: Reportage Tour de France 2024 : du monde, des chants et une belle célébration... Le virage Magic Bardet a vibré pour son coureur dans le Pas de Peyrol
Toute la journée, le Pas de Peyrol a vibré au nom de Romain Bardet. Pour le dernier Tour du coureur français, qui a annoncé peu avant le départ qu'il prendrait sa retraite en juin 2025, ses supporters se sont rassemblés, mercredi 10 juillet, à un kilomètre du sommet du Pas de Peyrol, sur le tracé de la 11e étape entre Evaux-les-Bains (Creuse) et Le Lioran (Cantal), sur les routes d'enfance du héros du jour.
Entre pancartes, chants et fumigènes, le virage Magic Bardet a célébré la carrière du natif de Brioude (Haute-Loire), à une centaine de kilomètres de là. L'idée est née il y a un peu plus de deux semaines, avant le début du Tour, à l'initiative de deux adolescents originaires eux aussi de Brioude, Emma et Louis.
Né et fédéré sur les réseaux sociaux
"On voulait le remercier pour tout ce qu'il a fait. Il nous a fait vibrer devant la télé, dès 7, 8 ans. Maintenant qu'on est grands, on s'est dit qu'on voulait fêter ça. Personne n'avait pris d'initiative, à deux semaines et demie de ça, on s'est dit qu'on allait se lancer. Emma a eu l'idée de faire ça au Pas de Peyrol et on s'est installés là", explique Louis, 16 ans, tee-shirt "Organisation Magic Bardet" sur les épaules dans un coin de virage, alors que l'enceinte lance Dans les yeux d'Emilie.
Les deux amis ont fédéré autour d'eux une petite dizaine d'organisateurs, fait la promotion de leur initiative et rassemblé un maximum d'intéressés sur les réseaux sociaux pour répondre présent le jour J dans "le col mythique du Cantal", selon les locaux.
Beaucoup sont arrivés tôt, voire la veille, pour animer dès le début de la journée, sous une pluie fine, puis les rayons d'un soleil éclatant, le lacet renommé pour l'occasion "virage Magic Bardet", inspiré du virage Pinot de 2023.
Après l'atelier confection de pancartes, la fête et les chants ont été lancés, dans une ambiance de stade de football, entre adaptations de chants du PSG, clapping géant lancé par un capo de circonstance perché dans la montagne, et encouragements pour les cyclistes amateurs dans la montée. "C'est le virage Bardet, c'est le Tour de France, on vient chercher l'ambiance et prendre du plaisir", savoure Johan, 41 ans.
Parmi les centaines de supporters rassemblés le long du mince tracé d'asphalte, perdu dans un océan de verdure, beaucoup d'Auvergnats et leurs tuniques jaunes des rugbymen de l'ASM Clermont ou violettes du Clermont Foot, quelques maillots AG2R La Mondiale, l'équipe qui l'a révélé, et DSM-Firmenich-PostNL, sa formation actuelle.
Mais surtout, une envie partagée de rendre hommage à la carrière de Romain Bardet. "Pour notre génération, ceux qui ont entre 20 et 25 ans, c'est le dernier de ceux qui nous ont fait rêver. On a perdu Thibaut Pinot l'année dernière, Bardet est le dernier. C'est une façon de lui dire au revoir, c'est une partie de notre jeunesse qui s'en va", confie Rémi, venu avec ses amis et un pochoir pour peindre sur la route le portrait du coureur.
Le cordage ne les a pas arrêtés
D'abord désorganisé, le peloton de supporters a ensuite dû se ranger derrière les cordages installés, qui ont provoqué quelques chants "Pas de barrières sur le Tour" pour le passage de la caravane. Mais pas de quoi entamer l'ambiance, déjà chaude à l'arrivée des premiers véhicules. Des "Allez Bardet" fusent devant les voitures UAE Team Emirates, avant un grand cri de joie pour accompagner le véhicule DSM, et des chants devant le convoi Décathlon-AG2R La Mondiale.
A 15h47, le volcan explose enfin. Un grand sourire aux lèvres, Romain Bardet fait son apparition dans le virage, loin derrière les favoris, menés par Remco Evenepoel et passés en tête. Le vainqueur de la 1re étape ralentit le tempo et tend la main pour saluer la foule massée à l'extérieur du virage, bien au-delà du cordage, qui n'a pas tenu longtemps, dans une atmosphère électrique et pleine d'émotion. "C'était incroyable, il a embrassé le drapeau de l'Auvergne, rigole Louis, les yeux légèrement rougis, quelques minutes plus tard. C'était super, je voudrais remercier tout le monde qui a répondu présent."
Avant Bardet, le virage déjà chauffé à blanc s'était enflammé pour le champion de France, Paul Lapeira, qui a lui aussi profité des célébrations, et Guillaume Martin, leader de Cofidis et premier Français au général (23e). Après son passage, le public est resté en place pour encourager notamment Anthony Turgis, puis Arnaud Démare et le gruppetto.
"On est pour les Français, on supportera les Français. Si David Gaudu était passé en tête, on aurait été contents. On est là pour encourager les coureurs."
Louis, organisateur du virage Magic Bardetà franceinfo: sport
Après ces instants d'émotion pure, le calme retombe sur le virage. Un dernier merci aux gendarmes, et la foule se disperse. Une partie vers le sommet, l'autre vers la vallée, avec la promesse de renouveler l'expérience et des souvenirs plein la tête. "Romain, c'est un voisin, je l'ai vu courir à ses débuts (...) Il représente un exemple, il a beaucoup gagné, fait beaucoup de belles choses, savoure Thierry, 63 ans, qui a toujours suivi le Brivadois. Ça clôture de la meilleure manière sa carrière."
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