Morteau, ville d'arrivée de la 6e étape. Celle qui avait terminé 8e de son premier Tour de France en 2022 sera également animée par un esprit de revanche, un an après son abandon à cause de lésions au périnée, avant même d'avoir l'occasion d'escalader le Tourmalet.

Pour se donner le droit de rêver à un podium final, et donc de se battre avec les meilleures en montagne, elle devra survivre aux quatre premières étapes aux Pays-Bas. En plus de ne pas être sur un terrain favorable à son profil, le tracé urbain y sera piégeux et elle devra limiter la casse sur le contre-la-montre, qui est loin d'être son exercice de prédilection. La première chance de la voir briller est sur l'étape 4 entre Valkenburg (Pays-Bas) et Liège (Belgique), sur un tracé type ardennais qui pourrait lui permettre de faire parler son punch. Et de s'ouvrir des chances au général ?

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