Tour de France 2023 : "Je ne vais pas mentir, j'ai pleuré", l'émotion du peloton après l'abandon de Mark Cavendish pour sa dernière participation
À un saut de chaîne près. Voilà à quoi s'est joué le destin de Mark Cavendish sur le Tour de France. Samedi, le missile de l'île de Man, en tête aux 200 mètres, avait subi un ennui mécanique intempestif qui avait suffi à Jasper Philipsen pour le sauter sur la ligne. Un simple coup d'épée dans l'eau pouvait-on penser.
Car, malgré sa frustration, le "Cav'" ne s'avouait pas vaincu et sa deuxième place laissait augurer qu'il pouvait mettre la balle au fond pour sa dernière participation, dépassant le roi Eddy Merckx (34 victoires d'étape également) d'une unité. Il n'en sera rien. Le missile de poche de l'Union Jack, qui a annoncé sa retraite en fin d'année à 38 ans, a quitté la route du Tour sur chute, samedi 8 juillet. Une chute anodine intervenue en queue de peloton, qui l'a envoyé valdinguer et goûter au macadam à 62 kilomètres de l'arrivée à Limoges.
Ses coéquipiers ont bien pu s'affairer pour le relever, Cavendish s'est immédiatement tenu l'épaule avant d'embarquer dans l'ambulance vers l'hôpital de Périgueux, les yeux rougis par la douleur mais sans doute aussi la tristesse d'une telle sortie. Le Britannique s'est cassé la clavicule a établi un premier bilan médical, quelques heures après sa chute. "Si quelqu'un arrive devant toi et que tu n'es pas totalement concentré, tu peux tomber. Ce genre de choses arrive souvent. C'est très triste que ça arrive à Mark parce que sur ce genre d'étape, il ne se passe jamais rien", a déploré son coéquipier David de la Cruz à l'arrivée.
L'hommage de Pogacar
On ne sait pas encore si cette sortie de route prématurée pourra lui donner envie d'une dernière danse en 2024, mais Mark Cavendish a pour l'instant dit adieu à sa riche histoire avec le Tour, soit 14 participations depuis sa première en juillet 2007, une date où Tadej Pogacar n'avait pas encore 10 ans. "Quand j'ai entendu pendant la course que Mark était tombé, j'étais vraiment très triste. Tout le monde avait envie qu'il gagne une étape. C'était une de mes idoles de jeunesse. Je me rappelle encore lorsque je le regardais à la télévision sprinter avec son maillot HTC sur les Champs-Elysées. Je voulais avoir le même style, les mêmes jambes", s'est remémoré le Slovène à l'arrivée.
Ex-aequo avec Merckx depuis l'édition 2021, où il avait récolté ses quatre derniers sur le Tour à la surprise générale, le "Cav'" était venu cette année arracher cette dernière unité si proche et pourtant si dure à obtenir à un âge où tous les sprinteurs ont normalement décliné depuis longtemps "Depuis le début du Tour, nous savions qu'il pouvait atteindre ce record de 35 victoires. Après la place d'hier, nous étions encore plus confiants pour les futures étapes", ajoute De La Cruz. "C'est un jour tragique pour nous et la course", a résumé son autre coéquipier Gianni Moscon.
Au total, Mark Cavendish restera donc bloqué sur le Tour à 34 bouquets dont six quadruplés, lui octroyant le titre officieux de meilleur sprinteur de l'histoire, puisqu'il en a ajouté 17 sur le Tour d'Italie et trois sur le Tour d'Espagne, pour un total en carrière de 162 victoires. Parmi celles-ci, beaucoup ont été le fruit d'une collaboration étroite avec son poisson-pilote de (presque) toujours, Mark Renshaw. "Je ne pensais que ce serait possible de finir deuxième samedi et qu'il se passe ça pour lui aujourd'hui. C'est dur car nous savions qu'il avait les jambes. J'imagine qu'il est très déçu. Je ne vais pas mentir, j'ai pleuré", s'est désolé celui qui avait rejoint la formation kazakhe pour le Tour en tant qu'entraîneur du sprint.
Dans ce dédale de victoires, le "Manx Missile" a aussi connu beaucoup de déboires. Lors de la 1ere étape du Tour 2014 dans le Yorkshire, il avait dû abandonner après avoir chuté devant la maison de sa mère. Caractériel, insatiable de victoires quitte à en risquer sa vie, comme lorsqu'il avait été tassé par Peter Sagan sur le Tour de France 2017, Cavendish a tout donné pour marquer ses équipes et l'histoire du Tour. "Mark est un des coureurs les plus charismatiques que j'ai connus, et j'en ai rencontré beaucoup", précise De La Cruz. "Ça a été un plaisir de courir avec Mark. On a toujours eu une super relation dans le peloton. C'est tellement triste qu'une légende comme lui termine le Tour comme ça", conclut le vainqueur du jour, Mads Pedersen.
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